Autre aspect de la crise humanitaire d’une ampleur sans précédent,que traverse Haïti l’augmentation dramatique du nombre de déplacés internes. Plus de 700.000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont été contraintes de fuir leur foyer, une conséquence directe de la montée en flèche de la violence des gangs et de la précarité croissante des conditions de vie. Selon les derniers rapports de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés a augmenté de 22% depuis juin, illustrant l’aggravation rapide de la situation.
La majorité de ces personnes, environ 75%, se sont réfugiées dans les provinces, avec un afflux particulièrement massif dans la région du Grand Sud, qui héberge 45% des déplacés. Ces déplacements massifs mettent une pression énorme sur les communautés d’accueil, qui, malgré leur résilience admirable, peinent à répondre aux besoins croissants. Les ressources, déjà limitées, sont insuffisantes pour faire face à la demande en nourriture, soins de santé, et services de base.
La situation à Port-au-Prince reste particulièrement préoccupante. La capitale accueille un quart des déplacés, vivant dans des conditions souvent insoutenables. Les gangs armés y règnent en maîtres, contrôlant des portions importantes de la ville et exacerbant les difficultés pour les habitants et les déplacés. Les violences quotidiennes, incluant des meurtres, viols et enlèvements, plongent la population dans un climat de peur constant, aggravant une crise humanitaire déjà quasi permanente.
Face à cette situation alarmante, l’OIM appelle la communauté internationale à renforcer son soutien aux populations déplacées et aux communautés d’accueil. L’organisation continue de fournir une aide essentielle malgré les difficultés d’accès, en collaboration avec des partenaires locaux et internationaux. Cependant, pour que des solutions durables puissent émerger, il est impératif que les efforts humanitaires soient soutenus par des actions concrètes visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays.
Malgré l’arrivée récente de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) menée par le Kenya, la situation sécuritaire reste critique. Les gangs continuent de bloquer les routes nationales, contrôlant une grande partie de Port-au-Prince, rendant la distribution de l’aide humanitaire particulièrement difficile. Haïti, déjà le pays le plus pauvre de la région, se trouve donc à un tournant : soit la communauté internationale intensifie son aide, soit la situation continuera de se détériorer, avec des conséquences catastrophiques pour la population.