Une ordonnance «historique» du tribunal administratif de Cayenne enjoint le rectorat de Guyane et la mairie de Cayenne de scolariser dès que possible dix-huit enfants privés d’école, a expliqué lundi devant la presse à Cayenne, le Réseau éducation sans frontière (RESF). «Cela fait quinze ans que nous dénonçons les moyens insuffisants mis dans l’éducation nationale en Guyane et la justice vient de nous donner raison. Maintenant les familles vont savoir qu’inscrire leurs enfants à l’école est un droit et que c’est une obligation pour les institutions», a déclaré Aurore Goursaud, membre de RESF.
Vendredi, le tribunal administratif de Cayenne a «enjoint» au rectorat de Guyane et à la mairie de Cayenne de «scolariser» dans les trois semaines, dix-huit enfants (de la maternelle au lycée), selon un communiqué du tribunal paru lundi, dans lequel il souligne l’«atteinte grave et manifestement illégale» portée «à une liberté fondamentale». Vingt référés-liberté avaient été déposés en urgence par RESF. Le juge a donné raison à dix-huit d’entre-eux, prononcé un non-lieu et rejeté une demande, selon un avocat des requérants à l’AFP.
Contacté par l’AFP, le rectorat n’a pas répondu.
«Malgré la loi de simplification des services publics, les institutions continuent à complexifier les démarches d’inscription scolaire», reproche RESF.
Taim a 14 ans. Avant la fin du mois, il pourra intégrer un collège à Cayenne après «onze mois» de tentatives infructueuses. Cet adolescent Syrien ne va plus en classe depuis qu’il est arrivé avec sa famille à Cayenne où une demande d’asile a été introduite. Les cas défendus par RESF concernent aussi des jeunes enfants «nés sur le territoire guyanais» ou des élèves qui n’avaient pas été accueillis en classe supérieure au lycée lors de la rentrée scolaire.
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Dans ce territoire classé en zone d’éducation prioritaire renforcé (Rep+), les constructions scolaires ne parviennent pas à suivre la croissance démographique (cinq fois celle de l’Hexagone). Pour le député guyanais Gabriel Serville, les communes rencontrent des «difficultés absolues» pour trouver des places dans les écoles pour «tous les enfants», notamment car elle souffrent de «difficultés budgétaires» à cause d’une «sous-dotation» par l’Etat, a-t-il précisé lundi à la presse.
Chaque année des milliers d’enfants sont privés d’instruction en Guyane. «Les enfants appartenant à des groupes stigmatisés, ou étrangers, ou perçus comme tels sont les plus exposés» à la non-scolarisation, concluait en avril 2019 la Commission nationale consultative des droits de l’homme.
A l’issue de la crise sociale de 2017, l’État s’est engagé à verser 350-400 millions d’euros d’ici 2027 pour les constructions scolaires.
Source : Le Figaro avec AFP