— Par Myrna Nerovique —
Il ne serait jamais avec moi, peut-être . C’était un homme distingué. J’étais pire qu’une roturière.
Celle dont on se moquait tout le temps. La risée de tout un quartier, ou d’une ville entière.
Et, je l’admirais en silence, ce beau métropolitain que je ne pourrai jamais avoir et qui n’appartenait plus qu’à mon passé…
Il vivait à Paris. Je résidais à Fort-de-France.
Mon plus beau rêve aurait été qu’il m’épouse dans une vallée de roses et de pétunias. Je savais que je pouvais toujours aller me rendormir. Il se faisait tard et je n’étais plus une aussi belle jeune femme.
Il était beau à en crever et je pleurnichais le soir, en pensant aux nuits torrides que nous aurions pu avoir au bord de l’eau, sous une plage de sable fin ; ses cris étouffant les miens.
Une brune le draguait constamment. Seulement, moi, chabine aux yeux noirs, j’exhibais toujours ma belle chevelure crépue au vent, qui retombait sur ma belle poitrine dénudée, couverte d’un débardeur jaunâtre réhaussant quelques-unes de mes formes hasardeuses, quand je sentais son regard posé sur moi et quand il rendait visite à ma tante Syllindra, une connaissance à lui.
Oserais-je ? Je ne savais point. L’obscurité gagnait peu à peu l’épicerie. Ce soir-là, j’esquissais un regard de folie. Il y vit du désir. Je ne sais point. Il attendit que ma tante s’en aille. Je devais fermer à neuf heures. Il y vit quelque chose. Je ne sais point, chers lecteurs.
Tout ce que je me souviens, c’est que ce soir-là, je ne fus plus du tout la même jeune fille. Et, je sens toujours ses mains sur mon corps, à chaque fois, que je le regarde dans les yeux…
Ce soir-là, je suis devenue la plus belle jeune femme, d’une île toute fleurie…
Myrna NEROVIQUE