— Par Gérard Le Puill —
Pendant que certains médias nous font vivre heure par heure l’avancée d’un ouragan de niveau 5(?) vers la Floride , d’autres catastrophes climatiques, peu ou pas médiatisées , sont en voie d’accélération dans plusieurs régions du monde . Par ailleurs, le rapport préoccupant publiée par le GIEC le 8 août dernier sur les risques pénuries alimentaires liés au réchauffement climatique demeure introuvable en langue française. Dans une lettre à la ministre Elisabeth Borne, le député communiste Alain Bruneel demande que ce rapport soit traduit en français afin que tout citoyen qui le désire puisse en prendre connaissance sans être exclu par la barrière de la langue anglaise.
Depuis une semaine, l’avancée de l’ouragan Dorian en direction de la Floride nous est racontée heure par heure sur les chaînes d’information en continu. Gagnant en puissance au fil des jours, il [était…] classé en catégorie 5 (chiffre maximum) à l’échelle dite de « Saffir-Simpson » permettant de décrire l’intensité des tempêtes. Il s’est abattu hier au nord des Bahamas mais on ne dispose guère d’informations sur les dégâts causés. Nous avons en revanche été surinformés sur les mesures que prenaient les habitants de la Floride pour tenter d’y faire face tandis que le président Donald Trump annulait son voyage prévu de longue date en Pologne pour combattre les vents dépassant les 250 kilomètres par heure générés par un ouragan de catégorie 5 !
Depuis l’ouragan Katrina , qui en 2005 provoqua le décès de plus de 1.800 personnes aux Etats Unis, les ouragans de catégorie 5 Comme Matthew en 2007 et Irma en 2017 ont été très dévastateurs aux Etats-Unis comme aux Caraïbes. En 2018, plusieurs ouragans, dont Florence (classé seulement en catégorie 1) , ont tué des dizaines de personnes aux Etats-Unis et provoqué 32 milliards de dollars de dégâts.
Vers une multiplication des tempêtes tropicales
Depuis de nombreuses années, les scientifiques nous disent que le réchauffement climatique devrait rendre à l’avenir les tempêtes tropicales encore plus nombreuses et plus dévastatrices que durant ces dernières années. Ils indiquent aussi que l’augmentation de la température des océans est la principale cause de l’augmentation du nombre comme de l’intensité des ouragans tandis que la montée du niveau de la mer met a mal les dispositifs de défense des côtes.
Dorian se déploie quelques jours après le G7 de Biarritz, lequel a entamé sérieusement la crédibilité des chefs d’Etat et de gouvernement qui y participaient. Il coïncidait avec une accélération des feux de forêts en Amazonie quelques semaines après l’accord de libre échange négocié entre la Commission européenne et les quatre pays du Mercosur dont le Brésil. Or la recrudescence des feux de forêts est une conséquence directe de l’engagement pris par la Commission européenne d’importer toujours plus de viande, de céréales, de sucre de canne et d’éthanol sans droits de douane depuis le Brésil. Ce qui suppose de défricher de nouvelles terres en Amazonie afin d’étendre les cultures de soja, de maïs et de canne a sucre pour alimenter le marché européen, quitte à ruiner ses paysans par une concurrence déloyale fondée sur le dumping fiscal, social et environnemental. Et comme la réduction de la forêt amazonienne se traduit par moins de captage de carbone par les arbres, on contribue à l’accélération du réchauffement climatique « en même temps » pour reprendre la formule dont use et abuse le président Macron pour défendre une chose et son contraire selon les circonstances.
Ayant pris connaissance de la signature de cet accord Europe-Mercosur le 29 juin, Emmanuel Macron avait déclaré : « A ce stade l’accord est bon compte tenu du fait que les préoccupations de la France ont été prises en compte». Mais, face aux mauvaises images envoyées à la planète entière par la multiplication des incendies au Brésil pendant le G7, le même Emmanuel Macron a déclaré à Biarritz que « notre pays ne signera en l’état » l’accord de libre échange avec le Mercosur, accusant le président brésilien Bolsonaro de lui avoir menti concernant sa promesse de respecter l’accord de Paris sur le climat adopté en décembre 2015..
Quand des cités s’affaissent sous le niveau de la mer
La semaine dernière, pendant que certains médias audiovisuels se concentraient sur l’avancée de l’ouragan Dorian, l’Agence France presse (AFP) publiait plusieurs dépêches faisant état d’évolutions préoccupantes dans plusieurs régions du monde. Aux Philippines, dans les régions situées au nord de Manille, les pompages abusifs d’eau effectués dans les nappes phréatiques se traduisent aujourd’hui par un enfoncement progressif des sols et des maisons construites dessus sous le niveau de la mer. En Alaska « le trait de côte de cesse de reculer », selon un élu municipal du village de Napakiak du fait des coups de boutoir des tempêtes de plus en plus nombreuses. Et comme dans ces régions le réchauffement global augmente deux fois plus vite que la moyenne mondiale, la fonte des glaces ne cesse de compliquer la situation. Toujours en Alaska, « les cours d’eau gelés qui servent ordinairement de route en hiver et au printemps, reliant entre eux les villages et permettant la circulation des marchandises , connaissent désormais une débâcle précoce(…) Sur terre , le permafrost , couche de sol en théorie gelé tout au long de l’année, qui représente jusqu’à 85% de la surface de l’Alaska , est aussi en train de fondre inexorablement. Cela fragilise des bâtiments, bouleverse l’habitat de nombreuses espèces animales et même le ramassage saisonnier des baies poussant sur la toundra », lit-on sur une longue dépêche de l’agence.
Donnez nous la version française du dernier rapport du GIEC
On sait que le GIEC a publié le 8 août dernier un rapport préoccupant « consacré aux interactions entre les sols, les écosystèmes et le réchauffement climatiques. Outre les risques pour notre environnement , les auteurs pointent également le danger pour la sécurité alimentaire mondiale » alerte le député communiste du Nord Alain Bruneel dans un courrier adressé à la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne avec copie au Premier Ministre . L’objet de la lettre d’Alain Bruneel part du fait que le texte de ce rapport publié voilà plus de 3 semaines est introuvable en langue française.
« En effet, ni le document, ni son « résumé pour les décideurs » n’ont été traduits en Français. Un mail de votre pôle parlementaire m’indiquait que seuls les rapports d’évaluation produits tous les sept ans étaient soumis à traduction », s’étonne le député du Nord avant d’interpeller la ministre en ces termes : « Au-delà de cette nouvelle preuve de l’asservissement des langues souveraines de tous les peuples du monde derrière l’anglais , je m’étonne de ne pas pouvoir prendre connaissance d’un simple résumé pour décideur de 43 pages en Français . Faut-il être bilingue pour s’intéresser à la transition énergétique ?», interroge Alain Bruneel avant de conclure en ces termes :
« Le gouvernement promet des actes, comme les précédents promettaient des actes. Je vous en propose un concret: permettre aux Français de s’approprier les rapports du GIEC dans leur langue maternelle».
Voilà une demande susceptible de correspondre aux attentes de nombreux Français soucieux de s’informer sur les enjeux climatiques en ce début de siècle.
Source : Lhumanite.fr