Paris – « On vous intube, ils nous entubent ! »: des centaines d’infirmiers anesthésistes sont descendus lundi dans les rues de plusieurs villes de France pour réclamer une reconnaissance de leur spécialité et des hausses de salaires, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Blouses bleues et vertes, masques sur le nez et tubes de réanimation sur la tête, une centaine d’infirmiers anesthésistes diplômés d’État (IADE) ont notamment manifesté devant l’Hôtel de ville de Bordeaux.
Répondant à un appel à faire grève et à manifester de la CGT, ils défendent le savoir-faire de leur profession « avancé, transversal et polyvalent« , qu’ils veulent voir à la fois « sanctuarisé » et revalorisé en terme de grille salariale, pour prendre en compte cinq années d’études.
Les quelque 10.000 IADE que comptent les hôpitaux français ont suivi un cursus de spécialisation pendant deux ans, après les trois années initiales en école d’infirmière.
« On ne peut pas d’un côté nous appeler du jour au lendemain pour aller en réanimation, aller en évacuation sanitaire, en urgence, en attendant le même niveau d’excellence, et d’un autre côté nous dénier un statut à part« , fait valoir Julie, 35 ans, infirmière anesthésiste au CHU de Bordeaux depuis cinq ans.
A Lille, ils étaient aussi une centaine (dont beaucoup d’étudiants) réunis autour d’un faux cercueil « Infirmiers anesthésistes, 1949-2021« .
Pour Arnaud Warot, infirmier anesthésiste à Douai et l’un des porte-parole du collectif régional, il est important de « faire remonter à l’exécutif l’épuisement et le sentiment de mépris et d’abandon de la profession« .
Ludovic Lainé, étudiant IA, demande lui que son programme de formation, mis à mal par la crise sanitaire, soit respecté: « nos heures de stage en anesthésie s’amenuisent au profit des heures de réa Covid. On oublie que nos apprentissages se font par l’expérience« .
– « Des responsabilités lourdes » –
Plusieurs dizaines de personnes en blouse bleue étaient également rassemblées place du Capitole à Toulouse. « Nous, on vous intube. Véran, lui, nous entube » ou « IADE, un métier formidable, un statut fort minable« , pouvait-on lire sur le dos de certaines manifestantes.
« On est au bout du rouleau. On voudrait que notre polyvalence soit reconnue« , explique Sandrine, 50 ans, venue de Figeac et qui dit gagner moins de 3.000 euros brut après 25 ans de travail, dont 20 en tant qu’infirmière anesthésiste.
Même lassitude à Lyon, où 300 soignants se sont regroupés devant l’agence régionale de santé (ARS), dont Agnès Moreau, venue réclamer « un statut de pratique avancée qui correspond plus à notre niveau d’études« , évoquant « des responsabilités lourdes au bloc opératoire« .
A Rennes, entre 100 et 150 soignants, venus des quatre départements bretons, ont défilé en fin de matinée du CHU à l’agence régionale de santé (ARS), où une délégation a été reçue.
Parmi ces représentants locaux, Aurélien Colleu a eu « l’impression d’avoir été plutôt bien écouté« , même si ses « revendications statutaires ne peuvent pas être satisfaites au plan régional, il faut que ça passe par le national« .
Justement, une autre entrevue a eu lieu en début d’après-midi à Paris, au ministère de la Santé. Selon le syndicat SUD, la demande d’un statut de « pratique avancée » y a été jugée « très compliquée » car relevant d’un cadre législatif. En revanche, « une volonté de rémunérer à hauteur du diplôme » a été évoquée.
Entre 150 et 200 infirmiers anesthésistes franciliens se sont rassemblés à la mi-journée devant l’Hôpital Européen Georges-Pompidou, dans le sud de la capitale. Une mobilisation comme souvent tronquée par les nombreuses assignations, voire réquisitions de soignants en chirurgie et en réanimation.
Source : AFP / Ma Santé Facile