— Par Florent Grabin , président de l’association écologique « Pour Une Martinique Autrement » —
L’EAU, ce vaste sujet… Nous reviendrons vers vous avec plusieurs articles. L’Eau est une ressource naturelle dont la gestion est l’objet de forts enjeux géopolitiques. Depuis le 1er janvier 2017, les communautés d’agglomération, dans le cadre de la loi NOTRE, ont récupéré la compétence Eau potable et assainissement sur l’ensemble de leur territoire, entraînant en Martinique la dissolution des anciens syndicats (SICSM, SCNA et SCCNO). Dans ces conditions, la gestion de l’EAU est de la compétence : de la CTM premier producteur, des EPCI : Cap-Nord, Espace Sud, CACEM.
Comme nous pouvons le constater, c’est une gestion 100 % MARTINIQUAISE. Cela relève exclusivement de leur ressort au titre de la libre administration des collectivités prévue par l’article 72 de la Constitution. Les services de l’État n’interviennent que pour : Le contrôle du respect de la légalité par la DEAL, et l’ARS pour le contrôle de la qualité ; à ce propos nous avons toujours mis en doute les résultats d’analyses de cette dernière qui a toujours refusé de prendre en compte le cocktail de pesticides se trouvant au robinet du consommateur, ce qui nous autorise à dire qu’il y a un mensonge scientifique par omission.
Depuis ce changement, qui au passage, n’a pas supprimé la très mauvaise gestion politique du passé de nos élus, toutes tendances confondues, qui réclamaient à cor et à cri plus de pouvoir. Force est de constater que depuis plus de 7 ans cette compétence EAU les dépasse et pour tenter de justifier cette insuffisance notoire, il a été trouvé le dernier gadget : ‘’l’assemblée unique de l’Eau.’’
Concernant cette assemblée unique de l’Eau, nous avons toujours émis les plus expresses réserves sur le bienfondé de cette entité, nous continuons à soutenir que nous ne sommes pas encore suffisamment matures pour conduire à bon port ce géant administratif. Les exemples en la matière sont là pour attester nos propos, il suffit de voir comment fonctionnent les gestions de : la CTM, le Transport, les Déchets et autres satellites de ces instances. Le manque de courage politique cache l’inévitable augmentation du prix de l’Eau pour réaliser tous ces retards de travaux, sans oublier la transposition des conflits administratifs que nous connaissons actuellement à la CTM dont les graves conséquences financières ont ruiné de très nombreuses entreprises. La guerre larvée entre les différents services, dont certains agissent en potentat sur le personnel qui veut travailler pour l’intérêt général, donc avec l’Eau, des milliers de foyers seront inévitablement privés d’EAU.
Comment comprendre que l’on soit incapable d’anticiper la raréfaction de l’Eau dans certaines Rivières en période de Carême ? Pourquoi nos dirigeants n’ont-ils jamais procédé au curage de nos Rivières afin de récupérer les bassins naturels qui existaient dans ces dernières ? Pourquoi réagir uniquement en période de crise ?
En donnant une réponse à ces questions sur le terrain, on aurait anticipé en partie sur les pénuries actuelles d’une part, puis en remplaçant les canalisations de transport, tout en augmentant le nombre des réservoirs et leur volume, le consommateur n’aurait pas été la grande victime de cette pénurie d’Eau, d’autre part.
Depuis les travaux d’Alphonse JEAN-JOSEPH qui a mené en 1946 un titanesque travail pour conduire cette eau dans toute la Martinique, nous avons perdu le bon sens du bon gestionnaire. Ces canalisations sont toujours en place et connaissent une dégradation qui donne de nombreuses fuites, casses, arrêts de distribution, etc., du simple fait que les programmes d’entretien sont sous-planifiés par nos administratifs sous le contrôle de nos élus. La mauvaise gestion des différents EPCI a conduit à d’importants travaux de redressement financier, entraînant par là même l’absence d’investissements sur les réseaux, ou des faibles moyens pour tenter de rattraper ces retards d’entretiens. Aussi pour financer ces travaux, pourquoi ne pas mettre en place un Partenariat Public Privé (PPP) à l’instar de ce qui avait été fait pour le TCSP ?
Nous, PUMA, avons toujours mis en garde nos élus sur le risque encouru par la dégradation du réseau de transport de l’Eau et de sa qualité, il nous a toujours été objecté que les résultats d’analyses de l’ARS sont conformes à la réglementation, ce que nous avons en permanence refusé d’accepter ; c’est ainsi qu’un cadre de l’ARS, lors de son audition devant la Commission d’enquête parlementaire conduite par Serge LETCHIMY a, sous-serment, avoué avoir signalé à son administration la présence de résidus de Chlordécone dans l’eau du robinet et qu’il lui avait été intimé l’ordre de ne pas rendre publique cette information. Curieusement c’est toujours quand ils sont à la retraite que ces agents de l’État deviennent très bavards, espérons que le tout prochain départ ne vienne nous révéler le pire.
Nous rappelons que la CTM est propriétaire de l’Usine de production d’eau de Vivé au Lorrain, que le manque d’anticipation de l’ancienne majorité sur les travaux d’entretien de cette usine, fait que l’actuel Président de cette collectivité se retrouve face à une triste réalité de baisse de production, au moment où la demande est plus importante : prévue pour produire 24 000 m3/j elle ne peut fournir actuellement que 19 000 m3/j. Actuellement malgré les différents accords entre l’Espace Sud et la CACEM, malgré l’abandon par la SARA de prise de 23 m3/j pour la production de l’essence de nos véhicules, ODYSSI ne parvient pas à satisfaire la demande de sa clientèle, elle perd plus de 40% de son volume produit dans les fuites.
Dans le même temps, nous avons perdu l’agrément de l’analyse de l’eau pour le Laboratoire Territorial d’Analyse (LTA) qui faisait sur place les analyses de l’Eau que nous buvons, et de toute la production alimentaire, là encore nous avons été victimes du manque de vigilance et d’anticipation, ce qui fait que les analyses de l’Eau et autres aliments se font à VALENCE.
Les conséquences sanitaires sont connues, documentées scientifiquement, tout apport d’air dans le réseau oxyde les polluants se trouvant dans le biofilm chimique logé dans l’interface des tuyaux, les effets sont différés dans le temps. Ce cocktail de pesticides agit en combinaison sur la formation de différents cancers et autres pathologies chroniques.
Une fois de plus, une fois de trop, les bavards ignares viennent polluer ce débat que nous avons lancé avec les scientifiques qui nous accompagnent, afin de faire face à ce scandale sanitaire, économique, social, éthique et juridique. De par leur silence, nos élus toutes tendances confondues participent à un empoisonnement diffus de la population.
Mesdames et Messieurs les Élus, il est temps de se ressaisir, en accompagnant le Président de la CTM et en rappelant au personnel d’encadrement que vous avez un devoir de retrouver une Eau en volume suffisant et de bonne qualité pour protéger la population des maladies. Autrement dit afin d’éviter l’irréversible, autrement nous serons contraints de solliciter l’Etat Français pour reprendre la main sur la gestion de l’EAU, Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN