Après” l’oncle Picsou” qui tenait les cordons de la bourse si serrés qu’il en asphyxia l’économie, au bénéfice (rendons lui cette justice !) des finances de la CTM qui accusent in fine un excédent record, voici venu le temps du Père Noêl avec son programme fourre-tout de 13 axes et 207 propositions tout azimut.«Qui trop embrasse mal étreint»! dit le proverbe, concentrer l’action sur trois ou quatre grandes priorités ,dont en première urgence la lutte contre la baisse démographique ,au lieu de disperser celle-ci dans toutes les directions est la clé du succès et la base d’une saine gestion. Ce n’est hélas pas la voie retenue dans le projet proposé. L’ennui ,c’est que comme chacun sait, les promesses n’engagent que ceux qui ont la naîveté d’y croire et les prennent pour argent comptant; l’argent, le mot qui fâche est lâché : pas l’ombre du moindre chiffrage susceptible de crédibiliser ce catalogue à la Prévert ,mélangeant allègrement les responsabilités de l’Etat et celles des collectivités locales ,sans vraie cohérence entre des objectifs souvent contradictoires (ainsi d’une vaste zone commerciale de dépotage de containers projetée à Ducos, pour rivaliser avec celle de Jarry en Guadeloupe, à rebours du discours récurrent sur le Développement endogène, ou encore de l’accent mis sur la bétonnisation et l’artificialisation des sols à outrance ( logements, routes, équipements divers) au détriment des surfaces agricoles, destinées à assurer l’autosuffisance alimentaire de la population, pourtant préconisée. Plus grave encore, aucune mise en perspective des dépenses projetées aves les ressources prévisibles et sûres de la CTM ( félicitations à nos journalistes “professionnels “qui se devaient par leur travail de décryptage préalable d’éclairer les électeurs!) ; cette lacune rédhibitoire promet à coup sûr ,bien des déconvenues et accidents de parcours, avec une majorité réduite à un siège ( 26vs 25) et une légitimité limitée :32635 voix de moins séparent cette dernière du total de celles des listes concurrentes (82739 vs 50104); ce constat place de fait la nouvelle majorité sous l’étroite surveillance de ses adversaires, à l’affût d’éventuelles dissensions internes.On peut s’attendre en effet, passés les premiers instants d’euphorie consacrés à la dilapidation du magot laissé par le prédécesseur, à ce qu’une grande tension règne au sein de l’Assemblée pour cause de non-respect des engagements pris, car on a beaucoup promis aux uns et aux autres ,bien au-delà des possibilités financières réelles de l’institution. Il y aura donc inévitablement des laissés -pour -compte, mais qui acceptera de se sacrifier sur l’autel de l’équilibre budgétaire ? Sûrement pas les représentants du Nord qui aspirent pour leur territoire à une ère de félicité, à la mesure de son rôle déterminant dans le résultat de l’élection; difficile dans ces conditions de concilier cette exigence avec les attentes des autres parties prenantes , en particulier du chef-lieu qui compte sur la manne financière de la CTM pour renflouer ses finances exangues le condamnant ( le comble pour une municipalité autonomiste!) à une tutelle étatique renforcée. Le problème comme on le voit, s’apparente à la quadrature du cercle ; «On ne peut contenter tout le monde et son père!»(*), affirme le dicton, vaste dilemme !
Il est à craindre en définitive, que les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette nouvelle mandature ne renoue avec les affres du déficit qui avait conduit la Région de1986 à la banqueroute. Serait-ce un hasard de l’histoire? elle avait alors à sa tête le mentor en politique du nouveau Président de l’Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique.
Pierre Alex MARIE-ANNE
(*)Parbieu, dit le Meunier, est bien fou du cerveau
Qui prétend contenter tout le monde et son père.
Jean de la Fontaine