A Tropiques Atrium du 31 mars au 30 avril 2016
— Par Christian Antourel —
L’artiste interpelle la problématique du corps qu’il convient de mettre en relation avec des questions liées au temps qui passe, à la vie et à la mort.
Avec « Des vanités…des vanités » il est question de digital painting, sur support plexiglas, ce mouvement de l’art qui consiste à utiliser des outils numériques au moyen d’un programme informatique en remplacement des outils traditionnels de l’art pictural, est une pratique émergente que Jean-Philippe Breleur maitrise à la perfection. Quant aux vanités, elles même, c’est un genre singulier de la nature morte évoquant l’éphémère du vivant. Ici l’œuvre d’art nous rappellent par son expression que nous sommes mortels, donc vains, c’est-à-dire ce qui est vide, creux, inutile et illusoire. Une vanité désigne par conséquent tout ce qui est frivole et insignifiant. L’intention de l’artiste est de donner une « forme au vide » chercher à faire la part des choses donner à voir l’absence dans la présence d’une matière plastique. Dire finalement le triomphe de la mort sur la vie, certainement. Mais il ne faudrait pas trop prendre Breleur pour un formaliste. Son travail qu’il verbalise minutieusement, s’ancre pour l’essentiel dans une poétique intime qui ne relève pas d’un aride minimalisme, mais pencherait plutôt du côté de la sensation pure. On voit à ce titre la place prépondérante qu’occupe la couleur dans ses travaux, soit qu’elle pigmente les surfaces et excite l’œil, soit donne chair à des formes abstraites, renforçant la cohérence même de l’œuvre.
Où le monde quotidien
se transforme en poison
Des têtes de morts transparaissent et s’impriment dans le tableau elles signent le « mémento mori » « souviens toi que tu mourras » promis à l’humanité entière comme « sorcellerie » évocatrice de ce spectacle et de ces états d’âme, comme une manière lyrique où le monde quotidien se transforme en poison simple et dur. L’artiste insiste sur une comparaison spontanée une mise en concurrence en conscience presque entre les risques qui menacent notre humanité et les progrès de la science entrainant une subjectivité perturbée et perturbante qui dévoile un positivisme exacerbé. Car le danger est bien là selon lui, il nous guette, du biohazard symbole international du danger biologique et aux dangers dits alors chimiques identifiés par le symbole Tête de mort. Tous deux évoquant notre condition mortelle et symbolisent la mort. Alors surgit dans notre imaginaire un long inventaire à la Prévert halluciné de pictogrammes de reconnaissance des cataclysmes mortels censés nous atteindre : Les « réjouissances » que Jean-Philippe Breleur nous conte au rythme de ses images belles et inquiétantes à la fois.
L’Art et l’esprit de l’art.
En cherchant à dégager notre exaltation, de nos regrets et de nos espérances Jean-Philippe Breleur accentue cette musique alerte, il l’impose à notre attention et cherche à ce que nous nous y insérions involontairement, nous-mêmes, comme des passants qui entrent dans une danse. Et par là nous amène à ébranler au fond de nous, quelque chose qui attendait le moment de vibrer. « Ainsi quel qu’il soit, l’art n’a d’autre objet que d’écarter les symboles socialement acceptés… C’est d’un malentendu sur ce point qu’est né le débat entre le réalisme et l’idéalisme. »
Pratique :
Une exposition individuelle de
Jean-Philippe Breleur
A Tropiques Atrium
Du 31 mars au 30 avril 2016
Galerie La Véranda
Tout public
Entrée gratuite
Horaires : du mardi au vendredi, 13h -18h
Le samedi, 10h-13h.
Information : 05. 96. 70. 79. 29.
05. 96. 60 .78. 78.
Christian Antourel
Texte paru dans France-Antilles. Le Magazine
