« Je suis la femme de ma vie »,
Le 25 novembre, date de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes, est le début de la campagne officielle qui se poursuivra jusqu’au 10 décembre – Journée des Droits humains. Ce n’est pas un simple rituel. En effet, les chiffres des violences donnés par le Parquet et les Services de Sécurité montrent que la situation est loin de s’améliorer pour les femmes en Martinique. Pas moins de 500 dossiers traités par le Parquet entre le 1er janvier et le 16 novembre 2021 ! C’est énorme ! Il faut agir. Il faut une politique volontariste de prévention des pouvoirs publics. Notre association Culture Egalité a choisi, quant à elle, d’éduquer les filles, dès le berceau, à se préserver de ces violences en se mettant au centre de leur vie.
En effet, nous avons élu, pour la campagne de cette année, le thème : « Je suis la femme de ma vie ». Certain.es s’en inquiètent et nous demandent si nous voulons faire vivre les femmes et les hommes séparément !
Ce n’est pas nous qui faisons ce choix. Encore aujourd’hui, l’amour est présenté comme la grande préoccupation des femmes, la condition nécessaire et suffisante d’une vie réussie. Tout est fait pour les conduire à cette conviction : leur éducation, la culture traditionnelle… Pensons à la formule par laquelle se termine rituellement les contes de fées : « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants »… Alors la jolie princesse se retrouve enfermée dans le foyer au service de l’Époux et de sa progéniture ! Tandis que, malheureusement (ou heureusement pour eux ?), l’éducation des garçons les tourne vers leur propre réalisation grâce à l’ambition professionnelle et les loisirs incluant la pratique de sports, les relations entre copains, etc. Cela induit, dans le couple, un déséquilibre qui risque de déboucher sur des incompréhensions, des rancœurs d’une part, des violences, de l’autre... Éduquons nos filles à être leur propre priorité. Qu’elles sachent d’abord ce qu’elles veulent pour elles-mêmes, qu’elles assurent d’abord leur formation, leur carrière professionnelle, leur bien-être, bref, leur équilibre.
Mais, nous dira-t-on, les femmes sont différentes ! D’ailleurs, ce sont les mères qui éduquent, or on les entend très souvent demander à leur fille : « C’est ton ti fiancé ? » dès qu’elle semble s’entendre bien avec un garçon… Et puis, si les jeunes femmes, elles, veulent se mettre en couple, pourquoi aller à l’encontre de leur désir ?…
Ces habitudes de langage n’ont rien de « naturellement » « féminin », elles sont le résultat, nous l’avons vu, de la pression sociale. Aussi, c’est la raison de notre campagne : lutter contre ces injonctions et ces stéréotypes. Nous voulons que nos filles sachent qu’il n’y a aucune obligation à se mettre en couple. Qu’il n’y pas le feu. Qu’il faut qu’elles prennent le temps de se construire d’abord afin qu’ensuite, elles aient les moyens de choisir. Nous voulons que leur choix ne soit dicté ni par le souci du qu’en dira-t-on, ni par la nécessité économique, ni par un déséquilibre psychologique ou affectif.
Il y a d’autres domaines dans lesquels se réaliser, s’enrichir : l’amitié, l’action culturelle ou/et sociale… Une fois construite, une fois les femmes de nos vies, nous pourrons rencontrer un homme pour la vie… ou pour un bout de chemin… Mais surtout, nous saurons reconnaître ce qui est bon pour nous et ainsi repérer très vite les comportements violents et les fuir.
Culture Égalité, le 25 novembre 2021