— Le n°257 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
« Avoir peur… Révélations… Secrets…Tabou… Cataclysme… Mensonges mortels… Catastrophe inéluctable… » Il faut surmonter la méfiance instinctive créée par cette avalanche racoleuse et lire la vingtaine de pages du dossier d’Eddy Marajo dans BUSINESS NEWS de juillet-aout 2022.
En cette ouverture de période cyclonique, l’auteur souligne opportunément que, parmi les 12 risques naturels et biologiques majeurs listés par les experts mandatés par les États de la Caraïbe, les principaux dangers menaçant notre zone sont plutôt dans la trilogie : séismes-volcans-tsunamis.
Les tsunamis sont les moins présents dans les craintes populaires, quoique liés aux deux précédents. Et pourtant, ils ne sont pas les moindres. Les cyclones n’ont jamais détruit la totalité d’une ville de notre région. Les volcans en ont anéanti deux ! Les géologues répètent depuis un certain temps, que nous devons nous attendre à de méga séismes plus terribles que celui qui a mis par terre Haïti, en laissant 300 000 de ses enfants sous les décombres. Ils savent et disent aussi, qu’une bonne vingtaine de volcans actifs nous menacent, parmi lesquels des volcans sous-marins, dont deux au large de Grenade et Sainte-Lucie, et un pas très loin de… Schœlcher.
Séismes et volcans peuvent, soit par dénivellation directe des masses d’eau, soit par effondrement dans l’océan d’énormes volumes de terre ou de glace, provoquer des tsunamis géants, atteignant nos côtes en quelques dizaines de minutes ou en huit jours, dans le cas d’un volcan de l’archipel des Canaries. Signalons que lors des travaux souterrains pour la construction de la cour d’appel de Fort-de-France, on avait trouvé du sable porté par le tsunami consécutif au fameux tremblement de terre de Lisbonne de 1755. Le dossier cite aussi les 3000 victimes en Jamaïque d’un tsunami né d’un tremblement de terre aux environs de Puerto Rico en 1692.
L’intérêt de ces évocations dont nous ne donnons ici que quelques exemples, est de pointer du doigt les tâches gigantesques découlant normalement de ces prévisions.
C’est sans ménagement qu’Eddy Marajo met en cause, l’État et les Politiques, non sans une furtive allusion aux entrepreneurs privés, reprise d’un rapport officiel.
Entre le document des experts de la Caraïbe en 2000 et aujourd’hui, rien n’a guère évolué sur les principaux manquements de la politique des États face à ces risques : problèmes dans l’organisation de la chaîne de commandement, insuffisance des moyens financiers, absence d’évaluation des coûts financiers des catastrophes, absence de plan de retour à la normale, insuffisance d’éducation de la population face à ces risques.
L’auteur va plus loin, en accusant les autorités de minimiser voire de nier la réalité des risques. De fait, non seulement les sommes prévues dans les budgets de l’État ne sont pas engagées, mais elles sont de plus revues à la baisse. On nage en plein cynisme. Une comparaison entre la mobilisation de fonds pour l’alerte aux tsunamis dans la Méditerranée, et celle que l’on constate dans la Caraïbe « française » est cruellement éclairante.
Des estimations prévoient qu’un séisme de magnitude supérieure à 7 — encore qu’aucune indication ne soit donnée sur les éventuels épicentres et profondeurs— ferait entre 10.000 et 80.000 morts, le problème central devenant alors celui de… l’évacuation des survivant-e-s ! Où est le plan face à une telle problématique ?
L’article met aussi en cause la faible réaction face au regain de l’activité de la Pelée ; l’alerte jaune étant « pour les scientifiques » (en ont-ils vraiment besoin ?), et pas « pour la population » … De peur qu’elle n’interroge sur un possible plan d’évacuation ? Ces propos du Préfet font évidemment penser plus à … l’imminence de son départ, qu’à celle d’une éventuelle catastrophe !
Il est temps que la population se mêle d’une question qui, selon toute probabilité, n’est pas pour les générations futures ! L’urgence c’est que les peuples de la Caraïbe combinent tous leurs actions sur leurs autorités respectives avec une pression commune sur les grandes puissances qui ont les moyens de faire face. Évidemment, ce n’est pas la logique du profit et la morale du capitalisme, qui les conduiront à quoi que ce soit. Seuls les peuples conscients, debout, peuvent imposer que la vie, malgré les dangers ou à cause d’eux, passe avant les profits.
Bonnes vacances quand même pour celles et ceux qui en prennent !
Salaires, Prix et Profits (suite)
Sans surprise, les pistes pour faire face à l’appauvrissement des couches populaires, et même des classes moyennes, sont à l’inverse de ce que la Macronie croit pouvoir imposer.
Les débats au Parlement ont montré que la résistance dans la rue, reste le moyen cardinal de ne pas subir. La grande question est : que sera la rentrée sociale après les mauvais coups des derniers jours. Il est certain que le refus d’une augmentation significative du SMIC (refus partagé par les droites et l’extrême-droite), n’est pas compensé par les chèques dérisoires disant alléger le sort des plus faibles, ni par les grosses primes annuelles très aléatoires que l’on fait miroiter aux salariés.
Au contraire. Ces primes soumises au bon vouloir des patrons, seront une carotte, pour accepter sans broncher les salaires de misère, pour redoubler de zèle au travail avec la quasi-certitude, si on est lucide, de ne rien toucher comme prime « parce que les résultats ne le permettent pas ».
Les rares qui par chance en bénéficieraient, permettront en fait involontairement à l’actionnaire de faire des économies, puisque ces primes sont hors cotisations sociales. Ainsi le grand patronat, bénéficiant déjà de dégrèvement d’impôts, s’arroge ce nouveau cadeau perçu au détriment de la sécurité sociale, donc du monde du travail. Les petits chèques de l’État remplissent au fond la même fonction : on prend sur le budget de l’État, pour aider le grand patronat à contenir les hausses indispensables de salaires et de minimas sociaux. Les députés de la France insoumise ont largement agité la menace que le peuple ne se décide à prendre dans la rue, ce qu’on lui refuse au Parlement.
C’est bien de cela qu’il s’agit maintenant. Mais la réalisation de cette promesse, suppose que le mouvement syndical de lutte s’empare avec cohésion de cette question. C’est une nécessité en France. Ça l’est encore plus ici. Le tout c’est que « ici » ne se contente pas d’attendre des consignes de « là-bas », mais prenne unitairement ses responsabilités. À suivre, donc.