Culture Égalité et la Simenn Matinik doubout – Gaoulé kont chlordécone 

Pourquoi Culture Égalité, association féministe, est engagée dans la Simenn Matinik doubout – Gaoulé kont chlordécone ?

Parce que les femmes sont les jardinières du monde, les semeuses de vie, les protectrices de la nature, les porteuses d’eau dans tous les endroits de la planète. Elles cultivent, elles récoltent, elles vendent (ou achètent) sur les marchés. Mais, elles sont également, par la faute de l’agriculture industrielle, meurtries et malades de l’emploi mortifère des pesticides.

Parce que la rentabilité  passe avant l’humain et la santé.

Parce que les Antilles ont le triste record mondial du cancer de la prostate mais que ce perturbateur endocrinien touche aussi le corps des femmes : cancer du sein, cancer du sang, atteinte du système nerveux, perte de fertilité, naissances prématurées… et celui des enfants : altération du développement cognitif et de la motricité…

Parce que « Nous ne sommes pas des animaux » dit Georgette, ouvrière de la banane qui a épandu à la main le chlordécone et respiré cet insecticide ; qui a plongé ses bras  nus dans les bains de fongicides et qui a ramené sur ses vêtements, sur sa peau, les dangereuses molécules dans son foyer.

A cette époque, dans les années 70 et 90, l’exploitant/exploiteur des bananeraies ne fournit pas d’équipement : les femmes achètent elles-mêmes leurs gants et les hommes portent un simple masque à poussière ! Elles  racontent le rythme : pour deux jours d’épandage, un jour malades avec des vomissement et des douleurs qui perdurent dans leur vie actuelle, longtemps après la retraite – « Toute ma vie avec des douleurs ! »

Parce que les femmes ne se taisent plus : Pé bouch fini !

Tout un peuple de femmes est debout à présent, réunies, solidaires. Elles dénoncent leurs conditions de travail à la face d’un tribunal sourd, à la face d’exploitants sourds, à la face d’une démocratie sourde, à la face d’un injustice béante.

Elles sont présentes dans les manifestations à Trinité, Morne Rouge, Fort de France… pour interpeller les Pouvoirs Publics, pour qu’ils reconnaissent les maladies professionnelles et apportent des solutions pour le pays.

Ce combat de femmes exploitées, Culture Egalité le soutient parce qu’il s’inscrit dans l’écoféminisme qui dénonce ce système où le colonialisme, le capitalisme écocide et le patriarcat cohabitent, où l’oppression des peuples et des femmes et la domination de la nature s’avèrent indissociables et parce que l’exploitation bananière appartient à ce système.

Il n’y a pas de prescription des sols lorsque la rémanence du chlordécone atteint 600 ans. Il n’ y a pas de non-lieu  quand un lieu  est rendu malade pour 6 siècles par un gouvernement  qui ne condamne pas, qui ne juge pas, qui perd des pièces du dossier ! Pas de non-lieu  pour ce crime contre un territoire  et une population.

A quoi sert cette reconnaissance postiche du Chef de l’État sur la pollution des sols (difficile de faire autrement !) en 2018 si on ne  nomme pas les responsables et si on ne reconnait pas le lien de causalité  de ce neuro-reprotoxique avec le cancer (90 % de la population martiniquaise et guadeloupéenne adulte est contaminée) ?

Nous refusons ce déni de justice inique et nous dénoncerons jusqu’au bout ces acteurs de la filière banane, destructeurs de nature et d’êtres humains afin que les responsabilités soient exemplairement endossées.

Voilà pourquoi  notre association féministe Culture Egalité rejoint le combat des ouvrières agricoles de la banane et participe à Simenn Matinik Doubout – Gaoulé Kont Chlordécone en criant :

.

NON AU NON LIEU !

PUNITION POUR LES COUPABLES, RÉPARATION POUR LES VICTIMES

AFIN QUE NOS VIES NE SOIENT PAS CLASSÉES SANS SUITE !

Nathalie Delbois, militante de Culture Egalité