Nous, chefs d’État et de gouvernement des États-membres de la CARICOM, lors de notre trente-sixième Réunion Ordinaire de la Conférence des Chefs de Gouvernement de la Communauté Caribéenne (CARICOM) à la Barbade, du 2 au 4 juillet 2015,
=>Reconnaissons que le changement climatique constitue une menace imminente et potentiellement irréversible pour les sociétés humaines et la planète, exigeant par conséquent d’être traitée sans plus attendre par toutes les Parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (la Convention) ;
=>Admettons que le caractère global du changement climatique exige une coopération optimale de tous les pays ainsi que leur participation à une réponse internationale efficace et adéquate, dans l’optique d’accélérer de toute urgence la réduction des émissions de gaz à effet de serre ;
=>Réaffirmons le cas particulier des Petits États Insulaires en Développement (PEID) compte tenu des vulnérabilités qui leur sont propres face aux effets néfastes du changement climatique, reconnu par la Convention et par la communauté internationale lors de multiples forums depuis la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992 .
=>Reconnaissons en outre que les impacts négatifs des phénomènes météorologiques extrêmes et des évènements à évolution lente liés au changement climatique — tels l’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière, le blanchiment corallien, les inondations, l’acidification des océans, l’augmentation de la température des mers, la dégradation des mangroves, l’inondation et la salinisation des terres agricoles et aires résidentielles côtières — constituent des menaces fondamentales au développement durable des pays et territoires insulaires Caribéens à faible altitude ;
=>Constatons qu’avec un réchauffement climatique de moins d’un degré Celsius, les PEID — dont les pays de la Caraïbe ainsi que la Guyane et le Suriname — connaissent d’ores-et-déjà des tempêtes et sécheresses plus violentes ainsi que des évènements météorologiques extrêmes lesquels accélèrent, entre autres graves répercussions, l’élévation du niveau de la mer ;
=>Préoccupés par l’insuffisance des réponses de la communauté internationale face aux menaces induites par le changement climatique, et notamment l’insuffisance des ressources financières disponibles pour soutenir les actions nécessaires à la réduction des effets du changement climatique dans la Caraïbe ;
=>Soulignons qu’un objectif global visant à empêcher une hausse de la température moyenne de plus de 2 degrés Celsius au-delà des niveaux pré-industriels, ne suffit pas à la protection des fragiles écosystèmes des PEID face aux incidences néfastes du changement climatique, et que l’augmentation de la température moyenne devrait être restreinte bien en-deçà de la barre des 1,5 degrés ;
=>Constatons que certains écosystèmes caribéens souffrent d’ores-et-déjà des effets négatifs du changement climatique et dans certains cas, atteignent les limites de leurs capacités d’adaptation ;
=>Réitérons l’impérieuse nécessité de combler l’écart entre les promesses en matière d’atténuation et le niveau d’effort requis pour empêcher la température moyenne de dépasser de plus de 1,5 degrés centigrades la température de l’ère pré-industrielle ;
=>Soulignons que les négociations menées lors du Groupe de Travail Ad Hoc sur la Plateforme de Durban pour une Action Renforcée (ADP) — et qui aboutissent à Paris, France, en décembre 2015 — sont essentielles à l’avancement des efforts menés en vue de combler les manquements des objectifs d’atténuation d’avant 2020, ainsi que pour l’obtention d’un nouvel accord universel concentrant les efforts de toutes les parties sur des actions plus fermes contre le changement climatique ;
=>Prenons acte, en outre, que les pays de la Caraïbe ont fait preuve de leadership, notamment en s’accordant sur un cadre commun en faveur de la transformation de leurs systèmes énergétiques, et continuent d’adopter des stratégies nationales ambitieuses en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre ;
=>Tenons à rappeler qu’en tant que petits États insulaires à faible altitude reconnus par la Convention pour leur singulière vulnérabilité face aux effets du changement climatique, les pays de la Caraïbe ont continué à mettre l’accent, tout comme d’autres PEID, sur la nécessité d’une action ambitieuse et immédiate à l’encontre du changement climatique,
En ce jour, donc :
=>Nous exhortons toutes les Parties de la Convention, pays développés en chefs de file, à oeuvrer avec urgence et détermination afin de parvenir à un résultat ambitieux, exhaustif et probant dès décembre 2015, à l’issue de la 21e Conférence des Parties (COP21) se déroulant à Paris ;
=>Nous soulignons que la Convention constitue et doit demeurer le principal forum international et intergouvernemental pour la négociation de réponses globales au changement climatique, et pour la réaffirmation de l’importance d’une implémentation pérenne des principes de la Convention ;
=>Nous demandons qu’un nouvel accord international juridiquement contraignant soit adopté dans le cadre de la Convention, sous la forme d’un protocole applicable à toutes les parties de la COP21 à Paris (Accord de 2015) ;
Nous demandons que l’Accord de 2015 inclut entre autres :
=>Des dispositions portant sur les besoins et circonstances propres aux PEID;
=>Des dispositions améliorées visant à soutenir les besoins des pays en développement vulnérables en matière d’adaptation — y compris l’octroi de financements nouveaux, stables et adéquats, un appui technologique et au renforcement des capacités, ainsi que la consolidation des accords institutionnels ;
=>L’affirmation des pertes et dégâts comme élément central et distinct de cet accord, devant être traitée séparément de toute démarche d’adaptation ;
=>Le Mécanisme de Technologie et le Cadre de Varsovie pour la REDD ;
=>L’engagement des pays développés parties à prendre en main l’élargissement de la réserve de ressources financières à la fois complémentaires, nouvelles, stables et adéquates, ainsi que l’extension des possibilités — pour les autres parties le désirant — d’intensifier leur contribution au financement de la lutte contre le changement climatique ;
=>L’octroi d’un appui au renforcement des capacités comme au développement et transferts technologiques au profit des PEID ;
=>Un objectif explicite visant à empêcher sur le long terme, que la température moyenne augmente de plus d’1,5°C au-delà des niveaux de l’ère pré-industrielle, renforcé d’un ensemble d’actions en matière d’atténuation constituant une cheminement viable vers la réalisation de cet objectif ;
=>Une clause explicite stipulant que les parties remplissent et renforcent continuellement au fil du temps, leurs efforts en matière d’atténuation ;
=>Des cycles d’action en matière d’atténuation s’étendant sur cinq (5) ans, dotés de processus ex-ante et ex-post d’évaluation et d’ajustement à la hausse ;
=>Des mesures visant à quantifier, suivre et vérifier les rendements de ces actions ; et
=>Un régime de mise en conformité.
Financement des mesures de soutien
=>Nous réaffirmons que les pays de la Caraïbe ont besoin de bénéficier d’un accès amélioré et prioritaire à un soutien financier public et subventionné afin de faire face au changement climatique ;
=>Nous soulignons que le Fonds Vert pour le Climat (FVC), récemment capitalisé, doit jouer un rôle-clé pour faciliter l’accès des pays de la Caraïbe à des financements à même de permettre le changement de paradigmes vers des modes de développement à faible émission de CO2 et résilients au changement climatique ;
=>Nous soulignons en outre qu’il importe d’approvisionner le FVC en ressources adéquates et continues, afin que les pays de la Caraïbe puissent bénéficier d’un appui opérationnel en vue de :
• Renforcer les dispositions permettant de solliciter le Fonds Vert pour le Climat, et notamment d’y accéder en ligne directe,
• Bénéficier de conseils quant à l’habilitation des agents d’exécution,
• Développer des cadres stratégiques pour un engagement auprès du Fonds,
• Développer une première gamme de propositions de programmes et projets alignés sur les objectifs et critères d’investissements du Fonds ainsi que sur les priorités nationales et
• Faciliter l’accès à des outils de connaissance, et la diffusion des enseignements tirés de l’expérience des programmes en matière de préparation;
=>Nous exhortons les parties qui se sont engagées pour la capitalisation initiale du FVC à accélérer la signature des conventions de contribution dans l’année suivant leur établissement ;
=>Nous exhortons par ailleurs les pays développés signataires du fonds à élargir leurs contributions, conformément à leur promesse d’atteindre les 100 milliards de dollars américains par an d’ici à 2020 ;
=>Nous soulignons l’importance du FVC pour le démarrage de la phase cruciale d’examen des propositions de financements, en vue d’en soumettre plusieurs à l’approbation du Conseil d’administration du Fonds en amont de la 21e Conférence des Parties (COP21) à Paris ;
=>Nous demandons au Mécanisme en faveur du secteur privé du FVC d’accorder une attention particulière aux petites et moyennes entreprises
des PEID, notamment au sein de secteurs extrêmement vulnérables tels le tourisme et l’agriculture étant donnée leur importance pour nombre d’économies caribéennes ;
Pertes et dommages
=>Nous exhortons le Comité Exécutif du Mécanisme International de Varsovie sur les Pertes et Dégâts, à oeuvrer en étroite collaboration avec la compagnie d’assurances contre les risques de catastrophe aux Caraïbes (CCRIF SPC) — entre autres mécanismes d’assurances et représentants de la communauté d’experts en modélisation du risque — afin de définir, développer et mettre en oeuvre des démarches innovantes pour une prise en charge des pertes et dommages liés aux effets du changement climatique, adaptée aux besoins des PEID, et ce dans l’optique d’inclure le secteur agricole ;
=>Nous proposons en outre que soit établi un processus visant à développer des règles et procédures internationales adéquates, vouées à garantir des voies de réparation des dégâts irréversibles et permanents, fruits du changement climatique induit par l’homme — notamment les phénomènes extrêmes et à évolution lente.
Coopération internationale
=>Nous exhortons la communauté internationale à soutenir la Caraïbe dans ses efforts continus de contribution à l’effort global en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et dans son adaptation aux effets du changement climatique ;
=>Nous exhortons par ailleurs la communauté internationale à veiller à ce qu’à l’issue de la COP21, émerge un accord international ambitieux visant à limiter le réchauffement climatique afin qu’il reste, autant que possible, en-deçà de la barre des 1,5°C — et ce, en vue de garantir la survivance des États et territoires de la Caraïbe..