D’un continent à l’autre, la musique au cœur, et pour changer le monde !

Hélas, je prends connaissance un peu tard de cette opportunité offerte : découvrir d’autres musiques africaines, et réentendre cet hymne, Indépendance Cha‑Cha, que nous avons pu découvrir, ou redécouvrir selon notre âge, en octobre dans le spectacle Congo jazz band, donné à Tropiques-Atrium-Scène Nationale. Un hymne que le journal Le Monde présente ainsi : « Dans les années 60, alors que la plupart des pays d’Afrique noire francophone entraient les uns après les autres dans l’ère des Soleils des indépendances, on entendait en boucle Joseph Kabasele, alias Grand Kallé, qui entonnait les paroles d’Indépendance cha-cha. Qu’est-ce qu’une révolution si elle ne se fait pas en chantant ? ». Vous pouvez entendre ici la chanson dans sa version initiale !

Néanmoins, il nous reste encore quelques dates en décembre, et retenons ce site, Pam, et la page Facebook, qui nous informent sur un monde musical trop peu connu du grand public européen, occidental…

Afrique : Le  festival Africolor : « Sous le soleil des indépendances « 

À retrouver aussi sur sa page Facebook.

Chaque mardi à 21h, et ce jusqu’au 15 décembre, PAM se branche en direct au festival Africolor pour suivre l’histoire des Indépendances africaines, une série en six épisodes, de Vladimir Cagnolari :

« Mais l’indépendance, qu’est-ce que ça voulait dire il y a soixante ans ? Ce spectacle revient sur ces années de basculement, dans la tête et les mots des personnalités qui en furent les emblèmes et qu’on a appelés « Pères de la Nation ». La Nation justement, comment la faire exister quand on a hérité d’États dont les frontières ont été tracées par d’autres ? Comment entrer dans le fameux concert des mêmes nations sans jouer la partition que les anciens colonisateurs continuent de dicter ? Comment échapper à la guerre froide, aux sécessions, aux pressions des pays voisins ou de ceux plus lointains ? Comment enfin, exister par et pour soi-même, et oser s’inventer un avenir sans autre modèle que celui qu’on se donne ? Autant de questions qui s’imposèrent à tous ceux qui, de Kwame Nkrumah à Houphouët-Boigny en passant par Modibo Keita ou Patrice Lumumba, arrivèrent les premiers aux responsabilités. Chacun tenta d’y répondre à sa manière, avec des fortunes diverses, et des destins contrastés. Laissons-les revenir, le temps d’un spectacle, et se raconter. Ils ont pour seul cortège un musicien-chanteur de confiance, qui interprète les airs qui – de leur vivant les ont fait rire, danser, espérer ou pleurer. Car les musiques furent indissociables de cet élan vers la liberté. Elles ont le pouvoir de le ramener à la surface, et avec lui la trace des émotions qui lui sont attachées. Indépendances Cha Cha est une visite dans les couloirs du temps, durant laquelle les spectateurs traversent une galerie dont les portraits s’animent. »

Et cette année, pas moins de dix-sept pays d’Afrique subsaharienne, dont quatorze anciennes colonies françaises, fêtent leurs 60 ans d’indépendance. Une commémoration passée inaperçue en France, mais que le festival Africolor tient à célébrer dignement, en plaçant son édition sous le « Soleil des Indépendances » – pour reprendre l’expression de l’écrivain Amadou Kourouma. En commençant par le spectacle musical Indépendances cha-cha, écrit et mis en scène par Vladimir Cagnolari (rédacteur en chef de PAM)… Ainsi se succèderont, à partir du 17 novembre, chaque mardi en direct et en streaming, les Pères de l’indépendance, Sekou Touré, Kwame Nkrumah, L.S. Senghor & Modibo Keita, Patrice Lumumba et Félix Houphouët-Boigny, interprétés par un comédien accompagné d’un musicien, pour entamer le dialogue sur les airs emblématiques de cette époque. Chacune de ces figures sortira des plis de l’histoire pour nous raconter, de son point de vue, l’époque fondatrice dont elle fut – avec les musiques – l’actrice principale. Musique et politique étant intimement liés en Afrique, cet itinéraire musical autour de parcours individuels raconte l’histoire collective d’un peuple, et permet de comprendre comment ces moments-clés ont noué les relations actuelles avec les “anciennes” colonies.

Le voyage sonore débute en Guinée avec le président Sékou Touré incarné par Emil Abossolo Mbo et accompagné en musique par Fousseiny Fakoly Doumbia. Le leader guinéen viendra raconter la marche vers l’indépendance et expliquer pourquoi son peuple a voté Non au référendum proposé par De Gaulle. La pièce reviendra aussi sur les conséquences de ce refus dans la politique française, qui décide alors de couper tous les ponts avec la Guinée, et de pratiquer une sorte de politique de la « terre brûlée », dévastant chaque parcelle de terrain qu’elle évacue avec une violence armée à peine croyable.

Le 15 nous terminerons en Côte d’Ivoire avec Houphouët-Boigny. L’humanité manque parfois de mots et de courage pour décrire de manière juste la démolition d’un peuple ou d’une terre, mais les paroles quasi prophétiques d’un humain ou d’une musique sont là pour nous rappeler la réalité, celle d’un passé qu’il est impossible d’oublier. »

Décembre:   La série des Indépendances Cha‑Cha en direct. Les rendez-vous sont sur africolor.com et sur la page Facebook de PAM

•1/12 – 21H Indépendances cha-cha Sénégal (Senghor) et Mali (Modibo Keita)

•8/12 – 21H  Indépendances Cha Cha Congo : Lumumba, une comète dans le ciel des indépendances

•15/12 – 21H Indépendances cha-cha Côte d’Ivoire : Houphouët-Boigny, prophète en son pays 

Et deux autres propositions :

5/12 – 21H Praktika en live set à Abdijan

10/12 – 21H Abdoulaye Nderguet

P.S: De Vladimir Cagnolari, qui avec Soro Solo animait sur France Inter la belle émission « l’Afrique enchantée », on peut découvrir aussi La valse des Indépendances.

 

Afrique-Maghreb : Guedra Guedra كدرة كدرة , par‑delà les frontières du Sahara

Depuis son studio de Casablanca, le DJ et producteur construit un monde utopique sur un premier album au titre évocateur, Vexillology, un terme désignant l’étude des drapeaux.

Le premier album de Guedra Guedra fait tomber les frontières en reconnectant le Maghreb à l’Afrique subsaharienne grâce à sa musique aux confins de l’hybride et de l’organique. Depuis son studio de Casablanca, Guedra Guedra, Abdellah M.Hassak de son vrai nom, imagine une musique électronique imprégnée des sons tribaux traditionnels du désert dans la lignée de son EP Son of Sun sorti au printemps dernier. Une manière de rappeler qu’il y a un demi-siècle, les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest n’étaient pas ceux tracés de manière irrationnelle lors de l’époque coloniale.

La culture du Sahara partage des rythmes et des chants que l’on retrouve aussi bien au Maroc, en Algérie, qu’en Mauritanie, au Mali et au Sénégal. Pour preuve, il n’y a qu’à prendre le pseudonyme d’Abdellah : Guedra Guedra, ce double mot fait référence « à la fois à la danse des femmes nomades du désert et en même temps, à une marmite qui sert à faire la cuisine, aussi utilisée comme percussion », avait-il expliqué lors de son interview pour PAM en avril dernier. Le Sahara a son nouvel étendard, il s’appelle Guedra Guedra كدرة كدرة.

Vexillology sera disponible à partir du 21 février via le label On the Corner.

 

Amérique-Brésil : place à la nouveauté et à la jeunesse avec Caravela : un mélange enivrant de rythmes afro‑brésiliens et de jazz

Le groupe afro-brésilien basé à Londres présente A Macieira, single extrait d’un premier album à venir.

Après leur premier EP éponyme en 2017, Caravela revient au fourneau avec son mélange de rythmes afro-brésiliens et de jazz londonien contemporain imprégné de textures psychédéliques alléchantes. En témoignent les saveurs du single A Macieira, basé sur une ligne de guitare accrocheuse et funky, de fortes percussions, une batterie syncopée et l’incroyable voix d’Inês Loubet Franco, s’élevant au-dessus du groupe pour enchanter des thèmes folkloriques sur la maturité et l’innocence avec les yeux d’une vieille femme aussi forte et stable qu’un vieux pommier.

Les paroles en portugais de l’album abordent cartes sur table les questions sociales et environnementales du Brésil et du Cap-Vert. Les percussions hypnotiques et pleines de groove soutiennent les propos en renouant avec les influences afro-brésiliennes du groupe, sur des rythmes de musique candomblé pratiquée à Bahia, ou avec le tropicalisme de Gilberto Gil et Caetano Veloso – qui fut la révolution musicale et culturelle du Brésil de la fin des années 60. On retrouve aussi quelques éléments électroniques plus sombres qui rappellent Radiohead ou encore l’ère électrique de Miles Davis et Herbie Hancock, bien que les rythmes africains et brésiliens ainsi que l’approche jazzy restent au cœur de l’écriture si singulière du groupe.

L’album Orla sortira le 26 février prochain via None More Records.

Fort-de-France, le 3 décembre 2020