La réalisatrice franco-américaine Tonie Marshall, est morte jeudi 12 mars à l’âge de 68 ans, « des suites d’une longue maladie », a annoncé son agente Elisabeth Tanner.
Premiers pas de comédienne avec Jacques Demy
Fille de l’actrice française Micheline Presle et de l’acteur, réalisateur et producteur américain William Marshall, Tonie Marshall a débuté au cinéma comme actrice en 1972 dans L’Evénement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune de Jacques Demy. Puis a enchaîné une myriade de petits rôles dans les années 1970 et 1980, sans évoquer le théâtre. « J’étais actrice car c’était ce qui me paraissait le plus naturel, mais je m’intéressais beaucoup à l’écriture, à la production », contait-elle.
Le virus du cinéma lui a été transmis par sa mère, qui trouve souvent un petit rôle dans ses films. « Elle m’a communiqué le goût de voir des films, même toute seule, à 2h de l’après-midi », exposait-elle lors d’une rencontre à l’Ecole de cinéma Esra.
Enfant, Tonie Marshall a grandi à côté du cinéma d’art et d’essai le studio des Ursulines à Paris. « Ma chambre donnait sur la cabine du projectionniste et j’apprenais des films par coeur », « je voyais même des films que je ne comprenais pas, des Bergman », se souvenait-elle.
« Vénus Beauté (Institut) », César de la meilleure réalisation
Elle est passée à la réalisation en 1990 avec Pentimento, avant une dizaine de longs métrages, dont Vénus beauté (institut) avec Nathalie Baye et Audrey Tautou, son film le plus connu, qui lui vaudra plusieurs César dont celui de la meilleure réalisation et celui du meilleur film.
Elle est la seule femme à avoir remporté le César de la meilleure réalisation pour ce film en 2000. Eloquent. Pourtant Tonie Marshall a assuré ne pas avoir souffert de sexisme. « Je n’ai jamais entendu dire qu’un film ne se montait pas parce qu’il était fait par une femme », disait-elle. La France « est le pays où il y a le plus de femmes en réalisation », se réjouissait la réalisatrice et scénariste, svelte, cheveux blonds coupés courts et ton décidé.
De “Au plus près du paradis” à “Numéro Une”
Viendront ensuite Au plus près du paradis avec Catherine Deneuve et William Hurt, France Boutique avec Karin Viard et François Cluzet ou Numéro une avec Emmanuelle Devos en 2017, son dernier film, sur la bataille d’une ingénieure pour prendre la tête d’une entreprise du CAC 40.
« Tout ce qui est dans le film est très réaliste », confiait au moment de la sortie la cinéaste, qui avait rencontré de nombreuses dirigeantes pour ce long-métrage. « Je ne voulais pas montrer des hommes caricaturaux mais en revanche montrer à quel point ces sphères sont occupées ». « Les femmes ont du mal à s’y projeter », poursuivait Tonie Marshall, qui dénonçait « une organisation frontale » et « une misogynie bienveillante, paternaliste », pour empêcher les femmes d’accéder aux plus hauts postes.
« Nous sommes très tristes d’apprendre le décès de Tonie Marshall, une de nos premières ambassadrices qui s’était engagée avec force à nos côtés pour #MaintenantOnAgit. Nous perdons une grande dame aujourd’hui », a réagi la Fondation des femmes. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, a fait part également de sa « tristesse à l’annonce du décès de Tonie Marshall talentueuse, généreuse », dont le « dernier film Numéro Une racontait la solidarité féminine à la tête des entreprises ».
Franceinfo. Communiqué jeudi de Elisabeth Tanner à l’AFP.