— Par Syrine Attia —
En Guadeloupe, une association réhabilite le quartier du centre historique de Pointe-à-Pitre depuis plusieurs années, en repeignant les façades des habitations ou encore en créant des jardins partagés. L’objectif : transformer l’image et la vie du quartier.
L’association “Ateliers Odyssée” a lancé l’opération “Pli Bel Lari” en 2014, dans le centre historique de Pointe-à-Pitre. Pour œuvrer à son embellissement, ses membres ont d’abord commencé par repeindre certaines habitations. Les images de façades colorées se succèdent ainsi sur leur page Facebook.
Plusieurs clichés montrent également les bénévoles armés de pinceaux, prenant la pause devant des maisons fraîchement “relookées”.
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“Nos maisons avaient grise mine, alors nous avons décidé de les repeindre”
Sylvie Adélaïde, architecte-urbaniste et plasticienne de formation, est la présidente de l’association. Elle explique comment est né le projet :
En 2014, le quartier a été envahi par la prostitution, la drogue, et il a commencé à régner un fort sentiment d’insécurité. Donc beaucoup d’habitants ne se sont plus du tout reconnus dans cette ambiance.
Comme nous étions très remontés, nous avons organisé une réunion entre voisins et associations, pour chercher une solution face à cela.
Comme nos maisons avaient grise mine, nous avons décidé de les repeindre. Nous avons eu la chance d’avoir le soutien d’un ami peintre professionnel : il a proposé de venir nous former dans un atelier et depuis, ils ne nous a jamais quittés. Puis, après avoir repeint nos maisons, de fil en aiguille, nous sommes passés à celles de nos voisins.
Au départ, les gens étaient un petit peu méfiants : ils ne comprenaient pas pourquoi nous avions décidé de repeindre des maisons gratuitement. Mais par la suite, l’opération a remporté un franc succès. Désormais, nous sommes une quarantaine à travailler sur quatre à cinq chantiers, toutes les deux semaines.
Nous avons reçu beaucoup de volontaires : certains sont venus d’autres coins de la Guadeloupe, et même d’Amérique du Nord. Par exemple, nous avons reçu des Canadiens en stage de réinsertion, mais aussi des étudiants des États-Unis qui souhaitaient se documenter sur notre démarche pour l’intégrer dans leurs cours d’action citoyenne.
Dans le centre, beaucoup de maisons ont un intérêt historique et patrimonial, il faut les conserver, mais beaucoup sont laissées à l’abandon. Cette initiative a donc permis d’en sauver certaines.
“Des dents creuses” transformées en jardins urbains
Puis, nous avons décidé de nous attaquer à ce qu’on appelle “les dents creuses”, c’est-à-dire les terrains à l’abandon. Nous avons nettoyé ces espaces pour en faire des jardins urbains. Nous utilisons beaucoup de matériaux de récupération, des pneus… L’un de nos principaux jardins, un jardin spontané créole, est devenu un lieu vraiment très convivial, qui a permis de créer du lien entre voisins.
Enfin, nous avons demandé à des artistes de venir animer un atelier de street art sur un terrain vague, début août. Grâce à un partenariat avec Al Pacman, un artiste urbain, nous avons réalisé de nombreux travaux dans le quartier. Lui s’occupe des fresques et nous, de la peinture des maisons. »
Désormais, l’association “Ateliers Odyssée” souhaiterait également étendre ses projets à l’ensemble de la ville.
Article écrit par Syrine Attia (@Syrine_Attia)