— Par Christian Antourel —
L’exposition proposée par Tropiques Atrium apparait telle un dispositif multiple, à l’image de la façon dont s’organise et se déploie le travail d’Elodie Barthélémy. « Après plusieurs expérimentations artistiques, elle s’oriente actuellement vers des œuvres performatives qui témoignent de ses rencontres et multiplicités humaines et culturelles dont son œuvre est l’écho. »
Ce travail veut s’offrir au spectateur à la fois pareil à un livre ouvert et comme performance. Cette double forme est représentative de la pratique de l’artiste. La collecte des documents, des informations et des objets, leur mise en relation dans l’espace, que ce soit l’espace réel ou les pages imaginées d’un document imprimé constituant les étapes fondamentales de ce travail, qui interroge les pouvoirs sémantiques et esthétiques du montage au sens large du terme : assemblage, confrontation, hybridation , juxtaposition des agencements sont chez Elodie Barthélémy des dispositifs et des inventions de performance qui reflètent le monde tel qu’il est, contemporain· Loin de toute configuration incohérente, le sens des œuvres d’Elodie Barthélémy suit une logique qui lui est propre, à travers les nombreux entrelacs qui l’enchâssent comme un diamant. Telle une petite musique qui s’entendrait dans le brouhaha tumultueux des tambours. C’est ainsi que se perçoit l’enchevêtrement de liens de toutes sortes qui se tissent entre l’Homme et son environnement humain, animal, végétal. Réifié qu’il est par son rapport aux choses, magnifié qu’il est par son rapport aux êtres. Aux couleurs s’associent ou se télescopent les formes : rouge, bleu, jaune… carré, rond, ou triangle… symboles d’émotions puissantes, magie de l’abstraction lyrique peut-être ,ou d’une « géométrisation formelle,» sans
doute. In fine le travail d’Elodie Barthélémy que l’on peut percevoir dans cette exposition parait éclairant renforçant la cohérence même de sa création. C’est celui d’une attitude qui devient forme qui fait œuvre et nous interroge sur notre capacité à pouvoir encore accepter, tolérer le dépassement de soi dans l’œuvre d’un artiste pour accéder au meilleur, délaissant la notion du chef d’œuvre telle qu’elle était perçue jusqu’alors. Nombre d’œuvres paraissaient aseptisées, sans goût ni odeur, pasteurisées, simplement esthétiquement correctes… Et l’art moderne s’est autorisée le meilleur à l’excès ! L’œuvre d’Elodie Barthelemy nous révèle a quel point l’excellence est aujourd’hui devenue rare. Et si le meilleur était indissociable du dépassement de soi, cela voudrait –il dire qu’il serait, lui aussi de plus en plus rare ? Une fois encore, les pièces présentées prouvent, pour qui en douterait, combien l’examen critique de la modernité est au cœur du projet de l’artiste en réaffirmant la place de la fiction dans la compréhension du monde. Une manière pour elle de sortir du seul champ de l’art et d’investir des non-lieux, d’autres réseaux alternatifs encore non identifiés Avec des effets de déviation, de collision entre lieu et liens de saturation et d’oblitération, Elodie Barthelemy produit des scènes à double fond, mystérieuses et hypnotiques, où s’actualisent les notions de style, de valeur, d’anonymat et d’altérité. Elle nous emmène dans son univers de formes habitées, autour d’un monde pas si globalisé qu’on pourrait le croire, et réinvente un art sans légèreté ni arrogance, fourmillant de caches secrètes.
En pratique !
A Tropiques Atrium
Galerie André Arsenec
Jusq’au 27 mai 2017
« Un lieu en liens »
Une exposition personnelle
D’Elodie Barthélémy
Entrée gratuite
Tél : 05 96 70 79 29.
Christian Antourel