Eia! Jeunesse téméraire !!

Par Yves Untel Pastel

Il faut les voir nos jeunes gens
Gorgés d’une violente espérance !

Il faut les voir, enflammés d’innocente ardeur
On sait bien que la jeunesse croit à tous les possibles !

Il faut les voir transformer l’ombre du chaos persistant
En cette vaste et lumineuse et si folle utopie !

Il faut les voir pour certains, avides d’apprendre
Croyant en leur destin, prêts à prendre la mer !

Matelots de leur rêve navire, hissant la voile au grand mât
Ils ont soif d’aventure, ils ont faim d’avenir.

Et moi qui ai un peu vécu, je voudrais être leur vigie
Hissé sur le rafiot lucide des marins du grand large.

Je voudrais leur montrer la terre bonne à ensemencer,
Leur offrir les premières semences et les gestes primordiaux.

Je voudrais leur livrer le secret du courage,
La leçon de la chute et celle du recommencement.

Car, j’ai vu la tempête et les voilures déchirées.
J’ai vu les horizons voilés et des rêves envolés.

J’ai vu des téméraires hâtifs échoués au bord des routes.
Mais j’ai aussi vu franchir les rugissants, risquer le naufrage.

J’en ai vus, habiles, esquivant les esquifs.
J’en ai vus, cap fixé, parvenus à bon port.

Ô, prometteuse jeunesse !
Il n’est nulle autre terre féconde
Pour accueillir la semence du renouveau,
Nul autre bel augure pour exaucer nos espérances !

ÉIA ! ÉIA ! JEUNESSE TÉMÉRAIRE !
Gerbes libres de toutes chaînes à l’âme
C’est à vous, venant avec la lune nouvelle
Que je destine mon ardente doléance,
À vous encore immaculés et au courage neuf !

Prenez le flambeau des devanciers téméraires.
Revêtez le grand dessein de nos pères immolés.
À nous, ils se sont donnés, à notre bannière gestante
Le rêve n’est toujours pas accompli, il est à accomplir.

Je ne fais plus crédit aux générations mortes.
Voilà que vos tiges combatives percent la glaise ;
Les troncs anciens sont poreux et pourrissants ;
Votre fougue radieuse creuse un franc tunnel.

Les danses nouvelles, hardies et joyeuses
N’émanent point du génie des vieux danseurs.
Les harmonies transcendantes et incandescentes
Ne surgissent point des voix policées et blasées.

Le roulis massif du renouveau pousse l’air ancien.
Les terres tremblent et les lois surannées s’effondrent.
Les énergies montantes sont indociles et impatientes.
L’heure vient ! Une autre ardeur submerge nos berges !

ÉIA ! ÉIA ! ÉIA ! JEUNESSE TÉMÉRAIRE !

Yves Untel Pastel