— Florent Grabin, président de l’Association écologique P.U.M.A. —
L’Eau est un constituant biologique important, essentiel pour tous les organismes vivants. Compte tenu de son caractère vital, de son importance dans l’économie et de son inégale répartition sur Terre, l’Eau est une ressource naturelle dont la gestion est l’objet de forts enjeux géopolitiques.
Les grandes villes de France ont entrepris la réalisation de leurs réseaux de distribution d’eau sous pression en 1860-1890, grâce aux tuyaux en fonte que les usines de Pont à Mousson se sont mises à produire. Chez nous, dès 1865, la ville de Saint-Pierre s’est approvisionnée de 400 tonnes de tuyaux afin de capter sur les flancs de la Pelée, à la source Morestin, pour mettre l’eau sous pression à domicile des Pierrotins. Fort-de-France captait en 1856 l’eau de la rivière Absalon et alimentait ainsi par un canal à ciel ouvert la fontaine Gueydon, dont la cascade en marches d’escalier était conçue pour assurer au mieux une stérilisation par aération et exposition aux ultraviolets, ce qui n’empêcha pas de fréquentes épidémies…
C’est à partir de 1946 que furent construites les usines de traitement actuelles et le réseau de distribution d’eau sous pression, Alphonse JEAN-JOSEPH a mené un titanesque travail pour conduire cette eau dans toute la Martinique. Depuis, ces canalisations sont toujours en place et connaissent une dégradation qui donne de nombreuses fuites, casses, arrêts de distribution, etc. du simple fait que les programmes d’entretien sont sous-planifiés par nos élus.
Nous, PUMA, avons toujours mis en garde nos élus sur le risque encouru par la dégradation du réseau de transport de l’Eau et de sa qualité, il nous a toujours été objecté que les résultats d’analyses de l’ARS sont conformes à la réglementation, ce que nous avons en permanence refusé d’accepter ; c’est ainsi qu’un cadre de l’ARS, lors de son audition devant la Commission d’enquête a, sous-serment avoué la présence depuis 10 ans, de résidus de la Chlordécone dans l’eau du robinet. Curieusement c’est toujours quand ils sont à la retraite que ces agents de l’État deviennent très bavards, gageons que le tout prochain départ ne vienne nous révéler le pire.
Nous rappelons que c’est la CTM qui est propriétaire de l’Usine de production d’eau de Vivé au Lorrain, et que nous avons alerté par courriers le Président de cette collectivité, ainsi que Monsieur le Préfet de la Région Martinique sur le risque sanitaire encouru par la population, du fait de la non-réparation du déboîtement de la principale canalisation à Séguineau au Lorrain ; cet accident ne permet pas le passage des 14 000 m3/jour sur une production de 37 000 m3/jour de l’Usine, d’où une arrivée massive d’air dans le réseau qui dégrade le biofilm de résidus chimiques se trouvant à l’interface des tuyaux.
De par leur silence, nos élus toutes tendances confondues, participent à un empoisonnement diffus de la population. Ils sont tous informés de la situation et ont tout pouvoir pour rétablir la réparation de Séguineau qui ne coûte que 380 000 € pour 83 m de raccordement, aucune voix ne s’est élevée contre le pouvoir exécutif de la CTM qui va entreprendre des travaux sur 2 km environ pour plus de 5 millions d’euros et pour encore trois ans minimum, ce qui fera 13 ans pour cette importante réparation.
Les conséquences sanitaires sont connues scientifiquement, tout apport d’air dans le réseau, oxyde les polluants chimiques se trouvant dans les tuyaux, les effets sont différés dans le temps.
Une fois de plus, une fois de trop, les bavards ignares viennent polluer ce débat que nous avons lancé avec les scientifiques qui nous accompagnent, afin de faire face à ce scandale sanitaire, économique, social, éthique et juridique.
Mesdames et Messieurs les Élus, il est temps de se ressaisir, en rappelant au Président de la CTM que vous avez un devoir de retrouver une Eau en volume suffisant et de bonne qualité pour protéger la population des maladies, Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN