Les auteurs
Jude DURANTY est Martiniquais. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la langue et la culture créole de Martinique. Depuis une quinzaine d’années, il est chroniqueur connu de « Kréyolad », une rubrique hebdomadaire de la vie martiniquaise (visible dans le magazine «ANTILLA »).
Hector POULLET est Guadeloupéen. Il est l’un des pionniers dans l’écriture de la langue créole… Connu en Guadeloupe pour avoir été avec Sylviane Telchid à l’origine de l’introduction de cette langue dans le cursus scolaire officiel, il a également participé à l’élaboration du tout premier dictionnaire Créole-Français. Il a publié chez CaraïbEditio.
La présentation du dictionnaire dans Montraykreyol, mars 2020
« Gwadloup Matinik menm biten menm bagay.
Quel Guadeloupéen ou Martiniquais n’a pas prononcé cette phrase qui traduit combien Guadeloupe et Martinique sont à la fois proches et distants. À l’instar d’une fratrie, et l’on peut même dire, cette même fratrie créole issue de parentés africaine, européenne, indienne et levantine; l’on trouve donc des ressemblances mais aussi des différences entre tous ces créoles de la Caraïbe anglophone, francophone et néerlandais.
Dans la préface du livre Jean-Pierre Sainton¹ nous disait :
« On ne sait pas trop ce qui a créé la domiciliation lexicale respective de biten et de bagay. Ce qui est sûr, c’est qu’à un moment donné, pas très lointain, les formes se sont côtoyées dans le même territoire insulaire et peut-être chez les même locuteurs, en synonymie alternative, avant d’enjamber les canaux inter-îles ».
Parmi tous ces créoles de la caraïbe inter-compréhensible, le créole de Guadeloupe et de celui de Martinique sont deux créoles très proches mais comportant cependant des particularismes. Par exemple quand un créolophone de Guadeloupe pour borgne dit zié-koklèch, celui de Martinique dit zié-bòy. Si bien que pour dire (Jean est borgne) pour l’un ce sera « Jan tini on zié-koklèch » et pour l’autre « Jan ni an zié-bòy ».
Ce sont toutes ces variantes lexicales et syntaxiques entres ces deux créoles appartenant à une même langue et une même culture, qu’Hector Poullet pour la Guadeloupe et Jude Duranty pour la Martinique ont voulu inventorier dans cet ouvrage. Les deux compères à leur manière ont prix le chaltouné ou le sèbi de la transmission pour tenter d’avancer dans le fè-nwè de l’obscurité langagier.
D’aucuns devront assurément tenir le flambeau pour l’abreuver et l’empêcher de s’éteindre. Chacun à sa part, comme le colibri de la fable apportant sa goutte d’eau.
D’autres estimeront que c’est dérisoire, mais dans la responsabilité du maintien de la transmission voire de la sauvegarde de la langue créole, ils y ont modestement contribué.
Prenez donc connaissance du livre. Commencez à le compléter au besoin là où vous observerez des manques ou des erreurs. Notre projet à terme c’est que les créoles fassent, avec toutes leurs richesses, l’objet d’une reconnaissance, comme toutes les langues. Pour paraphraser un militant de la langue : « Tout lang sé lang ». Ne dit-on pas qu’une langue qui meurt, c’est une part de richesse de l’Humanité qui disparaît ?
Sans être grand militant mais simplement un amoureux de cette belle langue, l’une de vos postures sera sans aucun doute de réclamer l’ouvrage à votre libraire. À vous lecteur de poursuivre cette démarche entamée par les « CaraïbEditions ».
Ladjé kò zot adan! »
Dictionnaire des Créoles comparés de Guadeloupe et de Martinique, Hector Poullet & Jude Duranty • Caraïbéditions • 2020 •
Jude Duranty, « Kréyolad », Éd. Zaboka • 2011 •
« Le terme KRÉOLAD puis KRÉYOLAD s’est installé petit à petit dans le paysage hebdomadaire du «mo matjé kréyol», l’écrit en créole. Les lecteurs d’Antilla, — magazine hebdomadaire politique et économique de la Martinique, créé et dirigé depuis 1981 par son fondateur Henri Pied, auquel contribuent des journalistes et romanciers comme Patrick Chamoiseau, Tony Delsham ou Raphaël Confiant — ont donc leur page régulière de lecture en créole depuis sept ans. Au-delà de ces lecteurs, ces écrits sans prétention ont finalement conquis beaucoup de Martiniquais et d’autres qui veulent lire le créole, bien que n’étant pas alphabétisés dans cette langue.
Pour beaucoup, le créole n’a pas été enseigné à l’école. Aujourd’hui cet enseignement est encore partiel, pour des élèves volontaires. Quand on sait le poids atavique que porte (et supporte) cette langue, on comprend aisément que peu de gens, à part des militants, des gens conscients de la décréolisation et ceux qui tout simplement aiment cette langue, s’adonnent à la lecture et à l’écriture du créole. Pour beaucoup le créole doit se contenter de rester sur le tiban de l’oral. Il ne saurait prétendre s’installer dans un quelconque fauteuil scriptural pour prendre langue avec les autres langues du monde. Comme dirait fort à propos un militant du créole: «Tout lang sé lang!».
Il faut reconnaître, à la faveur des technologies de l’information et de la communication que les kréyolad ont dépassé les seuls contours de la Martinique, traversant et les océans et les méandres de La Toile. Des Kréyolad sont donc disponibles en un clic «kisiswa éti ou yè oliwon latè».
Ayant atteint l’âge de raison, avec cet ouvrage, les KRÉYOLAD s’offrent à leurs lecteurs en toute simplicité dans une première compilation. Voici les chroniques en créole de la vie de la Martinique et du Monde, à travers le prisme de l’effronterie verbale…
Manmay kréyoladé kò-zot bravman! »
« Krèyolad », de Jude Duranty, chroniques de la vie martiniquaise à lire ou à relire : le livre réunit ses chroniques, parues dans le magazine « Antilla » sept ans d’affilée, sous sa plume tantôt mordante, tantôt incisive, ironique, ou encore sarcastique.
« Kréyolad », le nom résume bien l’objet des écrits de l’auteur : « Kréyolad qui est simplement la combinaison des mots rigolade et créole ». Un livre à se procurer pour revivre l’actualité et réussir, à travers les billets d’humeur de l’auteur, à prendre du recul face aux réalités du quotidien tout en sachant que de nouveaux événements de la vie sociale, politique et économique de la Martinique, ne devraient pas tarder à venir enrichir les « Krèyolad » !
1 Jean-Pierre Sainton Professeur d’Histoire, Vice-Président du Jury du CAPES Créole Université des Antilles.