Après avoir analysé les écarts de rémunération entre PDG et salaires moyens dans les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, Oxfam France publie la seconde partie de son étude sur le partage des richesses au sein des grandes entreprises.
Ce second rapport « L’inflation des dividendes », qui étudie le poids des versements aux actionnaires dans le partage de la valeur de ces entreprises, montre que les bénéfices générés sont de plus en plus captés par les actionnaires au détriment des salarié.es. Entre 2011 et 2021, les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse ont versé en moyenne 71% de leurs bénéfices en dividendes.
L’inflation des dividendes : les chiffres-clés
- Entre 2011 et 2021, dans les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse, la dépense par salarié·e n’a augmenté que de 22%, tandis que les versements aux actionnaires ont augmenté de 57%.
- Sur la même période, les 100 plus grandes entreprises cotées ont versé à leurs actionnaires en moyenne 71% de ce qu’elles ont gagné chaque année.
- 40 % du SBF 120 est détenu par des familles parmi les plus grandes fortunes françaises et des investisseurs institutionnels.
- Entre 2020 et 2021, les paiements aux actionnaires ont bondi de 31,4 milliards d’euros soit presque autant que l’ensemble de la masse salariale des entreprises du top 100, soit 37 milliards d’euros entre 2020 et 2021.
- En 10 ans, Engie a accumulé 784 millions de pertes alors que, dans le même temps, les sommes versées aux actionnaires sur la même période s’élèvent à 23,6 milliards d’euros.
- En 2019, 45 % des dividendes et rachats d’actions versés aux actionnaires par les 100 plus grandes entreprises cotées en bourse auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transformation écologique.
Versements aux actionnaires : la folie des grandeurs
Les actionnaires sont plus que jamais les grands gagnants du partage de la valeur au sein des grandes entreprises. La nouvelle étude d’Oxfam France montre qu’en dix ans, les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse ont versé en moyenne 71% de leurs bénéfices en dividendes.
Si, entre 2011 et 2021, la course folle aux dividendes n’a jamais cessé, elle s’est carrément envolée entre 2020 et 2021 : les paiements aux actionnaires ont bondi de 31,4 milliards d’euros, soit presque autant que l’ensemble de la masse salariale des entreprises du top 100 des entreprises.
Parmi les entreprises les plus généreuses avec leurs actionnaires, on retrouve en première position Total Energies, qui a versé 61 milliards d’euros de dividendes en 10 ans. Suivent ensuite Sanofi et ses 53 milliards d’euros reversés aux actionnaires entre 2011 et 2021, puis Axa, avec 27 milliards d’euros.
Certaines entreprises n’hésitent pas cramer leur caisse !
La satisfaction des actionnaires à tout prix va parfois plus loin et opère même lorsque la santé financière de l’entreprise ne le permet pas. Certaines grandes entreprises n’hésitent en effet pas à cramer leur caisse et à s’appauvrir pour payer leurs actionnaires !
C’est par exemple le cas d’Engie qui, en dix ans, a accumulé 784 millions de pertes alors que, dans le même temps, les sommes versées aux actionnaires sur la même période s’élèvent à 23,6 milliards d’euros.
L’Etat agit en garde-fou et protège les grandes entreprises
Via les aides publiques aux grandes entreprises, l’Etat surprotège les multinationales en s’assurant qu’elles ne puissent faire faillite. Depuis 2010, le montant moyen de ces aides atteint 8,5% du PIB par an, soit près de 200 milliards d’euros sans aucune exigence en termes de responsabilité sociale ou environnementale.
De beaux cadeaux de la part de l’Etat (et donc finalement indirectement en partie des contribuables français), qui assurent aux actionnaires de ne plus prendre de risques en investissant dans ces grandes entreprises.
Une vision court-termiste qui empêche toute transition écologique et sociale
Cette course à la satisfaction « à tout prix » des actionnaires empêche les grandes entreprises d’investir dans leur transformation écologique ou d’augmenter les salaires.
Nous avons calculé qu’en 2019, 45 % des dividendes et rachats d’actions versés aux actionnaires par les 100 plus grandes entreprises cotées en bourse auraient suffi à couvrir leurs besoins en investissement dans la transformation écologique.
Pour partage de la valeur plus juste et durable au sein des grandes entreprises françaises, Oxfam France appelle à :
- Utiliser la fiscalité comme outil de redistribution afin de réaligner la fiscalité capital sur celle du travail
- Encadrer la part des bénéfices versés aux actionnaires
- Conditionner les aides publiques au plafonnement des dividendes
- Conditionner les aides publiques aux entreprises aux investissements dans la transition
- Réformer la gouvernance des grandes entreprises françaises avec, notamment, une meilleure représentation des salarié·e·s au sein des Conseil d’Administration ou Surveillance
- Au niveau européen : garantir une obligation de reporting extra-financière et s’assurer que la rémunération variable des dirigeants européens soit liée aux plans de vigilance climatique de l’entreprise.
Source : OXFAM