— Par Jean-Michel Caroit —
Le cadavre d’un jeune Haïtien a été retrouvé mercredi 11 février, pendu à un arbre du parc Ercilia Pepin à Santiago, la deuxième ville de la République dominicaine. La victime, un cireur de chaussures d’une vingtaine d’années, dont la police n’a pu obtenir que le surnom, « Tulile », a été roué de coups et poignardé avant d’être pendu, pieds et poings liés. Ce meurtre a été commis quelques heures après une manifestation anti-haïtienne dans le quartier de Los Ciruelitos, au nord de Santiago. Visage masqué, les manifestants ont brûlé un drapeau haïtien et exigé l’expulsion des migrants venus de la République voisine.
Dix jours plus tôt, quatre journalistes, parmi les plus connus de la télévision dominicaine, ont dénoncé les menaces de mort qu’ils ont reçues d’individus se présentant comme des « patriotes » qui les accusent d’être complices d’un supposé « plan de fusion de Haïti et de la République dominicaine fomenté par la communauté internationale ». Les quatre journalistes, Roberto Cavada, Amelia Deschamps, Juan Bolivar Diaz et Huchi Lora, ont été qualifiés de « traîtres à la patrie » par ces « nationalistes » pour avoir défendu le droit à la citoyenneté de dizaines de milliers de descendants de migrants haïtiens dépouillés de leur nationalité dominicaine par une sentence rétroactive et controversée du tribunal constitutionnel datant de septembre 2013.
« L’objectif de ces menaces de mort est de nous faire taire, non seulement sur le dossier haïtien mais aussi sur d’autres sujets de la vie nationale », dit Juan Bolivar Diaz. « Le principal idéologue de cette campagne de mort et de haine est la Force nationale progressiste », ajoute-t-il. Ce petit parti d’extrême droite allié du gouvernement a fait de la lutte contre « l’haïtianisation » de la République dominicaine son principal cheval de bataille