— Par Aude Lorriaux —
Lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, leur taux de mortalité est réduit de moitié, une étude parue dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS)
Aux États-Unis les nourrissons noirs ont deux fois plus de chances de mourir que les nourrissons blancs, et d’autant plus s’ils sont soignés par des médecins blancs. C’est le résultat d’une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 17 août, menée sur des milliers de naissances en Floride.
« Les résultats suggèrent que lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, le taux de mortalité dont ils souffrent est réduit de moitié, par rapport à celui des enfants blancs », indique l’étude.
Raisons multiples
Les chercheurs ont examiné les données concernant 1,8 million de naissances en Floride entre 1992 et 2015. Quand les nourrissons noirs étaient soignés par des médecins blancs, ils avaient trois fois plus de chances de mourir à l’hôpital que les petits enfants blancs.
De précédentes études avaient montré que les enfants noirs américains souffrent d’un taux de mortalité bien plus élevé que les enfants blancs. Une étude des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, la principale agence de santé publique américaine, avait par exemple montré que ce taux est plus de deux fois plus élevé, selon cette étude citée par le Guardian. Les raisons de cette différence sont multiples, entre racisme et facteurs socio-économiques.
Liste de médecins noirs
Outre-Atlantique, la colère des personnes noires touchées par les violences de certains policiers et policières s’est accompagnée d’une discussion autour des inégalités de santé. Le Covid-19 tue quatre fois plus les Noirs et Noires que les Blancs et Blanches.
En France aussi, des débats autour du racisme du corps médical explosent régulièrement. C’est pour contrer ce racisme qu’un compte Twitter actif sur ces sujets, baptisé Globule noir, avait fait circuler une liste de médecins noirs. Une liste qui a suscité de nombreuses réactions de réprobation, mais aussi des messages de soutien.
« Syndrome méditerranéen »
En décembre 2017, une jeune femme noire de 22 ans était décédée après plusieurs appels infructueux au Samu. Une étude parue l’année d’après avait révélé de nombreux cas de moqueries ou propos dégradants après un appel au Samu ou aux urgences. « Un prénom signalant une confession musulmane réduit de 6,5 points les chances d’accéder à une consultation de psychiatre », souligne en octobre 2019 une étude du Défenseur des droits.
Ces discriminations sont perpétuées notamment par ce que l’on a appelé le « syndrome méditerranéen », soit la croyance (fausse) au sein d’une partie du corps médical que certaines personnes d’origine étrangère auraient tendance à « exagérer » leurs symptômes du fait de leur culture.
Source : 20minutes.fr