— Par Ophélie Ostermann —
Parmi toutes les figures de la famille recomposée, le beau-père serait le plus enclin à la dépression parentale. C’est ce qu’avance une étude américaine publiée dans la revue Social Work.
Le baby blues est souvent conjugué au féminin et, de manière générale, on met souvent de côté le ressenti des pères. Mais une étude américaine publiée le 5 février sur le site de la revue Social Work rectifie le tir et avance que les papas sont aussi touchés par la dépression parentale et les beaux-pères, encore plus.
L’étude a analysé comment plus de 6000 hommes et femmes vivaient leur parentalité en tant que parent ou beau-parent, vivant avec leurs enfants ou non. Pour les chercheurs, le risque de dépression augmente chez les deux sexes lorsqu’ils ont plusieurs rôles parentaux à tenir, qu’ils sont à la fois parents et beaux-parents. Mais les beaux-pères décrochent la palme du blues, et ce pour trois raisons : ils cumulent un sentiment de culpabilité exacerbé par la cohabitation avec des enfants qui ne sont pas les leurs, un statut indéfinissable qui les conduit à ne jamais vraiment savoir quel rôle adopter et une tendance à ne pas demander d’aide lorsqu’ils en ont besoin.
Une place dans la famille difficile à trouver
Pas facile donc de porter la double casquette de parent et de beau-parent. Même si la situation est de plus en plus fréquente, les recettes pour trouver sa place dans la famille ne sont jamais évidentes.
Pour Sylvie Cadolle, sociologue de la famille et de l’éducation, les beaux-parents souffrent d’une « institutionnalisation incomplète » depuis les années 1970 : « Avant 1975, on recomposait généralement la famille après un veuvage ou un divorce pour faute, et on demandait au beau-parent de remplacer le parent disparu ou absent. Dans le cas du divorce, on ne pensait pas que l’enfant avait besoin de conserver un lien affectif avec le parent fautif. À partir de 1975, avec l’apparition du divorce par consentement mutuel, le statut du beau-parent, et notamment celui du beau-père, a changé. Il ne devait plus se substituer au père biologique », explique la sociologue. En somme, ne pas empiéter sur l’éducation des enfants et rester à sa place.
« Fatigués de ne pas savoir ce que l’on attend d’eux »
En pratique, l’histoire est différente. Sans devenir la figure paternelle, un beau-père peut être dans le foyer depuis la naissance de l’enfant, l’avoir vu grandir et avoir tissé des liens forts qui lui permettront de faire preuve d’autorité. « Les beaux-pères se retrouvent coincés entre deux demandes contraires : ne pas remplacer le père absent; mais aider les enfants, les accompagner et être gentil avec eux », précise Sylvie Cadolle.
Pour Christophe Fauré, psychiatre et auteur de Comment t’aimer, toi et tes enfants ? Le défi de la famille recomposée (Éd. Albin Michel), le mal-être des beaux-pères n’est pas étonnant : « La place de co-parent est stressante. On voit parfois des beaux-pères s’évertuer à trouver une place et à gagner en légitimité dans la famille. Ils sont fatigués de ne pas savoir ce que l’on attend d’eux », résume-t-il…
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