— Le n° 329 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Écoutez-les : ils célèbrent Noël, fête de la paix. Ils proclament les « racines judéo-chrétiennes de la France ». Ils chantent les louanges de l’amour du prochain. Ils portent aux nues l’universel. Ils encensent « le dialogue », seule méthode « civilisée » pour régler les conflits. Ils défendent comme la prunelle de leurs yeux l’innocence des enfants. Ils sont les grands protecteurs de « LA » femme contre « l’islamisme ». Ce sont les parangons de « l’amitié entre les peuples », du droit international, de la liberté de la presse, de la vie des embryons ou des personnes désirant achever librement leur vie dans la dignité.
Mais regardez leurs actes : ils assistent sans broncher à un génocide qui laisse sous les décombres les enfants, les malades, les vieillards, et en réalité tous les civils. Ils s’assoient sans vergogne sur le droit humanitaire et les décisions de l’ONU. Ils jettent un voile pudique sur les dizaines de journalistes sacrifiés dans l’exercice de leur mission, sur les hôpitaux, les écoles, les centres de culture et de vie bombardés à l’aveugle.
Que tout cela soit fait au nom de la religion; et bien entendu de religions qui prônent officiellement le contraire, ne leur pose aucun problème.
Et qu’en pense le pape François ?
Qu’en pense l’évêque Macaire ?
Ces gens de droite vont sous peu se pencher, attendris, sur la crèche de « l’enfant Jésus », prophète d’une religion qui proclame officiellement l’accueil des étrangers comme un principe cardinal, mais ils éructent des cris de joie pour avoir voté, main dans la main, une loi dont le but avoué est de rendre la vie dure aux étrangers, même quand ils ont besoin de leur travail pour la survie de leur société !
Ils jettent les femmes dans la précarité et les accusent de ne pas « tenir » des enfants que leur propre système pousse aux pires dérives.
Ils affichent des doctrines basées sur l’union et la concorde, mais organisent la division, la haine de l’autre, la lutte de tous contre tous. Ils se gargarisent des mots « aide », « coopération », mais pillent sans vergogne tout ce qu’on ne met pas à l’abri de leur rapacité.
Dans leurs médias, ils font couler un verbiage sirupeux sur « la charité », « la solidarité », l’aide aux pauvres, mais ils laissent périr des milliers d’humains dans le cimetière de la Méditerranée, et le froid des trottoirs hexagonaux. Ils sont débordants d’amour pour « les Ultramarins », mais après nous avoir empoisonnés pendant un demi-siècle, ils chipotent sur les réparations comme ils n’auraient jamais fait chez eux. Ils pestent contre le prétendu envahissement de leur territoire et le prétendu « grand remplacement », mais ils organisent la recolonisation de peuplement chez nous.
Après toutes les mesures qu’ils ont prises contre les chômeurs, contre les étrangers, contre les retraité-e-s, contre les dotations aux collectivités, contre le financement des services publics indispensables aux plus faibles, ils vont s’accorder quelques congés. La vie chère qui esquinte celles et ceux d’en–bas, ne va pas les empêcher de s’empiffrer avant de venir nous souhaiter avec le cynisme vulgaire qui les caractérisent : bonne année 2024 !
C’est pas ce qui nous empêchera de leur répondre : Allez au diable ! C’est contre vous, toutes nuances mêlées, que nous nous organisons pour résister.
Que 2024 nous donne seulement la lucidité et la force nécessaires.
Solidarité Palestine : arès la mobiisation du 3 décembre…
Appeler à un rassemblement un 23 décembre dans le pays des chanté nwel (qui est aussi celui des bravo vaval bravo, des manjé krab lapannkot ek lendi pak, des Mercury beach et autres liminé latousen..), il fallait ne pas craindre les quolibets des nombreux /ses commentateurs qui, devant leurs télés, distribuent après coup, bons et mauvais points ! Il fallait surtout ne pas pouvoir rester en place quand on massacre à Gaza ou en Cisjordanie sans qu’aucune grande puissance ne lève le petit doigt pour arrêter le bras assassin d’un État sioniste aux mains d’un enragé sans vergogne, ni humanité.
La petite centaine de personnes réunies sur la place de l’enregistrement à Fort-de-France a, une nouvelle fois, tenu à clamer son indignation et réclamer un cessez-le-feu. La veille, le Conseil de sécurité de l‘ONU avait refusé d’aller dans ce sens, avec les complicités parallèles des USA… et de la Russie.
Une aide humanitaire massive, mais sans exiger de cessez-le-feu ! Les camions de l’aide vont alors s’aventurer sous le déluge de feu qui tue des enfants, des malades, des soignants, des journalistes et même « par erreur » des Israéliens en panique ? …
Réclamer l’arrêt immédiat des bombardements est la revendication la plus urgente, la plus indispensable. Le mouvement Martinique-Palestine Solidarité, dans lequel nos camarades militent, l’a donc répété samedi avec l’aide d’artistes, de poètes, d’écrivain·e·s engagé·e·s comme Nicole Cage, Marcel Sellaye, Louis Cayol, Gabriel Luce, José Alpha, Daniel Boukman et bien sûr Widad Amra, écrivaine martiniquaise-palestinienne, engagée depuis le début, et jusqu’au cou dans la solidarité.
C’est peu de dire que l’angoisse ne nous quitte pas sur la suite d’une tragédie dont nul ne connaît la fin, après des dizaines d’années de vols de terres par les colons et de tripatouillages territoriaux par l’État sioniste. On mesure bien l’impossibilité de définir des solutions catégoriques sûres. L’idéal d’un État unique sur tout le territoire palestinien avec éradication de l’apartheid actuel, égalité de toutes les composantes, réparation réelle des abominations commises, paraît si difficile à concevoir aujourd’hui ! La « solution à deux États » prônée comme un moindre mal est–elle aussi réaliste qu’elle paraît après des dizaines d’années de tripatouillages ? Pour penser des solutions, les inventer dans la vraie vie, on voit bien la nécessité d’une gauche israélienne digne de ce nom, seule capable de casser le consensus mortifère du sionisme colonialiste. On comprend bien qu’il faudra le surgissement d’une nouvelle direction palestinienne, loin de la corruption et des compromissions des faillis, mais loin aussi de l’idéologie et des méthodes totalement condamnables du Hamas. Bien évidemment, ces tâches relèvent des actrices et acteurs qui se battent héroïquement dans d’horribles conditions sur le terrain.
À l’extérieur, notre rôle est de tout faire contre le génocide en cours, par une pression maximum sur les États pouvant l’imposer, de démultiplier l’effort pédagogique d’information et d’explication. L’aide idéologique sans doute la plus forte que nous pouvons apporter est la dénonciation sans relâche de la théorie de la guerre des civilisations, des religions, des ethnies, qui obscurcit les consciences, trompe dangereusement de larges secteurs populaires, fait le jeu de nos pire ennemis et tente de nous transformer en otages idiots de la version la plus abjecte du nationalisme.
Dans un monde où les spectres montrent leurs faces hideuses en France, aux USA, en Argentine, au Brésil, en Italie, en Hongrie etc, il n’y a guère de tâches plus urgentes.