par Jean-Claude Janvier-Modeste, cadre retraité
Lettre à Raymond Occolier, maire du Vauclin
J’ai écouté, « Monsieur » Occolier, votre interview à la télévision ; je suis profondément écoeuré et révolté lorsque je vous entends comparer les rapports homosexuels, à l’accouplement, je vous cite de : « deux mâles cochons ou de deux mâles chiens qui ne peuvent faire de petits » . Que vous soyez « Monsieur » contre le mariage gay, cela peut se comprendre, mais que vous osiez insulter impunément toute une communauté est scandaleux et indigne pour l’élu que vous êtes.
Vous n’êtes pourtant pas censé d’ignorer que les articles : 23, 24, 29, 32 et 33 de la loi du 29 juillet 1981 du code pénal, vous rend passible de condamnation pour injure homophobe publique. Il est aussi étonnant de vous entendre affirmer avoir des amis homos et lesbiennes ; aujourd’hui, sont-ils toujours vos amis, ces personnes ? Vous parlez également de culture, d’identité, de valeurs, de religion, de révolution, « Je ne désobéirai jamais aux commandements de Dieu » , dites-vous. Vous vous octroyez aussi la liberté d’associer à vos insultes, certains de nos grands intellectuels, qui, affirmez-vous « N’auraient pas accepté de faire ça » . C’en est assez d’occuper les esprits avec votre propagande homophobe ; plus grotesque encore, vous ajoutez à l’infamie le nom du pasteur Martin Luther King. Si vous le ressembliez comme vous le prétendez, vous seriez « Monsieur » un homme de conviction, de respect, de grandeur, de liberté et surtout de tolérance ; pas le diviseur que vous êtes. « J’ai fait un rêve (dites-vous) de réunir un million ou deux millions de signatures pour faire reculer le gouvernement devant la promulgation de cette loi! » Non, malheureusement, je crains que vous n’ayez fait plutôt un terrible cauchemar, « monsieur » le maire, celui d’insulter plus de dix pour cent de vos compatriotes à cause de leur différence, et principalement lorsque vous dites : « Je ne suis pas sûr que les Martiniquais voudront faire ça en Martinique » En vous écoutant j’ai rejoint Paul Valéry qui disait : « Les injures font voir de l’injurieux une mince confiance en l’avenir. »
« JE SUIS FIER D’ÊTRE : ANTILLAIS, HOMO ET CATHO-PRATIQUANT »
J’ai honte, oui, j’ai honte, pour vous, quand vous osez impliquer Dieu, la Foi et la religion dans vos bassesses ; Sachez « monsieur » qu’il y a des croyants dans la communauté homosexuelle. Dieu a bon dos, lorsqu’on est à cours d’arguments, n’est-ce pas! Ne vous en déplaise, « messieurs » les maires concernés, en ce XXIe siècle, comme vous le constatez, les mentalités évoluent à grands pas et, aussi dans les outremers. Le conservatisme et le machisme installés aux sorties de l’esclavage prennent aujourd’hui un autre chemin, celui de la liberté, de la tolérance, de la persévérance. Craignez-vous cette vérité qui vous obligerait à prendre votre part de responsabilité dans la bataille amorcée pour le bien-être de Tous les Antillais ? Finis les moralistes, finis les donneurs de leçons, les temps changent et vous n’êtes toujours pas en mesure d’accueillir ce pas géant emboîté par notre peuple.
Que je vous rassure, ne sommes pas là pour vous « emmerder » , ni pour vous mettre des bâtons dans les roues, mais pour vivre en paix, et exister dans notre société sans être pourchassés, insultés, agressés et montrés du doigt. Je suis justement un de ces malkochons ou malchiens que vous détestez, que vous méprisez et que vous considérez comme des parias, des pestiférés, des dépravés, des malades mentaux et que sais-je encore…
Eh! oui, je suis fier d’être : Antillais, homo et catho-pratiquant, par dessus le marché ; c’est principalement ce point commun avec vous qui me dérange et qui me fait mettre en doute la véracité de cette foi que vous revendiquez à tort et à travers. En tout cas au risque de vous décevoir, j’ai envie de vous crier aux oreilles que Dieu, Aime Qui Je Suis. Faites-vous mine de ne pas savoir qu’il est écrit qu’Il aime Tous ses enfants ? Justement, il me vient dans l’idée de vous citer cette pensée d’Oscar Wilde : « Il n’y a pas de pêché, sinon la stupidité » .
En conclusion, si je puis me permettre de vous donner un dernier conseil, c’est que au cas où vous ne seriez pas prêts de marier les « malkochons, et les malchiens » rien, ni personne ne vous empêche de vous démettre de vos fonctions, « messieurs » les maires.
Qu’en pensez-vous ? Et je terminerai par ce proverbe bien connu : « Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoutez pas les autres » .
Jean-Claude Janvier-Modeste, cadre retraité