Avec quatre nouveautés pour la Rentrée Littéraire 2020, les éditions Idem proposent aux lecteurs quatre métalivres, c’est-à-dire des livres qui parlent d’autres livres, soit d’idéologie marxiste (avec Antonio Gramsci, ouvrage collectif où se retrouvent des contributions de Philippe Pierre-Charles, Danielle Marceline, pour ne citer que les plus connus chez nous), soit des canons de la littérature créole et du conte (avec l’essai et le roman de Jean-Georges Chali, dans le même livre), soit une introduction à la philosophie de Nietzsche à travers son livre Le Gai Savoir (par Edmond Mondésir : Ombres et lumières de la pensée moderne/ Vérité et illusions du Gai Savoir), et enfin l’ouvrage coordonné par Suzanne Dracius, où elle convie amie (Isabella Donaldo-Eustache) et poètes (Max Ponte, Giovanni Dotoli, universitaire à la Sorbonne et Bari) à raconter le drame vécu du confinement en Italie, premier pays d’Europe à avoir été touché par la pandémie, avec un clin d’œil aux auteurs de la Renaissance italienne : Dante, Pétrarque et Boccace.
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Notre époque est particulièrement marquée par le progrès des sciences et des techniques, pourtant elle est toujours traversée par une extrême diversité de pensées qui cherchent, au-delà des rapports utilitaires que nous avons avec les choses, des réponses sur le sens de notre existence. Qu’il s’agisse des idéologies sociales, environnementales ou politiques, qu’il s’agisse des formes de spiritualité occidentales, orientales, traditionnalistes ou humanistes c’est la même préoccupation que nous retrouvons. C’est en ce sens qu’on pourrait sans grand risque les qualifier de préoccupations métaphysiques. Or précisément, toute la réflexion philosophique de Nietzsche a été élaborée autour du projet de déconstruction de la métaphysique, qu’il a mis en œuvre, sous des formes originales, dans ses écrits. C’est cette démarche que l’on retrouve à travers les aphorismes du « Gai Savoir », paru pour la première fois en 1822. Il se trouve qu’au fil du temps, avec le développement accéléré des sciences et des techniques dans tous les domaines, incluant désormais les processus liés à l’intelligence artificielle, avec l’extension mondiale des conflits économiques, politiques, idéologiques et militaires, le besoin de faire à nouveau le point sur cette question de la métaphysique se fait sentir et exige de notre époque des réflexions philosophiques nouvelles. Dès lors, il ne semble plus possible de se contenter de la simple déconstruction de la métaphysique, la nécessité d’une analyse qui tienne compte de l’évolution du monde s’impose, et peut-être s’agit-il maintenant d’ouvrir le chemin au rationnel et au raisonnable, pour éviter d’être aveuglé par les lumières, ou de se perdre dans les ombres, qui résultent des effets de la pensée moderne. Chaque époque formule des questions auxquelles il faut inévitablement répondre.
Pour cela, s’il reste nécessaire de s’appuyer sur les réponses qui ont déjà été portées, il faut aussi être capable de l’effort d’anticipation qui nous donne la possibilité de mieux faire face à l’urgence du présent.
Edmond Mondésir, né à Fort-de-France, le 6 janvier 1948 est un professeur de philosophie et homme politique martiniquais (conseiller régional et président de la commission culture de 2004 à 2010) aussi connu comme auteur, compositeur et chanteur de bèlè (musique traditionnelle de la Martinique).
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À travers des textes choisis et traduits de l’écrivain et activiste italien Antonio Gramsci (1891-1937), Écrits politiques : « La révolution contre Le Capital, » « Je hais les indifférents », « La question méridionale », « La guerre et les colonies », et enfin Les Carnets de prison(1,2,3), mais aussi dans l’ouvrage Retour d’une pensée du Sud pour le Monde ; des contributions d’intellectuels contemporains ; où s’ébauchent, se construisent et se développent, des éléments de compréhension des idées et de la pensée du célèbre philosophe. Comment pourraient-ils être utilisés pour les combats d’aujourd’hui ? « Dans chaque pays, la couche des intellectuels a été radicalement transformée par le développement du capitalisme, le vieux type d’intellectuel était l’élément organisateur d’une société à base essentiellement paysanne et artisanale », écrit Antonio Gramsci. S’élaborent ensuite des pistes sûres et inspiratrices pour nos sociétés du XXIe siècle, en pleine mutation en ces temps difficiles de pandémie planétaire du Covid-19. De bien belles et utiles propositions à méditer.
Edmond Mondésir
Ombres et lumières de la pensée moderne (Vérité et illusion du Gai Savoir) Préambule au texte de
Friedrich Nietzsche Le Gai Savoir (La gaya scienza)
ISBN : 978-2-36430-049-1, Prix Ttc : 14,70 euros (France-outre-mer), 554 pages ; Idem éditions
Antonio Gramsci : À travers des textes choisis et traduits / Retour d’une pensée du Sud pour le Monde (collectif), Postface de Françoise Vergès.
ISBN : 978-2-36430-050-7, Prix Ttc : 14,80 euros (France-outre-mer), 854 pages ; Idem éditions
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Dans Du conte à la littérature, poétique et subversion esthétique (essai), première partie de cet ouvrage – dont la seconde est un roman –, Jean-Georges Chali démontre la résonance vibratoire du conte, en une analyse qui puise sa source à la fois chez les Kanaks (avec Louise Michel), aux Antilles (avec Lafcadio Hearn, Ina Césaire, Gilbert Gratiant, Frankétienne, Édouard Glissant, Simone Schwarz-Bart, Suzanne Dracius, Dany Bébel-Gysler etc.) et dans l’Océan indien (avec Malcolm de Chazal et Ramesh Ramdoyal), le conte pouvant être perçu comme un puissant égrégore créole de résistance, un agrégat constitué de plusieurs éléments : l’identité, la mémoire, la langue, qui au cours des siècles ont souvent été réactivées ou transformées.
Le roman Chemins Grand Bois sonne comme un « Grand réquisitoire ! Il existe des pays où la jeunesse garde toujours les yeux ouverts sur son passé. Ces pays-là ménagent une place de choix à tous ceux dont la seule fonction consiste à courir le relais de leur civilisation. La rue connaît ses mémoires, ses contes, ses histoires. Les mythes habitent la demeure des vieux, et lorsque l’enfant balbutiant épelle son premier mot, un concert d’applaudissements accueille le passage dans son monde ». (Vincent Placoly, Frères Volcans). Comme Zola avec sa première publication, son recueil Contes à Ninon, Jean-Georges Chali a choisi d’avoir recours au conte pour son premier roman, Chemins Grand Bois ; c’est sans doute là, véritablement, la façon pour lui de faire poindre à la fois l’univers du merveilleux et la ferveur de l’engagement politique.
Jean-Georges CHALI est professeur de littérature comparée, spécialiste du conte, à l’université des Antilles, auteur de nombreux ouvrages.
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Au sortir de cette saison en enfer qu’a traversée l’Italie lors de la pandémie du Covid 19, l’écrivaine Suzanne Dracius a demandé aux Italiens suivants : Isabella Bonaldo, Giovanni Dotoli, Fabrizio De Pascale, Max Ponte et Mario Selvaggio de fixer leurs vertiges – pour paraphraser l’alchimique formule rimbaldienne –, résumant avec leurs plumes respectives leurs impressions sur l’hécatombe et le confinement causés par ce terrifique coronavirus. Ce livre au format livre de poche, composé aussi de textes de Dante – la Vita nuova, la Vie nouvelle (roman, texte intégral) –, de Pétrarque – Les Rimes de François Pétrarque Sonnets et Canzones, « Sonnets à Laure » (texte intégral) –, de Boccace – Le Décaméron (texte intégral) –, rend également hommage à ces trois figures fondatrices de la littérature italienne étroitement liée à la Renaissance et à la naissance de sa langue.
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Du conte à la littérature, Poétique et subversion esthétique, suivi de Chemins Grand Bois (roman)
ISBN : 978-2-36430-047-7, Prix Ttc 17,20 euros ( France-Outre-mer), 675 pages ; Idem éditions.
Il n’est pire douleur que le souvenir du bonheur : Sous la direction de Suzanne Dracius, Postface de Patrick Mathelié-Guinlet
DANTE, PÉTRARQUE, BOCCACE
ISBN : 978-2-36430-055-2, Prix Ttc : 26,80 euros (France-outre-mer), 1354 pages ; Idem éditions / 1 COFFRET DES 3 VOLUMES