Les données de vaccination anti-Covid commune par commune livrées par l’Assurance maladie se calquent sur les inégalités de revenus déjà observés dans le Grand Paris.
L’Assurance maladie vient tout juste de rendre publiques les données relatives à la vaccination contre le Covid-19 par établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). […]
. Moins riches, moins vaccinés
. Une lecture plutôt simple se dégage de cette carte par commune. Plus les habitants ont un niveau de vie élevé, plus leur niveau de vaccination a tendance à être élevé. A Garches, la commune la plus vaccinée du Grand Paris, les habitants disposent en moyenne de 33 400 euros pour vivre (revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation), d’après des statistiques fournies par l’Insee en 2018. C’est deux fois plus que Dugny (93), à 15780 euros, celle dont les niveaux de vaccination sont les plus faibles. Clichy-sous-Bois (93), une des communes les plus pauvres de la petite couronne parisienne, dispose également d’un des taux d’immunisation les plus faibles.
. La corrélation ne surprend pas le sociologue au CNRS Frédéric Pierru, spécialiste de l’action publique et du champ médical. Des inégalités se font sentir entre les classes populaires, plutôt situées en périphérie, et les classes moyennes et supérieures, plus proche du coeur de la capitale, ou basées dans l’Ouest parisien.
. « En sociologie de la santé, il est notoire qu’une moindre propension des catégories populaires a recours à la prévention dite secondaire, ici les dépistages du Covid-19 et donc la vaccination contre cette même maladie. Quand on est dans une logique de survie économique et sociale, notamment après la période de pandémie, la prévention passe encore plus au second plan. C’est lié à ce que l’on appelle les cultures somatiques. Généralement, le rapport à la santé, au corps, aux symptômes n’est pas le même entre les catégories populaires et supérieures, elles plus éduquées », explique le chercheur.
. « C’est donc la leçon à retenir pour le pouvoir : réduire les inégalités d’accès à la prévention et aux soins, ça ne se limite pas à abaisser les barrières financières. Même quand la vaccination est gratuite, on observe de fortes disparités entre groupes sociaux et territoires », poursuit le chercheur. L’exécutif a néanmoins, très récemment, mis en place une politique du « aller vers », grâce à des centres de vaccination mobile, afin de convaincre les hésitants habitants les communes les moins immunisées jusqu’ici. « L’incitation maximale » promise par le gouvernement, à travers l’extension du passe sanitaire et l’obligation de vaccination des soignants, pourrait aussi changer la donne dans les semaines à venir.
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