Instauré après le confinement, le couvre-feu a été renforcé avec l’augmentation du nombre de cas, puis allégé, évitant une asphyxie totale de l’économie locale.
A la tombée de la nuit, ils viennent de terminer une partie de football sur un terrain sans éclairage, cité des Ames Claires, un quartier de logements sociaux à Rémire-Montjoly, dans la périphérie de Cayenne. Dawson, Jude et Adrien, des adolescents de 15 à 17 ans, ont encore un peu de temps devant eux. Dans quinze communes guyanaises sur vingt-deux, le couvre-feu commence désormais à minuit pour finir à cinq heures du matin.
Fixée à 23 heures à la suite du déconfinement le 11 mai, cette interdiction de sortir et de circuler (sauf dérogation) avait été avancée à 21 heures le 10 juin, puis à 19 heures le 18 juin et à 17 heures le 25 juin, lors de la première vague de l’épidémie de Covid-19. Le week-end, le couvre-feu avait d’abord été décrété du samedi soir au lundi matin, avant d’être étendu au samedi après-midi. « C’était bien pour limiter le nombre de cas », explique Jude, même si « c’était un peu chiant, car les gendarmes tournaient », ajoute-t-il. « Des fois, ils venaient calmement. Parfois, c’était plus chaud », commente Dawson. Le soir, « il y avait quelques fêtes », raconte l’un des jeunes.
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Les forces de l’ordre ont dressé plus de 13 000 procès-verbaux pour violation du couvre-feu, selon la préfecture. « Au-delà de ces contrôles, il y a eu une bonne adhésion de la population à ces mesures adaptées à l’évolution de l’épidémie », avance le préfet, Marc Del Grande. La consommation de spiritueux sur la voie publique a également été prohibée, de même que la vente d’alcool à emporter à partir de 18 heures, essentiellement dans les libres-services de proximité. « Au début du déconfinement, on avait beaucoup de rassemblements festifs devant ces magasins. La mesure vise à éviter des clusters », justifie le préfet. Ces interdictions sont toujours en vigueur.
« On a choisi une voie médiane, qui a eu un impact »
Territoire français amazonien peuplé de 283 500 habitants, la Guyane est sortie de l’état d’urgence sanitaire le 17 septembre par décret. On y recense jusqu’à présent plus de dix mille cas de coronavirus (dont près de 9 900 guérisons), 69 décès en milieu hospitalier, 14 patients hospitalisés et cinq en réanimation.
D’après une étude mise en ligne le 12 octobre, qui associe notamment l’Institut Pasteur, Santé publique France, le Centre hospitalier de Cayenne, l’Université de Guyane et l’Agence régionale de santé, le couvre-feu a eu un impact significatif au plus fort de l’épidémie, en juin et juillet. « En deux ou trois semaines, il y a eu une baisse de plus de 30 % du taux de reproduction du virus. On est passé de 1,7 à 1,1 », observe le docteur Mathieu Nacher, professeur en épidémiologie au Centre hospitalier de Cayenne, l’un des coauteurs de l’étude…
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