— Par Samuel Laurent et Alexandre Léchenet —
C’est la « preuve » de « l’invasion » des immigrés, brandie par l’extrême droite dans un nombre croissant de discours. On la retrouve citée sur des sites, des blogs, d’innombrables commentaires ou messages sur les réseaux sociaux : le dépistage de la drépanocytose, une maladie génétique qui touche particulièrement certaines populations issues de l’Outre-Mer, d’Afrique ou du Maghreb, est instrumentalisé par certains militants extrémistes.
Cette maladie génétique, l’une des plus fréquentes en France et dans le monde, consiste en une anomalie de la structure de l’hémoglobine. Elle a des conséquences graves : anémies, infections bactériennes, accidents vasculaires occlusifs. On compte 12 000 malades en France, et on recense environ 400 cas parmi les nourrissons chaque année⋅
Depuis plus d’une décennie, elle fait l’objet d’un dépistage chez les nouveaux-nés français⋅ Mais la maladie se rencontrant plus fréquemment chez les populations originaires d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, des Antilles, d’Inde ou du sud de l’Europe (Grèce et Italie), ce sont les nourrissons issus de familles originaires de ces zones qui sont testés⋅
Comme pour nombre d’autres maladies, il existe toute une série de statistiques détaillées, notamment sur le nombre de nouveaux-nés testés par département français⋅ Et, en l’absence de statistiques ethniques, les militants d’extrême droite se sont donc emparés de ces chiffres pour alimenter leur thèse centrale : le « grand remplacement » des populations « allogènes » par celles issues de l’immigration.
Lire :
Le fantasme du « grand remplacement »
Les militants identitaires publient donc régulièrement des cartes supposées montrer, avec les dépistages de nouveaux-nés à cette maladie, l’ampleur du « grand remplacement ». Mais, comme bien souvent, tout ceci est erroné.