— Par Nathalie Seff, Déléguée générale de l’ACAT-France —
À l’occasion de la Journée mondiale des ONG, l’ACAT-France (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) souhaite alerter sur la situation préoccupante des organisations de la société civile, en particulier lorsqu’elles sont engagées pour la défense des droits humains à travers le monde. La criminalisation des ONG est devenue une réalité alarmante, menaçant non seulement leur existence, mais aussi les droits fondamentaux de millions de personnes.
Partout dans le monde, des gouvernements adoptent des lois liberticides, répressives, qui visent à étouffer la voix des ONG. Sous prétexte de sécurité nationale ou de lutte contre le terrorisme, ces mesures visent à réduire au silence celles et ceux qui défendent les libertés et les droits fondamentaux des plus vulnérables. En 2024, plus de 80 pays ont mis en œuvre des restrictions légales qui entravent le travail des ONG, rendant leur mission de protection des droits humains de plus en plus difficile. Plus de 1 500 ONG ont été interdites dans plusieurs pays ces cinq dernières années, et près de 80 pays ont instauré des restrictions légales visant spécifiquement les ONG. La fermeture de ces organisations non gouvernementales, empêche l’accès à la justice, à l’éducation et à l’aide humanitaire pour des millions de citoyens et souvent, pour les plus vulnérables.
La criminalisation des ONG par les autorités d’un État entraîne des violations en chaîne du droit international relatif aux droits de l’Homme, allant de l’interdiction de se rassembler, de s’exprimer, à du harcèlement judiciaire, des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées, des pratiques tortionnaires, jusqu’à l’assassinat de membres d’ONG, de défenseurs des droits humains, défenseurs de l’environnement.
En Afrique, les ONG sont particulièrement ciblées. Des pays comme la Guinée et le Tchad harcèlent les militants qui dénoncent les exactions des forces de l’ordre. L’ACAT-France soutient et suit de près des organisations comme SOS-Torture au Burundi, constamment harcelée par les autorités, de même que le Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique centrale (REDHAC), qui fait l’objet de menaces constantes. L’Europe n’est pas épargnée, nous voyons émerger des mesures inquiétantes mises en place par des pays membres de l’Union Européenne : en Hongrie, les ONG recevant des financements étrangers doivent se déclarer comme « organisations bénéficiant d’un soutien étranger », un stigmate juridique destiné à les discréditer, notamment au regard de la société civile hongroise.
Les ONG ne sont pas des adversaires des États, elles constituent un contre-pouvoir nécessaire, une voix pour ceux qui en sont privés, un rempart contre l’arbitraire. Elles jouent un rôle clé en matière de protection des libertés et des droits fondamentaux et de lutte contre l’impunité.
Défendre les ONG, c’est défendre les libertés et les droits de toute l’Humanité, de chacune et de chacun d’entre nous quel que soient ses origines, sa culture, ses opinions, sa profession, son genre, son orientation sexuelle, sa religion. Lusa liberté d’association et la liberté d’expression sont des droits universels, fondamentaux à toute démocratie, à tout État de droit, qui doivent être protégés.
En cette Journée mondiale des ONG, l’ACAT-France exhorte tous les gouvernements à cesser d’entraver leurs missions, à cesser de mettre la vie de leurs membres en danger. Elle appelle les citoyens à s’engager, se mobiliser pour la défense des ONG. Car défendre ces organisations non gouvernementales, garantes du respect des droits humains universels, c’est prémunir la société civile, des risques d’entrave à l’exercice de ses libertés et droits fondamentaux.
Après la suppression par Donald Trump de l’USAID, stoppant net des opérations de développement en cours menées par des ONG : programmes alimentaires, sanitaires, médicaux, éducatifs, etc., en France, par voie de presse, c’est au tour de l’aide publique à la solidarité internationale de subir des attaques violentes, mais également diffamantes à l’encontre d’ONG humanitaires et engagées dans des projets de développement à travers le monde, risquant d’exposer plus qu’elles ne le sont déjà, des populations en situation de vulnérabilité voire en danger de mort.
Nous devons, plus que jamais, nous engager à défendre les ONG, à défendre les femmes et les hommes qui, souvent au péril de leur vie, dénoncent les violations des droits humains fondamentaux de toute la famille humaine, qu’ils agissent seuls ou regroupés au sein d’une organisation.
Ensemble, refusons le silence et l’injustice. L’ACAT-France se tient en haute vigilance et invite tous les chrétiens et citoyens de la société civile à soutenir sans relâche défenseurs des droits et ONG qui œuvrent pour la dignité et les droits fondamentaux.
Nathalie SEFF, Déléguée générale de l’ACAT-France