— Par Jean-Marie Nol —
L’année 2023 sera très pernicieuse pour l’économie de la Martinique et la Guadeloupe car elle est en trompe l’oeil . Commencée sous le signe de la peur de l’inflation, elle s’est terminée avec la peur de la stagflation , c’est-à-dire la hausse des prix et la baisse de la croissance . Et en fin 2024 , ce n’est autre que la déflation qui risque de pointer le bout du nez . Puisqu’on nous répète depuis des décennies que l’inflation c’est mal, la déflation, contraire de l’inflation, devrait être quelque chose de bénéfique. Ce n’est pourtant pas le cas.
Pourquoi l’inflation c’est mal ?
Depuis les années 1970, les politiques économiques ont fait de la lutte contre l’inflation leur priorité. A cette époque, la hausse du prix du pétrole avait causé une hausse des prix, qui avait entraîné une hausse des salaires, causant une nouvelle hausse des prix. C’était la fameuse spirale inflationniste dont Jean-Claude Trichet et la BCE ont très sérieusement craint le retour pas plus tard qu’en avril dernier, comme je l’expliquais à l’époque des premières alertes sur la dégradation de la situation financière de la Martinique et de la Guadeloupe.
La première raison de lutter contre l’inflation, c’est celle-là : dans certains cas, l’inflation fait boule de neige, les prix s’accroissent toujours plus comme c’est le cas aujourd’hui aux Antilles françaises .
Une autre raison de lutter contre l’inflation, c’est la préservation du pouvoir d’achat, notamment des personnes aux revenus les plus modestes. En situation d’inflation, les prix augmentent toujours plus vite que les salaires (« les prix prennent l’ascenseur, tandis que les salaires prennent l’escalier »). L’inflation diminue le pouvoir d’achat.
L’inflation est également néfaste parce qu’elle gêne le calcul économique des agents. Comme les prix changent tout le temps, il est difficile de connaître la valeur réelle des choses. C’est particulièrement gênant pour ceux dont le comportement aujourd’hui est fonction de ce qui va se passer demain, comme les entrepreneurs : difficile de procéder à un investissement si vous ne pouvez pas anticiper le niveau futur de vos coûts de production, et de vos prix de vente.
Enfin, on peut penser que l’inflation est néfaste à l’épargne. Lorsque les prix augmentent fortement, il est moins intéressant d’épargner puisque les intérêts qui seront perçus peuvent être inférieurs à la hausse des prix. Dans ce cas, le pouvoir d’achat de l’argent épargné diminue, au lieu d’augmenter. Mais cet effet n’est pas certain : face à la hausse des prix qui réduit leur pouvoir d’achat, les ménages peuvent décider d’épargner plus. Et, en effet, on constate que les taux d’épargne en France étaient plus élevés durant les périodes de forte inflation qu’aujourd’hui (mais cela peut être du à un ensemble de causes)….( Sources magazine alternative économique )
N’en déplaise aux indécrottables économistes Cassandre qui voient toujours l’avenir en rose ,aujourd’hui les faits sont patents, à savoir que les ménages n’arrivent plus à boucler les fins de mois (1 Guadeloupéens sur 3 est déjà à découvert le 15 du mois ) et beaucoup d’entreprises et artisans sont en passe de baisser le rideau faute de perspectives d’activités.
Aujourd’hui, mon regard sur l’économie de la Guadeloupe et de la Martinique est encore plus sombre, car la conjoncture économique très compliquée en France haxagonale est trouble et incertaine . En effet , la manipulation de l’information économique connaît un summum actuellement, et c’est le règne inextangible de la Fake news qui donne le là dans le domaine politique et économique dans le monde .
Inflation, déflation, stagflation… Dans la cacophonie actuelle du débat économique, qui voit s’échafauder sans cesse de nouveaux scénarios catastrophes, notamment climatique avec la transition énergétique et écologique , il importe pour moi de poser les éléments du débat et de revenir aux faits que j’ai précédemment analysé depuis déjà une décennie .
Les analyses dans mes nombreux articles de presse sur les mécanismes contradictoires de formation des prix et les logiques profondes actuellement à l’oeuvre, demeurent plus que jamais d’actualité. Du poids ignoré de la décroissance de la démographie aux évolutions des marchés de l’énergie ou des prix alimentaires, du ressenti de l’inflation par les populations aux hésitations des politiques monétaires, j’ai précédemment dessiné les contours d’une économie en mutation, avec la cinquième révolution industrielle de l’intelligence artificielle et de la transition énergétique et écologique, qui semble sur le point de basculer dans un nouveau paradigme.
Dans ce contexte qui mêle tensions inflationnistes et déflationnistes, faut-il faire de la prospective raisonnable connaissant les bouleversements géopolitiques actuellement en cours dans le monde ?
Comment sortir sans trop de dégâts du quantitative easing et de la hausse des taux directeurs de la BCE pour lutter contre l’inflation sans entraîner un nouveau cycle récessif ? Peut-on vivre indéfiniment dans le surendettement , et quid de la question occultée à dessein de la dette publique de la France ?( plus de 3000 milliards d’euros ) .
Les regards croisés des meilleurs économistes donnent actuellement des éléments de réponse, ouvrant ainsi la voie à une véritable prise de conscience des élites sur une paupérisation généralisée de la classe moyenne aux Antilles.
Mais le véritable danger pour l’économie de la Guadeloupe et de la Martinique s’avère être la hausse du dollar et la baisse de l’Euro. Le dollar poursuivait sa progression ce mardi 26 septembre 2023 , et a enregistré des sommets de plusieurs mois face à de nombreuses devises, propulsé par une banque centrale américaine (Fed) toujours offensive, une économie résiliente et une flambée des taux obligataires.
Pourquoi la baisse de l’Euro est un danger pour l’économie de la Guadeloupe et Martinique.
Tout simplement , parce que ces derniers jours c’est la hausse durable des prix de l’énergie et en particulier du pétrole qui impacte les prévisions des banques centrales à commencer par la FED et la BCE les deux plus importantes au monde.
Cette inflation des coûts du carburant , de l’électricité , du gaz et de l’énergie plus durable va avoir des conséquences directes sur nos vies, notre pouvoir d’achat, nos emplois ou encore nos économies et notre épargne.
Ici, encore une fois, aucune vérité absolue, mais des pistes de réflexion pour prendre de la hauteur et anticiper ce qui pourrait arriver pour protéger,les plus fragiles , vous, et ceux de votre famille , ceux qui sont importants à vos yeux. Reste que malheureusement , il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous à contrer le processus d’appauvrissement généralisé de la population des Antilles en augmentant votre épargne de précaution et en continuant de consommer au meilleur prix et faire attention aux fausses promotions qui se généralisent dans tous les magasins de Guadeloupe et Martinique : c’est là un dangereux leurre ( sous marque à obsolescence raide et baisse des contenus de produits dans les emballages) !
A notre sens, Les entreprises de Martinique et Guadeloupe pour contrer les faillites en cascade doivent sensiblement augmenter leurs stocks et procéder à un crédit classique de financement des stocks sur 5 ans minimum , et ne recourir en aucun cas au découvert bancaire. Pour les entreprises endettées et n’ayant pas de fonds de roulement ,il faut qu’elles demandent immédiatement à leurs banquiers une restructuration de l’encours de crédit à court terme en crédit à moyen et long terme de 7 à 10 ans . Il n’est plus possible de recourir au découvert bancaire pour financer les projets d’investissements légers et surtout les stocks . En cas de non respect de cette règle d’or, c’est la faillite assurée des entreprises..
D’ailleurs, j’ai demandé au préfet Samuel de faire savoir à monsieur le Président Chalus de procéder immédiatement à des coupes drastiques de toutes les subventions aux entreprises zombies qui sont légions aux Antilles du fait de l’absence de fonds propres …
Quand-même, faudrait bien que le personnel politique entende un jour raison garder et préparer l’avenir beaucoup plus sérieusement et sans démagogie politicienne …
» Un optimiste sait qu’il n’est pas à l’abri des tempêtes, mais il est convaincu qu’aucune ne pourra le submerger. «
C’est là une profonde erreur d’analyse du personnel politique de la Guadeloupe qui pratique à souhait la politique de l’autruche .
Le pessimisme n’est autre que le produit de l’expérience, Il suffit de constater la réalité, d’être attentif au mouvement du monde pour conclure à l’évidence que le pire est toujours certain.
C’est bien cette philosophie qui doit guider l’action future des chefs d’entreprises et des ménages antillais. Relisez les philosophes grecs dont surtout Aristote et aussi Sénèque.
“Je suis pessimiste par l’intelligence mais optimiste par la volonté.” “Un pessimiste c’est un type qui a vécu trop longtemps avec des optimistes.” “A la fin le pessimiste aura peut-être raison mais l’optimiste aura mieux vécu.” “Le véritable pessimiste devient encore plus triste d’avoir toujours raison.”
Jean Marie Nol diplômé en économie et droit , management et gestion des collectivités locales.