— Par Gilbert Pago —
Une série de 3 articles de 2minutes 30 de Guadeloupe la première au journal télévisé ont porté à la connaissance du public une affaire resté bien enfouie depuis 50 ans ; le crash le 3 décembre 1969 d’un vol Air France venant du Vénézuéla. Martinique la première n’a passé que l’émission concernant la Martinique le 9 juin dernier, ce qui ne permettait pas de comprendre tout l’enjeu de cette affreuse tragédie.
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Ce jour du 3 décembre 1969, 62 passagers et personnel d’équipage, venant du Chili, transitant au Vénézuela pour se rendre à Pointe à Pitre, meurent en mer. Il avait été doucement dit à l’époque que tout cela paraissait trouble mais les dénégations n’étaient restées finalement qu’à ce seul stade. Quand on reprenait la liste des passagers, il n’y avait pas de personnalités attirant l’attention médiatique. On y relevait cependant deux membres des partis communistes : l’un secrétaire général du PC Guadeloupéen (Évremond Gène), l’autre membre de la direction du PC Martiniquais (Dolor Banidol, ex ouvrier agricole, petit planteur et syndicaliste). Deux partis absolument hostiles à l’indépendance des Antilles francophones et opposés au guévarisme né de la révolution cubaine.
Le drame ne cessait cependant de tourmenter les parents des victimes ( dont ceux aussi du personnel de bord) qui re-collationnaient les traces des éléments qu’on leur donnait ou qui leur revenaient au fil des années. D’abord Air France a envoyé un télégramme aux familles des pilotes décédées en parlant d’une explosion à bord en plein vol. Quelques mois plus tard, Air France a parlé d’une erreur de pilotage, ce qui revenait à mettre en cause l’équipage. Enfin surtout, on mit devant les demandes des enfants des victimes, le dossier en secret défense, ce qui ramène cette affaire à ne pouvoir être connue qu’après le 3 décembre 2029, soit 60 ans plus tard. Mais la persévérance s’est maintenue chez certains d’entre eux, dont un pilote expérimenté d’Air France et syndicaliste qui ne satisfaisait point de la mise en cause de ses collègues du vol AF du 3 décembre 1969 Santiago-Lima-Caracas-Pointe à Pitre-Paris.
Quelques années plus tard, une fuite du dossier défense permit de savoir que l’enquête avait établi qu’il y avait eu pose de bombes sous certains sièges. En 1969, Nixon était président des U.S.A, à 3 mois de l’élection possible de Salvador Allende (ami de Fidel Castro) au Chili. Il était donc possible que le voyage de ces deux communistes, invités à un congrès au Chili, ait pu être le motif de l’explosion. Le gouvernement Pompidou permit de mettre le dossier et l’avancée de l’investigation en secret-défense.
D’autres éléments ont fuité et permettent aujourd’hui d’exiger la levée de ce secret défense qui a tout l’aspect d’un affreux crime. L’ancien secrétaire général du PC Martiniquais, déclare qu’il lui avait été demandé (tout comme au représentant du PCF) de ne pas se rendre à ce voyage pour raison de sécurité. Pourquoi Gène de la Guadeloupe ne l’a pas imité, pourquoi avoir pensé qu’il n’y avait pas danger pour Banidol ? La demande de la levée du secret défense, la nécessité de connaître toute la vérité, le deuil des onze enfants de Banidol et de celui de toutes les victimes méritent que nous joignons nos voix aux leurs.
Gilbert Pago.