— Par Annie Chénieux —
Jean-Pierre Vincent a présenté sa dernière mise en scène à Théâtre en mai, à Dijon. Le festival a mis en vedette la vitalité des jeunes compagnies et les talents de demain.
Benoit Lambert l’avait annoncé à la fin de l’édition dernière, la 26ème édition de Théâtre en mai serait placée, après celui de Pierre Debauche l’an dernier, sous le parrainage d’une autre figure emblématique du théâtre français, et un maître pour lui : Jean-Pierre Vincent. Autant dire un symbole, dans le contexte actuel. Et le débat qui s’est tenu dans le foyer du Grand Théâtre, le dimanche 24 mai, a montré l’énergie, la curiosité et l’éternelle présence de celui qui a débuté au côté de Patrice Chéreau dans les années 60.
Intarissable sur son parcours, de la compagnie Vincent-Jourdheuil au TNS, à la Comédie-Française, les années ont été riches en aventures artistiques, humaines, politiques. S’il pense que « le théâtre doit répondre à l’actualité », il n’est pas pour autant « un art de l’actualité ». Il est « le lieu où les gens se réunissent pour élargir leur idée du monde. » C’est bien de cela dont il s’est agi à Théâtre en mai, rendez-vous essentiel du printemps dijonnais, festival qui crée un dialogue entre les générations et où pas moins de quatorze jeunes compagnies françaises et européennes étaient invitées.
L’humour de Beckett
C’est une première dans le parcours de Jean-Pierre Vincent : monter Beckett. Et sa mise en scène d’En attendant Godot (1) donne à voir et à entendre la pièce sous un prisme nouveau qui s’impose et éclate d’évidence. Avec lui, les clowns métaphysiques ont l’apparence naïve, charnelle de Laurel et Hardy, frères humains en drôlerie. « Tu ne veux pas jouer ? » « Jouer à quoi ? » Tous les jours, au pied de leur arbre, Vladimir et Estragon jouent, en attendant –la vie , la mort…