— Par Yves-Léopold Monthieux —
Plus d’habilitations, plus de responsabilité, comme entendu de la bouche d’un sénateur guyanais, ne changeront pas grand chose à l’affaire, les pouvoirs locaux n’ont pas démontré leur aptitude à mieux faire que l’Etat lorsque l’occasion leur est donnée. Et puis, comme le dit un observateur guyanais, personne ne parle d’autonomie ou d’indépendance. Pour sa part, traduisant sans doute l’opinion dominante, un député ne cache pas son impuissance. Il ne voit pas, dit-il, comment les choses peuvent se régler. Donc pas de proposition autre que sectorielle : sécurité d’abord, santé, école, etc… la norme, en quelque sorte. Ce sont les désidératas auxquelles s’ajoutent, comme pour faire couleur locale, des susurrements identitaires.
Evidemment, les Guyanais auront des satisfactions et la grève générale sera levée comme toutes les précédentes. Mais quelles satisfactions et pour combien de temps ? Ils obtiendront des moyens nécessaires pour affronter les difficultés présentes qu’on peut résumer par un gros chèque. La situation de la Guyane ne sera pas réglée pour autant.
Car fondamentalement, (pourquoi se le cacher ?) c’est l’existence d’une Guyane française qui fait problème, en raison de son niveau de vie et de démocratie qui alimente des convoitises au sein des populations voisines, mais que les Guyanais, en tant que citoyens français assumés, entendent conserver, améliorer ou, à tout le moins, ne pas voir se détériorer. Finalement, ces avantages créent une situation artificielle (un bout d’Europe sous l’équateur) et constituent un élément de déstabilisation pour l’environnement naturel, en ce qu’ils brisent l’homogénéité politique et des conditions de vie de la région. Ce n’est pas très différent pour la Martinique et la Guadeloupe, et pour Mayotte davantage que pour la Réunion qui n’a pas de proche environnement à impacter.
Ainsi, il y a une unité dans la région amazonienne à laquelle déroge la Guyane française, comme il y en a une dans la Caraïbe où sont exclues la Martinique et la Guadeloupe. Il y a les pays caribéens, plus deux : deux entités tournées vers l’ailleurs. On a parlé de monstre institutionnel pour désigner ces statuts d’appartenance des territoires français d’outre-mer, ces monstres sont assumés. Mais au-delà des institutions se pose la question des rapports entre les peuples, des contacts entre les populations, des oppositions de cultures.
Bref, en Guyane, tout est vu, entendu et connu. Ne manque que la solution que personne ne semble appréhender ou vouloir envisager.
Fort-de-France, le 27 mars 2017
Yves-Léopold Monthieux