— Par Sarha Fauré —
Depuis plusieurs mois, le Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole (LEGTA) de Croix-Rivail, à Ducos, subit de fréquentes coupures d’eau, une situation qui perturbe gravement le quotidien des élèves et du personnel éducatif. Ce problème, déjà alarmant en mai 2024, a atteint son paroxysme lors de la rentrée de septembre, qui n’a tout simplement pas pu se tenir. Les coupures d’eau incessantes, associées à une absence de réponse durable de la part des autorités, ont conduit à une paralysie totale de l’établissement, empêchant les élèves de débuter leur année scolaire.
Dès le mois de mai, les lycéens avaient déjà exprimé leur ras-le-bol en bloquant l’accès à l’établissement pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie et d’étude. Les coupures d’eau récurrentes avaient rendu le maintien des cours difficile, affectant directement la préparation des repas, l’hygiène des élèves et l’organisation des examens. Face à cette situation, les élèves avaient dénoncé l’inaction des autorités et leur incapacité à fournir une solution pérenne. En réponse à cette mobilisation, une citerne d’eau avait été livrée en urgence, offrant un répit temporaire. Cependant, cette mesure s’est avérée insuffisante pour résoudre durablement le problème.
La rentrée de septembre 2024, qui devait marquer un nouveau départ, s’est au contraire transformée en un véritable cauchemar pour les 180 élèves du lycée. Faute d’approvisionnement en eau, les cours n’ont pas pu débuter. Les conditions de scolarisation sont devenues totalement précaires, en particulier pour les internes, qui ne peuvent même plus accéder aux sanitaires ou se laver. Cécile Meffre, la directrice de l’établissement, tire la sonnette d’alarme et exprime dans France-Antilles une vive inquiétude : « Nous ne pouvons plus assurer un accueil digne pour nos élèves. Certains parents, excédés, commencent à désinscrire leurs enfants. Trois élèves ont déjà quitté l’établissement, et nous craignons que d’autres suivent. »
Malgré les efforts déployés par l’administration pour installer des citernes d’eau sur le budget de l’école, le manque d’approvisionnement persiste, rendant la situation de plus en plus insoutenable. « Nous n’arrivons même pas à remplir les citernes », confie la directrice. Le problème semble sans fin, et les responsabilités entre la Société Martiniquaise des Eaux (SME) et Odyssi se diluent dans un jeu de renvoi de fautes. Odyssi affirme que les coupures d’eau seraient dues à des intempéries ayant impacté leurs fournisseurs, tandis que la SME est accusée de ne pas avoir rempli les réservoirs nécessaires à l’approvisionnement de ses abonnés.
Pour la communauté scolaire, la crise dépasse largement les questions de logistique : elle touche à la dignité des élèves et compromet gravement leur avenir. Alors que l’année scolaire est un moment décisif pour nombre d’entre eux, notamment en année d’examen, les cours sont suspendus, et certains examens ont dû être reportés. Les parents, épuisés par cette situation, expriment leur colère et leur frustration face à ce qu’ils perçoivent comme une négligence des autorités locales. Cécile Meffre partage leur indignation : « Il n’est pas normal que nous ne puissions pas offrir un accueil correct à nos élèves. » Malgré tout, l’établissement reste l’un des seuls lycées agricoles de la Martinique, ce qui limite les possibilités de relocalisation pour les familles.
Ce blocage de la rentrée 2024 met en lumière une crise de l’eau qui dure depuis trop longtemps. Plus d’une trentaine de coupures avaient déjà été signalées entre mai et juin, lors de la période de sécheresse, et aujourd’hui la situation devient critique. Les élèves, privés de leur droit fondamental à l’éducation, se retrouvent dans une impasse. Tandis que d’autres établissements de Martinique ont repris leurs cours, ceux de Croix-Rivail sont contraints de rester chez eux, dans l’incertitude la plus totale.
Il est urgent que des solutions concrètes et rapides soient mises en place pour rétablir un approvisionnement en eau potable constant dans cet établissement, afin que les élèves puissent reprendre leurs études dans des conditions dignes. Cette crise de l’eau ne peut plus perdurer, car elle porte gravement atteinte aux droits des élèves et menace leur avenir scolaire. Il en va de la responsabilité des autorités locales de répondre à cette situation critique avec la diligence et le sérieux qu’elle exige.