— Par Pauline Fréour —
Écrite par Julie Dachez et illustrée par mademoiselle Caroline, fait passer de façon divertissante beaucoup de connaissances sur l’autisme.
Talons-talons-talons, bruit-bruit-bruit, musique-et-encore-la-musique. En rouge sang, les mots dansant en travers des vignettes crient au lecteur le calvaire de Marguerite. Pour une autiste, le bruit est une invasion permanente, harassante. Mais autiste, Marguerite ignore encore l’être au début de cette formidable bande dessinée autobiographique, écrite par Julie Dachez (dans la vraie vie) et illustrée par mademoiselle Caroline.
«J’avais envie de partager mon histoire, mais pas sous forme d’un énième témoignage. La bande dessinée est un support idéal parce qu’il donne corps au propos et permet de s’immerger dans le ressenti d’une personne autiste», explique Julie Dachez.
«Coup de pied aux fesses»
Le travail des teintes dans La Différence invisible est particulièrement réussi. Quand Marguerite est enfin diagnostiquée «neuroatypique» à près de 30 ans, sa vie prend de la couleur. Littéralement. Sur les pages, le gris du mal-être et le rouge agressif se noient dans une palette éclatante de jaune soleil et de vert prairie. «Le diagnostic d’autisme Asperger a été libérateur. J’ai pu enfin faire la paix avec moi-même, trouver ma place, rencontrer une communauté de pairs», confie l’auteur.
Pendant toute la première partie de sa vie, Marguerite-Julie s’est forcée à s’adapter aux autres. En participant (maladroitement) aux bavardages qui l’ennuient – à quoi bon «parler de rien»? En accompagnant son amoureux à des soirées qui l’oppressent. Devant son goût pour les activités routinières, sa cousine lui conseille de se «mettre un coup de pied aux fesses». Marguerite essaie. Échoue. Ses bourdes – ses collègues «parlent chiffon», elle va leur en chercher un près de l’évier – en disent long sur l’inconfort quotidien des autistes qui s’ignorent.
Récit pédagogique
Mais l’ignorance est aussi tapie chez les autres:…
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