El Alto (Bolivie) – A 26 ans, Alwa, une jeune Bolivienne, revendique d’être la première rappeuse aymara de son pays, avec l’espoir un jour « de vivre du rap ».
Vêtue de la « pollera« , l’ample jupe traditionnelle bolivienne, et portant le chapeau melon typique sur ses tresses noires, Alwa n’en propose pas moins une « musique rebelle« .
Celle dont le prénom signifie « aube » en langue aymara fait tout juste ses débuts sur scène et a donné récemment son deuxième concert dans l’atrium de la principale université publique de La Paz. Un premier disque doit sortir mi-2022, explique-t-elle à l’AFP.
Née à El Alto, ville jouxtant la capitale La Paz, elle est la première Amérindienne à s’adonner à ce genre musical peu connu dans la société aymara, où prédominent les rythmes mélancoliques.
« Je me fiche que les gens s’enthousiasment pour ma musique / Dis juste à ma mère que la peur ne m’arrêtera pas / Elle ne pourra pas me vaincre / Dis-lui aussi que je vivrai du rap« , dit-elle dans un couplet de sa première chanson.
« Dans mes textes, j’exprime mes sentiments sur les choses, mon opinion sur la situation que nous vivons actuellement, nous avons tous subi des injustices« , explique à l’AFP Alwa, qui préfère ne pas donner son nom complet.
– « Elle est super » –
Même si les Amérindiens représentent près de la moitié de la population bolivienne, une partie de la société continue de mépriser les « cholas« , terme familier qui désigne les femmes indigènes dans le pays.
« Je pense que le rap vient de ça, de ce sentiment de rébellion, de se rebeller contre quelque chose avec lequel on n’est pas d’accord« , dit-elle.
Née dans une famille traditionnelle sans musicien dans son entourage, et encore moins de rappeur, elle étudie la publicité et le marketing à l’université, mais affirme que son « rêve a toujours été de chanter« .
Lors de son concert à l’Université, une cinquantaine de spectateurs s’approchent de la scène, la regardent rapper. Ils lèvent les mains, applaudissent.
« Elle est super, je pense que c’est une artiste spectaculaire, la façon dont elle est, la façon dont elle s’habille« , dit Jesus Choque, un étudiant de 23 ans, qui l’écoute pour la première fois.
« C’est la première fois que je vois une femme en +pollera+ chanter sur une scène, en portant haut le nom de la Bolivie, c’est génial, c’est quelque chose de très beau« , renchérit Carlos Jonas Sirpa.
La jeune femme commence à se faire connaître. Dans la rue, on l’arrête pour prendre des selfies.
« Elle est géniale, je l’ai écoutée pour la première fois au Chili, je pensais qu’elle était péruvienne et en fait elle est bolivienne! Je l’ai vue sur Tiktok, elle est géniale!« .
Modeste, Alwa estime qu’elle doit encore faire du chemin. « Je suis en train de devenir rappeuse, je ne le suis pas encore« .
Source : AFP / La Nouvelle République