— Par Dégé —
Le tout premier travail collectif du PABE était un petit carré vert 20x20cm. On aurait pu croire à une quinzaine monotone de carrés…verts. Car vert c’est vert, croit-on (comme d’aucuns croient que noir c’est noir). Eh bien, non. A la première exposition, déjà mémorable, du groupe au Jardin des Papillons du Carbet, ces tableaux accrochés aux arbres parmi d’autres productions étaient tous très différents, seuls les initiés pouvaient reconnaître la contrainte.
De même, sur le thème plus recherché du Sac, à l’Atrium « Galerie André Arsenec », pas une seule œuvre ne répétait une autre : toutes singulières, sensibles et réfléchies reconnaissait, satisfait, un public devenu fidèle et nombreux. Chacun(e) pouvait y retrouver l’essence de son sac.
Cette fois (à la Véranda jusqu’au 10 novembre seulement, faites vite !) les membres du PABE et leurs invités, Hervé Beuze, David Né, Marie Gauthier, Fabienne Cabord, Iskias, nous proposent leurs variations personnelles sur le thème de l’île : Tribulations archipéliques.
Cette fois encore, on retrouve les caractéristiques de sincérité, d’authenticité, de naïveté assumée, d’audace… qui font la marque de ce groupe. C’est un plaisir de voyager dans les pensées, les imaginaires, les sensibilités de ces artistes. Une île, ce n’est pas qu’une île. De « Je » est une île à La terre, voire l’univers, est une île dans l’espace, en passant par Madinina est mon île, les propositions sont nombreuses. Du figuratif, de l’abstrait, du tragique et de l’humour ; des toiles des sculptures, des installations (archipels dans l’Archipel).
Le PABE a su se renouveler, nous surprendre, nous ravir et surtout nous interroger sur nous-mêmes, ce que nous pensons de notre île : un questionnement douloureux, inquiet, rêveur, plein d’espérance… ?
Il faut saluer la conférence brillante qui s’est tenue samedi à « La case à vent » de Tropiques Atrium, scène nationale. Dans « Penser l’île, les îles ? », Marie Gauthier, Commissaire d’exposition a retracé l’historique du travail fourni pendant plus de trois ans par le PABE, puis a posé la problématique de l’île. Mme Dominique Brébion a étendu cette réflexion à travers un diaporama des productions d’artistes contemporains des îles anglophones et hispanophones (sans oublier nos Hervé Beuze et Bruno Pédurand) : « Art contemporain de la Caraïbe : îles & Archipels ». Mme Michèle Arretche, la très investie Présidente de l’association et exposante reconnue, a lu le texte de Cécile Bertin-Elisabeth, agrégée d’Espagnol, doyen de la Faculté des sciences Humaines à l’Université des Antilles, souffrante. Avec beaucoup d’aisance et d’humour, cette dernière a fait le lien quasi lacanien entre le travail des exposants et la pensée glissantienne : « Ces îles qui déf-île-nt ».
Une exposition complète et très réussie, riche et profonde, à la portée de tous, qui lie plaisir et profondeur, singulier et universel…