Actuellement seuls 16 % des Martiniquais ont une couverture vaccinale totale et 21 % d’entre eux ont reçu une seule dose.
Comment expliquer le très faible taux de vaccination en Martinique ? Alors que l’île vit sous confinement depuis trois jours et que l’hôpital est débordé avec plus de 140 lits Covid ouverts à la hâte et que le taux d’incidence explose, seulement 16 % des Martiniquais ont une couverture vaccinale totale, 21 % d’entre eux ont reçu une seule dose et la tendance ne devrait pas s’améliorer. À l’hôpital, une grande majorité des 3 600 soignants du CHU ne sont pas protégés. Des tensions éclatent entre les médecins, qui tentent de convaincre, et le personnel hospitalier, qui refuse le vaccin.
La crainte des effets secondaires du vaccin
Comme 80 % du personnel hospitalier, Tania refuse le vaccin. « On ne peut pas m’obliger à faire quelque chose que je ne sais pas envie de faire. Si je n’ai pas envie, je ne le fais pas, point », martèle-t-elle. Cette secrétaire médicale a notamment peur des effets indésirables. « Qui vous dit que si je prends le vaccin, je ne meurs pas après ?, s’inquiète-t-elle, J’ai vu une vidéo où une fille disait qu’elle s’est fait vacciner et qu’elle a eu plein d’effets secondaires. Il y en a beaucoup ! »
Un témoignage qu’elle a évidemment consulté sur Internet, sur Instagram, Facebook et autres réseaux sociaux. De plus, comme beaucoup de Martiniquais, Tania a une alternative à la vaccination : le Virapic, un sirop amer fabriqué à partir d’une plante locale et qui permettrait, selon ses défenseurs, d’être immunisé contre le Covid-19. « J’en ai pris et Dieu merci, jusqu’à maintenant je n’ai toujours pas eu le Covid, se félicite-t-elle, Et même pour ceux qui sont malades : quand ils en prennent, il paraît qu’ils guérissent plus vite. »
L’effet des nombreux scandales sanitaires en Martinique
À l’hôpital, le débat est tendu. Les médecins, vaccinés pour 90 % d’entre eux, sont accusés par les syndicats de faire du prosélytisme. Le professeur André Câbliers et le chef du service d’infectiologie du CHQ. Il concède avoir tenté de convaincre ses collègues de recevoir l’injection, mais sans succès. La méfiance de la population vient en partie des scandales sanitaires passés, notamment celui du chlordécone, un pesticide utilisé pour protéger les bananes et qui a empoisonné les sols antillais. « Il y a une défiance face à ce qui vient des autorités, analyse-t-il, Ce nouveau vaccin repose sur une technologie nouvelle, il a été élaboré très vite, il vient des Etats-Unis, de groupes pharmaceutiques … »
« On le lit beaucoup sur les réseaux sociaux : les Martiniquais ont peur que ce nouveau vaccin cause, une fois de plus, un empoisonnement de la population.« Professeur André Câbliers
Pour essayer de comprendre les raisons de cette défiance, l’Agence régionale de santé a lancé une grande enquête en ligne. Les résultats devraient être connus à la rentrée.
Source : franceinfo