Didier Raoult publie un nouvel ouvrage : « La science est un sport de combat », dans lequel il nous livre sa conception de la science et de la médecine
Selon Noam Chomsky, « Le langage est une arme de politiciens, mais le langage est une arme dans la plupart des affaires humaines ». Si Didier Raoult se défend jusqu’alors être un homme politique, beaucoup ont découvert depuis la crise du Covid à quel point il sait aussi utiliser les mots, pour dire sans ambages le fond de sa pensée. Ainsi, « Le confinement, les masques ce sont des décisions politiques », déclarait-il au mois de juin. Une position qu’il a précisée en septembre, prenant cette fois des précautions et des réserves plus évidentes, et dont il n’est pas forcément coutumier, sur le site de L’Indépendant .
Des avis partagés
COVID : « Trop d’affolement, trop de panique », juge aujourd’hui Didier Raoult. Invité sur les ondes de RTL, l’infectiologue a critiqué les « messages alarmistes » de ses collègues alors que de nouvelles restrictions ont été prises à Marseille. Pour sa part, « Didier Raoult est un irresponsable », assure le philosophe Raphaël Enthoven.
Et Charles Jaigu, dans une chronique au Figaro, d’écrire “Pourquoi le Docteur Raoult rend coup pour coup”, une sorte de plaidoyer en sa faveur : Certains voudraient déjà tourner la page du professeur Raoult. Ils ont tort : il publie un livre sur l’histoire des découvertes médicales. Cet homme n’est pas un populiste. C’est un optimiste. Didier Raoult est le Cassius Clay du ring médical. Il défie l’adversaire les yeux dans les yeux. Il crie qu’il est le plus grand, le meilleur, le dieu du stade. Son meilleur coup de poing : la provocation par l’optimisme. Cela fait de lui une cible facile pour les censeurs ombrageux d’une morale médicale du risque zéro. Mais ce serait une erreur de penser que Didier Raoult est cloué au pilori à cause de son pari sur l’hydroxychloroquine. Cette polémique est l’arbre qui cache la forêt. La vraie faute de Raoult, aux yeux de ses ennemis, n’est pas celle-là. C’est d’être un optimiste au pays des pessimistes, et un empiriste au pays des moralistes de la précaution : « Mon pragmatisme revaut beaucoup d’hostilité. Il y a des gens qui ont le goût du désastre. Ils ne veulent pas entendre le porteur de bonnes nouvelles. »
La bonne nouvelle étant en l’occurence que le Covid ne mériterait pas la réputation de “grand tueur” qu’on veut bien lui attribuer…
Mais qui est Didier Raoult ?
Né le 13 mars 1952 au Sénégal, c’est un chercheur biologiste et professeur de microbiologie français. Médecin de formation, il se spécialise en maladies infectieuses. Il a découvert avec son équipe plus de soixante nouveaux virus dont les mimivirus (ou virus géants). « Il est classé parmi les dix premiers chercheurs français par la revue Nature pour le nombre de publications (plus d’un millier à son actif) comme pour le nombre de citations reprenant ses travaux », relatait en 2008 le quotidien économique Les Échos. Par ailleurs, selon la source ISI Web Of Knowledge, Didier Raoult était présenté en juin 2012 comme « le chercheur qui publie le plus en France à ce jour ». Il est une référence mondiale pour la fièvre Q et la maladie de Whipple. De plus en 2014, toujours selon ISI Web of Knowledge, Didier Raoult était le 7e parmi les microbiologistes du monde les plus cités… Il fait aussi partie de la liste des 400 auteurs les plus nommés dans l’univers biomédical.
Didier Raoult est aujourd’hui directeur de l’Institut hospitalo-universitaire-Méditerranée Infection IUH de Marseille. Son laboratoire emploie plus de 200 personnes et publie en moyenne 325 articles par an. Il a reçu 25 prix nationaux et internationaux dont le Grand prix Inserm en 2010 pour l’ensemble de sa carrière. Il est l’un des chercheurs français les plus cités au monde en microbiologie.
Pourquoi ce livre ?
En publiant ce 30 septembre 2020, aux éditions HumenSciences, dans la collection « Débat », son livre autobiographique « La science est un sport de combat », il veut éclairer sa démarche et s’élever contre les critiques dont il est l’objet. Il défend sa vision du progrès scientifique contre la bureaucratie administrative, déplorant les dérives de l’industrie pharmaceutique et des autorités sanitaires.
À ce sujet, on peut se remémorer le documentaire Big Pharma, diffusé récemment sur Arte, et qui a pour objet d’analyser l’un des plus puissants lobbys économiques de la planète, à savoir l’industrie pharmaceutique. Alors que les plus grands laboratoires mondiaux, le géant français Sanofi, les Suisses Novartis et Roche et les Américains Johnson & Johnson, Pfizer ou Gilead se battent aujourd’hui pour trouver un traitement et un vaccin contre le Coronavirus, cette enquête éclairante, réalisée avant la crise sanitaire du moment, fruit d’un an de travail, fait froid dans le dos et jette un pavé dans la mare de la politique de santé publique (Luc Hermann, réalisateur).
Descriptif du livre
Qui est Didier Raoult ? Que pense-t-il vraiment ? Pourquoi ce grand infectiologue, auteur de nombreuses découvertes, irrite-t-il autant les autorités politiques, sanitaires, et nombre de ses confrères ? Dans ce livre, dense, fort, personnel, le professeur Raoult éclaire toute sa démarche, au-delà de l’actuelle controverse autour de l’hydroxychloroquine et du Covid-19. Ce défenseur acharné du progrès scientifique donne sa vision de ce que doivent être la médecine et la recherche.
Parce que Didier Raoult est avant tout un médecin – il rappelle que le premier devoir d’un médecin est de prendre soin : « Je traite mes patients comme si c’était ma famille » –, parce qu’il est un esprit farouchement indépendant, il dévoile la face cachée de la recherche médicale, s’oppose aux blouses blanches administratives qui n’ont jamais vu un malade, aux modélisateurs fascinés par les Big Data, aux grandes revues médicales qui font la pluie et le beau temps mais sont de plus en plus sous l’emprise des laboratoires pharmaceutiques, aux autorités sanitaires et politiques…
Pour que le public retrouve confiance dans la science, nous dit celui qui est l’un des plus influents chercheurs au monde dans son domaine, il faut savoir se déjuger, remettre en cause ce que l’on sait ou croit savoir, faire tomber ses idoles, bousculer les dogmes et les théories établies, renier ses maîtres…
La science est un sport de combat, le chercheur doit gagner par K.O contre « l’arrogance et l’aveuglement ».