— Par Dominique Celma —
Je ne peux m’empêcher d’observer qu’il y en a tout de même. Il suffit de considérer le trafic routier.
En revenant ’encore ‘ de l’agglomération de Fort-de-France. Je dis : ‘ encore ‘, car ces 3 semaines où nous avons été assignés dans un rayon de 10km autour de notre domicile, le hasard a fait que je me déplace plus fréquemment que d’habitude. Il me faut aussi préciser que l’espace dans lequel il m’était autorisé d’utiliser mon véhicule, englobait au moins la moitié du poumon économique de la Martinique et l’un des axes routiers les plus engorgés : Trois-Ilets – La Rivière-Salée- Aéroport – F-de-F – Anse Gouraud à Schoelcher ( Il ne m’était pas autorisé d’aller au-delà ) .
Dès ma première sortie j’ai pu me réjouir de la fluidité du trafic malgré un flux soutenu de voitures qui témoigne que l’activité économique n’était quand même pas à l’arrêt. Quand j’ai manifesté ma satisfaction, on m’a demandé si je préconisais un maintien du confinement. Peut-être était-ce une maladresse d’avoir aussi avancé que l’engorgement du réseau à toute heure, en temps normal, est bien dû au fait que trop nombreux sont les usagers faisant des allers et retours sur ces routes probablement pour des riens, pour satisfaire des urgences qui n’en sont pas, jaloux de leur liberté…
On m’a rappelé ne pas tenir compte que beaucoup de gens travaillaient ces jours-ci à domicile dans le cadre du télétravail, que crèches et écoles étaient fermées pour la plupart ainsi que beaucoup de commerces.
Je ne faisais que comparer ce que je peux comparer : le trafic routier entre 9h00 et 16h, segment horaire où je m’astreins de faire mes courses et qui, malgré cette discipline que je m’impose, ne m’évite pas d’être pris dans une circulation congestionnée.
Faut-il souligner qu’entre 9 et 16h la très grande majorité de la population active est au travail ? Celle qui se trouve en déplacement professionnel était bien observable au cours de ces dernières semaines dans le flux soutenu d’automobiles où les utilitaires ou véhicules d’entreprises étaient devenus majoritaires.
Les contraintes que nous avons subies ces temps-ci n’empêchaient pas cependant aux commerces autorisés à voir affluer le chaland. Il arrivait d’avoir des difficultés à trouver des places libres sur leur parking.
Ces observations me laissent perplexe devant le problème de la circulation routière qui parait insoluble, malgré les énormes investissements faits dans ces dernières décennies tant au niveau du réseau routier que des équipements de transport public.
Devons-nous continuer à subir cette fatalité ? Faut-il encore y consacrer un budget important tant public que de la part des particuliers, sans aboutir à des résultats satisfaisants, sans trouver des solutions à cet engorgement perpétuel des axes routiers ?
Devant l’atomisation de notre urbanisation, il faut admettre qu’il est impossible de renoncer à l’usage du véhicule individuel, surtout lorsqu’on voit le sort de ceux qui n’ont pas le choix, pris régulièrement en otage par un service public désinvolte, souvent inefficace.
Ce qui s’est passé avec cette dernière période de confinement me laisse imaginer qu’il pourrait y avoir une solution, celle que mes amis ont subodorée quand ils m’ont répondu en demandant si j’envisageais le maintien du confinement, à savoir : résoudre le problème en faisant usage de contraintes…
Enlever de la circulation le nombre d’automobiles qui nous fait basculer dans une situation où le trafic est tout le temps congestionné, c’est bien ce qui s’est passé au cours de ces semaines. Y parvenir de façon permanente, je précise sans nuire à la vente d’automobiles et à toute l’économie qui y est liée, est probablement une solution.
Une tactique qui consisterait à dissuader les automobilistes de faire un usage abusif de leur véhicule, les obliger d’être plus structurés dans la priorité de leurs déplacements et envisager plus de coopération, de solidarité entre eux tel que le covoiturage qui n’en est qu’une partie, pourrait être prise en compte.
Depuis des décennies, nous sommes faits au crédo: « Il est interdit de contraindre ». Voici que la Covid 19 vient de nous prouver que la contrainte pouvait être une solution à des problèmes.
La contrainte peut-être réfléchie, adaptée, intelligente pour se révéler efficace. Nous devrions y réfléchir, nous pouvons même nous référer à notre propre expérience comme les solidarités qui se sont mises en place en Février 2009 pour permettre les déplacements et que nous avons oubliées du jour au lendemain…
Dominique CELMA