« Le Vin, l’Art et Vous, cave-galerie à Ducos du 8 au 31 mars 2017 »
— Par Dégé —
Personne ne reste indifférent devant le travail de Michèle ARRETCHE. Ne serait-ce que parce qu’elle s’inscrit dans l’air du temps et en épouse toutes les controverses esthétiques. Ainsi son affiliation picturale inclut Cy TWOMBLY, Yayoi KUSAMA auxquels elle fait souvent référence et peut-être allégeance pour certains comme Gerhard RICHTER, Olivier DEBRE. Indéniablement son frère en peinture en ce moment est le Trinidadien Peter DOIG.
Ce qui interpelle en premier, c’est sa palette de couleurs flamboyantes : vertigineusement verticale, disposée en couloirs de bleus, de verts, de noirs ou violets, à tonalités virulentes, à peine atténuées par des roses, des mauves…qui restent viriles. La force et éclats des tropiques rendus par un nombre restreint pourtant à trois ou quatre couleurs, à valeur symbolique, sélectionnées initialement pour l’atmosphère qui s’en exhalera. Le noir et le blanc structurant l’ambiance souhaitée.
La traînée multicolore de peinture acrylique s’étale donc en précipité qui stoppe en un « zig zag » tout aussi contrôlé qui montre la maîtrise que la peintre a de sa technique à l’instar de celle d’un de ses mentors, G. RICHTER. Grâce à elle, Michèle ARRETCHE dirige avec assurance les masses colorées choisies au départ, non sans avoir installé sur sa toile des obstacles (sable, collage, incrustations…) qui donnent toute ses chances au hasard !
Dés lors, c’est avec lui qu’elle jouera. D’abord en laissant fusionner, le temps du séchage, les bords de ses franges colorées. Ensuite en les auscultant, pour détecter les images enfouies dans le fond de toile obtenu et celles qui sortiront de son imagination.
Le surgissement, pour ne pas dire l’accouchement, ne se fera pas sans que la matière ne soit raclée, grattée, rayée, griffée…on l’entendrait presque crier ! Cri repoussoir, d’appel, de défense ? Car nous sommes ici dans le romantisme le plus surprenant, entre la grandiloquence et le lyrisme ! Un Nouveau Baroque…
Dans le paysage abstrait, grandiose, qui vient de naître, à l’aide d’un pinceau noir, elle fera surgir nombres de formes qu’elle remplira ou non de couleurs et qui seront sa mythologie personnelle. Ils participent au changement d’échelle particulièrement spectaculaire. Parmi tous ses lutins et autres trolls, elle favorise particulièrement dans la série Paysages Nocturnes dont nous parlons, des ou un personnage et son vélo, une maison.
Attachons-nous au cycliste en premier. Car il est aisé pour le spectateur de s’identifier à lui. Le voilà pied à terre qui contemple… mais quoi ? Un rideau, un mur, une chute, une falaise de couleurs ? Un aboutissement, une fin, un avenir bouché ? Est-ce vraiment un obstacle incontournable, image d’un monde chaotique, désespérant, hors duquel le vélo proposerait une fuite salutaire ? Et la maison un refuge ?
Les réponses seront rêveries personnelles…On ignore le combat fondamental de l’artiste.
Mais une nouveauté symbolique survient dans ses derniers tableaux : des cercles, des trous, des sortes de fenêtres qui percent la cataracte de couleurs. Pour l’instant, l’ouverture est encore « bouchée » par des collages, portraits ou textes, qui nous laissent espérer qu’un jour un récit plus intime sera révélé.
Deuxième forte représentation de son imagier : la maison. Plus exactement la case ou l’habitation antillaise. Il faudrait pouvoir prélever, dans l’ensemble de sa production, les centaines de bâtis pour constater combien elles sont variées et originales. Elle les pioche partout au hasard de ses randonnées photographiques, dans les magasines, internet et les reconstruit, les re-décore…Sans doute peut-on y retrouver un atavisme familial, on le voit dans la construction de ses tableaux, elle partage avec son père une passion pour l’architecture. Elle aime à citer P. Doig : « Je n’ai jamais inventé les bâtiments que j’ai peints, d’autres les ont inventés pour moi ».
La luxuriance verticale, tropicale, des paysages derniers est mouchetée de petites taches blanches qui modernisent autant qu’elles patinent (tel un miroir ancien) son travail. Une nouvelle série de questions en surviennent que nous vous invitons à découvrir lors de l’exposition à
« Le Vin, l’Art et Vous, cave-galerie à Ducos du 8 au 31 mars 2017 »