Que faire de la statue de Joséphine ? Une histoire à rebondissements !
Lors des réaménagements du Jardin de la Savane en 1974, au centre-ville de Fort-de-France, l’administration municipale d’Aimé Césaire déplace la statue sur la bordure ouest du parc, au bord de la rue de la Liberté, sans son large socle de granit et sa grille ouvragée. Ce déplacement permet de rendre la statue moins visible et vient répondre au ressentiment d’une partie de la population.
En septembre 1991, la statue est décapitée par un commando anonyme, reprochant à Joséphine de Beauharnais, première épouse de l’Empereur Napoléon Ier, son rôle dans le rétablissement de l’esclavage en 1802. La statue n’ayant jamais retrouvé sa tête, est depuis laissée en l’état.
En 2017, 26 ans plus tard, un des membres du dit commando raconte cet épisode : « Enlever la tête de Joséphine fut très simple » ; le 23 août de cette année-là, le MIR (Mouvement International pour les Réparations) manifeste pour revendiquer le retrait pur et simple des deux statues présentes, place de la Savane : celle de Joséphine ainsi que celle de Pierre Belain d’Esnambuc, l’homme ayant pris possession de la Martinique au nom de Louis XIII en 1635.
La statue de Joséphine et son socle ont été inscrits au titre des monuments historiques le 31 décembre 1992.
Mais régulièrement, la statue à la tête sectionnée est la cible des mécontents, qui tantôt la parent d’inscriptions contestataires, tantôt la badigeonnent de peinture rouge censée figurer le sang sous la guillotine, lui accrochent un gilet jaune au bras ou encore l’entourent de flammes…
Et ce 24 juillet 2020, avec Didier Laguerre
Un communiqué paraît ce jour dans le journal France Antilles
Didier Laguerre dit « non » à l’ultimatum sur les statues… Les militants, à l’origine de cet ultimatum, ont fixé le rendez-vous à 9 h 30, ce dimanche 26 juillet, à la Savane, pour « achever la décolonisation de nos espaces ».
Didier Laguerre affirme quant à lui : « Il n’est pas question que je réponde à l’injonction de qui que ce soit ».
Dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux cette semaine, plusieurs membres du collectif « Rouge-Vert-Noir », ont mis en demeure le maire de Fort-de-France de « déboulonner » la statue de Joséphine de Beauharnais qui se trouve sur la Savane. Un ultimatum qui expire ce dimanche 26 juillet…
La réponse de Didier Laguerre, maire de Fort-de-France, ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié ce vendredi 24 juillet, il indique d’emblée : « C’est avec étonnement que j’ai vu circuler sur les réseaux sociaux une vidéo d’un groupe de personnes sommant la Ville de Fort-de-France d’enlever la statue de Joséphine de Beauharnais, ainsi qu’une invitation à un déboulonnage collectif le 26 juillet prochain. Si je comprends l’impatience, eu égard à l’actualité pour le moins difficile que nous sommes en train de vivre, j’accepte beaucoup moins le calendrier que certains veulent imposer au Conseil municipal de Fort-de-France ».
Pris à partie, la semaine dernière, par d’autres militants de ce même collectif, Didier Laguerre avait appelé à « davantage de respect » et choisi la carte de l’apaisement et du dialogue. L’installation officielle lundi dernier, 20 juillet, de la Commission « Mémoire et Transmission » étant sa réponse à la question d’actualité brûlante qui remue la société martiniquaise, celle de la représentation de notre mémoire et de notre patrimoine. Les dénominations de rues et le choix des statues étant son corollaire.
Sans surprise, Didier Laguerre poursuit ainsi dans son communiqué : « J’entends le cri de cette jeunesse ; j’entends la colère face aux injustices auxquelles elle est confrontée, je perçois le cri de celles et ceux qui se sentent agressés dans leur âme, dans leur être, mais aujourd’hui, j’ai du mal à entrevoir ce que veulent certains ! Le chaos ? Le désordre pour notre pays ? Aujourd’hui, il n’est pas question que je réponde à l’injonction de qui que ce soit. J’ai déjà démontré ma volonté de dialoguer, d’écouter et de construire tous ensemble, dans la plus large concertation. Je demeure un homme épris de démocratie, respectueux des droits humains et de la règle, un progressiste ». Et il conclut, par cette promesse : « Je saurai prendre mes responsabilités à chaque fois que des destructions seront opérées dans l’espace public de la Ville dont j’ai l’honneur d’assurer les fonctions de premier magistrat ».