Pour une maternité plus sûre : défis, disparités et solutions »
— Par Sarha Fauré —
Le rapport sur la mortalité maternelle en France pour la période 2016-2018 met en lumière une réalité troublante : malgré les avancées médicales, une femme enceinte ou une jeune mère décède tous les quatre jours d’une cause liée à la grossesse, à l’accouchement ou à ses suites. Avec 272 décès maternels enregistrés sur cette période, soit environ 90 décès par an, des questions cruciales se posent quant à la sécurité et à l’équité des soins obstétricaux dans le pays.
L’analyse des données révèle des disparités importantes, amplifiant les défis déjà existants. L’âge des femmes, leur origine géographique, leur statut socio-économique et leur indice de masse corporelle (IMC) sont autant de facteurs influant sur le risque de mortalité maternelle. Les femmes plus âgées, celles nées hors de France, celles appartenant à des milieux socio-économiques défavorisés et celles souffrant d’obésité sont particulièrement exposées à ce risque, malgré les efforts déployés pour réduire les inégalités de santé.
Les disparités régionales ajoutent une dimension supplémentaire à ce tableau complexe. Si l’Île-de-France était autrefois distinguée par un taux de mortalité maternelle plus élevé, cette tendance s’est désormais étendue à d’autres régions telles que les Hauts-de-France et PACA. Ces variations régionales soulignent l’importance d’adapter les politiques de santé à chaque contexte local pour garantir un accès équitable aux soins obstétricaux de qualité. En outre, les Départements et Régions d’Outre-Mer (DROM) sont confrontés à des défis spécifiques en matière de santé maternelle, avec des taux de mortalité maternelle nettement plus élevés que dans l’Hexagone, bien que ces taux aient été réduits de moitié par rapport aux périodes précédentes.
Une tendance préoccupante émerge également concernant les causes de décès maternel. Le suicide maternel et les troubles psychiatriques associés deviennent la première cause de mortalité maternelle, suivis de près par les maladies cardiovasculaires. Cette réalité souligne l’urgence d’une prise en charge holistique de la santé mentale des femmes enceintes et des jeunes mères, ainsi que d’une surveillance accrue des facteurs de risque cardiovasculaire pendant la grossesse et le post-partum.
Bien que des progrès significatifs aient été réalisés dans la réduction de la mortalité maternelle liée à l’hémorragie obstétricale, cette cause de décès reste une préoccupation majeure. La stabilité du taux de mortalité lié à cette complication met en évidence la nécessité continue d’interventions visant à prévenir et à gérer efficacement les hémorragies obstétricales évitables.
Environ 60% des décès maternels sont considérés comme potentiellement évitables, soulignant l’importance cruciale de renforcer les efforts de prévention et d’améliorer la qualité des soins obstétricaux et postnataux. Des recommandations spécifiques sont proposées pour améliorer la prise en charge des urgences obstétricales, notamment par le biais de la formation en échographie de débrouillage au lit du malade et de la simulation en équipe pour les situations d’urgence.
En conclusion, le rapport souligne l’urgence d’une approche globale et intégrée de la santé maternelle en France, prenant en compte les déterminants sociaux, économiques et comportementaux de la santé. Seul un engagement soutenu en faveur de ces objectifs permettra de progresser vers l’élimination de la mortalité maternelle évitable et d’offrir à chaque femme la possibilité de vivre une expérience de maternité sûre et positive, quel que soit le lieu où elle se trouve sur le territoire français.