— Par Dominique Daeschler —
A l’abbaye de Baume les Messieurs,d’où partit le moine Bernon pour fonder Cluny, une biennale internationale consacrée à la gravure, prend ses quartiers de fin d’été et s’étale, hors les murs, dans les médiathèques et les ateliers de graveurs franc-comtois. Habdaphaï dont c’est la huitième exposition dans cette région, y expose lithographies et livres sculptures.
Des premières on retiendra un tracé décidé, une façon de travailler le noir comme une profondeur à atteindre dans la morsure, des seconds, les matières insolites ou sophistiquées.Dignes sur leur tranche, affalés sur le ventre,sur le dos pages en l’air, ces derniers disent toute l’inventivité d’un artiste prolixe qui agace votre imaginaire en vous offrant un travail iconoclaste et raffiné, en quelque sorte cousu main.
Lire ? De la dernière page à la première, à l’endroit, à l’envers , Habdaphaï le facétieux joue avec votre besoin de rationalisation. Certains de ces livres sculptures semblent taillés à la serpe, mêlant au bois la vanité d’un fermoir d’un livre à secrets de petite fille reliés par des bandelettes de tissu pour aller s’alanguir dans des découpes de papier ,cœur fragile, battant au rythme d’un livre accordéon placé en vis à vis. Ne possède pas qui veut l’art du leporello, : ici la démonstration est fulgurante..A contre-pied, une garde sage et chic de livres -couvertures à deux pans affirme avec des incrustations de beige sur fond blanc ou de blanc sur fond noir, une esthétique en rien japonisante. Au milieu d’artistes accrochés à Bâle ou au Moma, Habdaphaï s’impose avec ses livres sculptures. Mûri, cohérent,inventif il poursuit un parcours complice avec de grande institutions culturelles .
Dominique Daeschler