— Par Michaël Hajdenberg —
La Guyane abrite une prison hors de contrôle. Homicides réguliers, tabassages de détenus, mutineries et surveillants en roue libre accusant le directeur de l’établissement de néocolonialisme : Mediapart a eu accès à un rapport d’inspection des services judiciaires qui décrit un cocktail explosif.
Cette prison est une poudrière. À Rémire-Montjoly (Guyane), la violence entre détenus dépasse ce que peuvent connaître les autres établissements de France. En quelques mois, en août et février derniers, deux détenus sont morts, tués par des codétenus.
Mais ce n’est pas tout : le directeur de la prison, qui va être muté, a dû faire face à une mutinerie ainsi qu’aux accusations d’une violence inouïe portées par des surveillants à son encontre, notamment de néocolonialisme. Quant aux relations entre surveillants et détenus, elles sont tantôt empreintes d’une grande violence, dont la justice a été saisie à la suite de tabassages, tantôt marquées par une grande proximité, amicale ou familiale, qui permet toutes les dérives. Mediapart a eu accès à un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires, qui livre un état des lieux dramatique.
Ce rapport de l’inspection, écrit en octobre à la demande de Christiane Taubira, alors ministre de la justice et garde des Sceaux, et dont le site guyaweb a publié des extraits, a débouché sur des conseils de discipline pour plusieurs surveillants, encartés à Force ouvrière (FO). Le dernier s’est tenu le 24 mars : Philippe L. a été sanctionné par une mutation d’office.
Les faits qui lui sont reprochés remontent au 12 juin 2015. Le centre pénitentiaire fait alors face à un mouvement social particulièrement dur, mené par FO, et dirigé contre le directeur, Jean-Philippe Mayol. Dès le premier jour du mouvement, une chanson lui est consacrée et est diffusée par haut-parleur sur le barrage. Des banderoles en français et en créole, installées à l’entrée du centre pénitentiaire, dénoncent le comportement du directeur : « Non à la négrophobie », « Oui au Code civil, non au Code noir », « Mayol dero ! » (« Mayol dehors ! »), « Ici, vous êtes sur les terres du gouverneur Mayol », « Préparez-vous à fructifier le travail de votre maître, le gouverneur du centre pénitentiaire de Guyane Jean-Philippe Mayol »…
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