— Par Louise Huet —
Vendredi 4 novembre, 9h10. Une date et une heure qui symbolisent en France l’écart de salaire entre les hommes et les femmes, et les discriminations encore trop présentes dans le monde du travail. Si ces inégalités sont à la baisse depuis plusieurs décennies, de nombreuses entraves persistent à réduire efficacement ces écarts salariaux.
Seulement un jour de différence par rapport à l’année dernière… À partir de ce vendredi matin, à 9h10 et 55 secondes, les femmes se sont mises à travailler gratuitement jusqu’à la fin de l’année. D’après le calcul effectué par la newsletter féministe Les Glorieuses avec les dernières données d’Eurostat, les femmes gagnent en moyenne 15,8% de moins que les hommes en 2020, à temps complet et tous métiers confondus. Dans l’ensemble de l’Union européenne, ce chiffre atteint en moyenne les 13%, près de trois points de moins que la France.
« C’est un des indicateurs d’inégalités qui choque le plus la société française aujourd’hui, donc c’est une bonne nouvelle. Mais malgré cette prise de conscience progressive, les chiffres montrent que les politique publiques menées, que ce soit à l’école, en termes de campagne de communication et en termes de salaires, restent très en dessous de ce qu’il faudrait faire », avance Anne Brunner, directrice d’études à l’Observatoire des inégalités.
Quand on se penche sur les chiffres d’Eurostat, on constate que ces inégalités salariales se maintiennent depuis des années dans le pays : une différence de 15,4% en 2004, 15,6% en 2015, et même 16,7% en 2018.
Les inégalités salariales, une tendance à la baisse mais qui ralentit
D’un point de vue historique, l’écart de rémunération entre hommes et femmes s’est fortement amoindri depuis 1960, comme en témoignent les graphiques de l’Observatoire des inégalités et les données de l’INSEE. Pourtant, depuis vingt ans, « on observe un ralentissement de cette baisse qui prouve qu’il y a encore une grande difficulté à réduire l’écart salarial », indique Anne Brunner.
Cet écart stagnant s’explique en partie par le fait que les femmes ont aujourd’hui atteint le même niveau de diplôme que les hommes, ce qui n’était pas encore le cas au début des années 1970. L’arrivée des Françaises dans les études supérieures a contribué à atténuer les différences de salaires de façon plus rapide. Et à l’heure actuelle, les femmes ont même dépassé les hommes en termes de niveau d’études, puisque 53% des 24 et 35 ans sont diplômées du supérieur en 2020, contre 46% des hommes, selon l’INSEE.
Pourtant, les organismes dédiés aux calculs de ces inégalités pointent du doigt plusieurs facteurs pour expliquer ces disparités : les différences de postes et de secteurs occupés par les femmes et les hommes, les différences de temps de travail, et les stéréotypes de genre qui subsistent. Puisque selon Anne Brunner, on « continue de considérer que s’occuper du ménage, de l’éducation des enfants, ou du soin des malades est naturel pour une femme, donc qu’il n’y pas d’efforts particuliers à faire pour rémunérer plus ».
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Les femmes surreprésentées dans des métiers plus précaires
En effet, les femmes demeurent massivement présentes dans les métiers moins bien rémunérés. Des secteurs qui, en plus, « se défendent moins bien, sont moins syndiqués, et moins bien représentés dans le débat public », soutient la directrice des études de l’Observatoire des inégalités….
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