Robert Lepage est aujourd’hui l’une des grandes figures de la mise en scène internationale. Né en 1957 à Québec, il entre au Conservatoire d’art dramatique de la ville avant un séjour à Paris, où il suivra un atelier dirigé par Alain Knapp et découvrira les spectacles du Théâtre du Soleil. Très vite, il développe un théâtre visuel, inspiré à la fois par le théâtre d’objets, l’univers des marionnettes et la culture orientale. Ses “rêveries”, comme Robert Lepage aime à nommer son théâtre, sont reconnaissables par des explorations technologiques (citant le cinéma, le multimédia, les arts visuels) qui proposent une écriture scénique singulière et collective, avec sa compagnie Ex Machina. Par le biais d’entretiens avec Ludovic Fouquet, Robert Lepage retrace dans ce livre son parcours (du théâtre à l’opéra, en passant par le cirque, la danse, les concerts, etc.) et permet au lecteur d’approcher au plus près de son esthétique et du processus de création.
“J’étais très intéressé par le théâtre, par l’idée que le théâtre, c’était « the Great Mother art » comme diraient les Américains, une forme d’art qui invite les autres disciplines. Le théâtre n’existe pas s’il n’y a pas l’architecture, la musique, la littérature, l’interprétation, la sculpture, et peut-être encore d’autres disciplines d’aujourd’hui. La scène me paraissait comme un lieu généreux.”Robert Lepage
https://www.actes-sud.fr/catalogue/essais-et-ecrits-sur-le-theatre/robert-lepage
Actes Sud Papiers
Mettre en scène
Octobre 2018 / 10,0 x 19,0 / 128 pages
ISBN 978-2-330-11338-4
prix indicatif : 13, 00€
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Pour mieux connaître Robert Lepage
— Par Jean-Pierre Léonardini
La chronique téâtre de Jean-Pierre Léonardini. L’omniprésence du besoin, et du désir, de « penser hors du cadre ».
Robert Lepage (né en 1957 à Québec) ne cesse de croiser avec le théâtre proprement dit d’autres disciplines (l’opéra, la danse, le cirque, les concerts, etc.) en mettant en jeu allègrement maintes explorations d’ordre technologique issues du cinéma, du multimédia et des arts visuels. Ludovic Fouquet, exégète de son œuvre, partage sa vie entre la France et le Québec et lui consacre un ouvrage dans la collection « Mettre en scène », dirigée par Béatrice Picon-Vallin (1). En introduction, Ludovic Fouquet place le travail de Lepage sous le signe d’une « spirale en liberté ». Il retrace ses années de formation au Conservatoire de Québec, puis à Paris, auprès d’Alain Knapp. Dès 1978, Lepage invente des spectacles à partir de romans et de tabloïds, cultive l’art de la marionnette et s’immerge dans la création collective et la pratique de l’improvisation. En ses débuts acteur timide, il se risquera plus tard dans d’audacieuses aventures au cours desquelles il se met parfois en risque clandestinement, pour ainsi dire. J’ai souvenir, pour ma part, d’avoir assisté, en juin 1987 à Montréal, à la troisième partie de la Trilogie des dragons, fresque monumentale bourrée d’énergie, d’une inventivité extrême, qui avait trait à l’histoire de son pays depuis la guerre.
Après avoir brossé le panorama des nombreuses réalisations de Lepage, lesquelles sillonnent le monde et qu’il remet volontiers sur le métier, Ludovic Fouquet s’entretient longuement avec l’artiste, depuis les premiers chocs par lui éprouvés jusqu’au plaisir du jeu et à la découverte du texte, en pensant par l’omniprésence du besoin, et du désir, de « penser hors du cadre ». Ex Machina, la compagnie de Lepage, quitte ces jours-ci l’ancienne caserne de pompiers où elle était hébergée pour investir un nouveau lieu de création à la mesure de la renommée qu’elle s’est mondialement acquise. Baptisée le Diamant, cette institution d’envergure comporte deux salles de diffusion-création, dont l’une d’une jauge de 625 places, unique à Québec. Ainsi bien installé en dur à domicile, cet ami d’Ariane Mnouchkine fasciné par le Japon, cet homme de spectacle résolu à qui l’on doit les Aiguilles et l’opium, la Géométrie des miracles, la Face cachée de la Lune, le Projet Andersen, entre tant d’autres surprenantes créations, fréquemment au-delà du théâtre (il a mis en scène des concerts de Peter Gabriel, a dansé avec Sylvie Guillem dans Eonnagata, a régi les fastes du Cirque du Soleil…) aura toute latitude pour continuer sa quête rayonnante.
(1) Robert Lepage, 113 pages, 13 euros. Éditions Actes Sud-Papiers.
Source: L’Humanité.fr