— Par Pierre Alex Marie-Anne —
La Martinique, après la Guadeloupe connaît depuis ce mois de novembre 2021 une crise sanitaire majeure consécutive à l’application de l’obligation vaccinale et du pass sanitaire. Cette crise sanitaire est sous-tendue par une crise sociale mettant en évidence les nombreux problèmes affectant ces sociétés: chômage et exode des jeunes, vieillissement démographique, inégalités criantes, malaise identitaire et pollutions diverses dont notamment celle liée à la chlordécone. Mais il est un autre aspect, plus politique celui-la qui ne doit pas être négligé ; ce que cette crise a mis en évidence, c’est l’inadéquation du système institutionnel mis en place par la loi du 27 juillet2011 ayant crée la collectivité territoriale de Martinique ( dualité de Présidence entre l’ Exécutif et l’Assemblée et Proportionnelle assortie d’une prime majoritaire de onze sièges ), qui n’a fait qu’accentuer la crise fondamentale de sa représentation politique. L’examen des résultats de la consultation électorale des 20,et 27 juin 2021 pour le renouvellement des instances de la CTM est à cet égard édifiant : la liste gagnante, avec un seul siège de majorité ( 26 / 25 ), ne totalise en tout et pour tout que 50 104 voix sur les 306 500 électeurs inscrits sur les listes électorales, soit moins de 16,35 % ; on mesure par là la très faible représentativité pour ne pas dire légitimité des actuels dirigeants de la CTM,et ceci d’autant plus que le total des voix des trois listes ayant obtenus des sièges au second tour est largement supérieur à celui de la majorité ( 82741 contre 50104, soit 32637 de plus), le taux d’abstention dépassant lui les 55%. Ceci explique le peu d’écho rencontré dans l’opinion par les déclarations et décisions de la classe politique martiniquaise qui, de surcroît, se distingue par son manque de courage et ses positions ambiguës.
Les questions qui agitent la société sont rarement débattues et restent sans solution ( rien n’y oblige les dirigeants à l’abri d’une majorité absolue crée artificiellement par la loi), d’où le sentiment dans l’opinion de l’impuissance sinon de l’inanité de l’institution. Cela fait le jeu de tous les faiseurs de miracles, au premier rang desquels figurent les syndicalistes qui occupent désormais le terrain laissé vacant par la gent politique et se considèrent comme les interlocuteurs principaux des pouvoirs publics nationaux. Cependant, le nombre de leurs adhérents des plus réduits, et leur ignorance avérée des réalités macro-économiques et sociales les rendant inaptes à formuler des propositions constructives et réalistes, les disqualifient pour ce rôle. Pour compenser ce handicap, ils privilégient les actions musclées d’intimidation qui pourrissent la vie de leurs compatriotes : grèves à répétition, blocages des équipements vitaux (Port, grands axes routiers,CHUM), faux-droits de retrait notamment. Ils sont secondés dans leur entreprise de mystification de l’opinion publique par le personnel médiatique qui, faisant fi des règles élémentaires de la déontologie journalistique, rivalise de complaisance à leur égard .
Dans ce contexte délétère, il est illusoire d’espérer un réel développement de la Martinique ; tous les efforts entrepris de-ci de- là, aussi bien par les collectivités que par les acteurs économiques,sont réduits à néant, Sé chaye dlo an pannié ! comme dit le proverbe . Il n’y a pas mille manière de sortir de cet engrenage infernal ; il faut que les martiniquais se prononcent clairement pour l’avenir qu’ils souhaitent : soit l’indépendance de l’île dont ils assument pleinement les conséquences, à savoir la fin de la solidarité nationale et de la protection sociale qui s’y rattache, soit l’intégration pleine et entière à la Nation française avec les adaptations à leurs spécificités qu’autorise la Constitution.Il n’y a pas d’autre choix et celui-ci doit être sans équivoque, notamment en ce qui concerne la désignation cohérente de nos représentants au Parlement National.
Pierre Alex Marie-Anne