La crise de l’eau à Mayotte, département français situé dans l’océan Indien, est actuellement à son paroxysme. Le territoire fait face à sa plus grave sécheresse depuis 1997, et la situation est devenue alarmante pour ses 300 000 habitants, voire plus si l’on prend en compte l’immigration illégale en provenance des Comores. La sécheresse, combinée à des infrastructures en mauvais état et à un manque d’investissements antérieurs, a entraîné des coupures d’eau draconiennes. À partir du 4 septembre, l’eau potable ne sera disponible que tous les trois jours, ce qui crée une crise humanitaire majeure.
Le gouvernement français a finalement pris conscience de l’urgence de la situation et a envoyé Philippe Vigier, ministre délégué chargé des Outre-mer, en mission à Mayotte pour annoncer un plan d’urgence. Surnommé un « Plan Marshall pour Mayotte », ce plan vise à répondre aux besoins immédiats et à mettre en place des mesures à long terme pour résoudre la crise de l’eau.
Les mesures immédiates du plan comprennent la distribution gratuite de deux litres d’eau par jour aux personnes vulnérables, en particulier les femmes enceintes et les enfants. Environ 30 000 personnes ont déjà été identifiées comme bénéficiaires de cette aide. Des citernes d’eau potabilisée seront également déployées dans tout le territoire pour garantir un approvisionnement en eau sûr et sain, avec un budget de 2,5 millions d’euros alloué à cette fin. De plus, 200 rampes d’eau seront installées pour faciliter l’accès à l’eau.
Cependant, ces mesures immédiates ne résoudront pas complètement le problème de l’eau à Mayotte. Le plan d’urgence prévoit également des travaux à long terme pour réduire les fuites d’eau et améliorer la distribution d’eau entre les régions du nord et du sud de l’île, qui connaissent des niveaux d’eau inégaux. Ces travaux devraient être achevés d’ici la fin d’octobre.
De plus, l’usine de dessalement de l’île de Petite-Terre, qui convertit l’eau de mer en eau potable, sera renforcée pour augmenter sa capacité de production d’eau. Cette expansion devrait être terminée d’ici la fin de 2023.
La visite du ministre à Mayotte a suscité des réactions mitigées. Certains estiment que ces mesures auraient dû être prises bien plus tôt, car une sécheresse importante avait déjà touché l’île en 2017. Cependant, d’autres considèrent que c’est un début nécessaire pour faire face à la crise actuelle. Ils soulignent que ces mesures auront un impact significatif, mais qu’elles ne produiront leurs effets complets qu’en 2024, ce qui signifie que l’accès à l’eau reste une préoccupation immédiate.
La crise de l’eau à Mayotte met en évidence la vulnérabilité de l’île face aux conditions climatiques extrêmes et la nécessité de mettre en place des infrastructures robustes pour assurer un approvisionnement en eau stable. Les taux de remplissage des réservoirs d’eau étaient alarmants, avec seulement 25 % et 14 % pour les réservoirs de Combani et Dzoumogné respectivement, contre 106 % et 82 % à la même date en 2022.
La députée Estelle Youssouffa souligne que ces mesures sont un début nécessaire, mais qu’il faudra surveiller leur mise en œuvre. Elle rappelle que la crise de l’eau était prévisible et aurait pu être évitée avec une planification adéquate. La colère des habitants de Mayotte ne se limite pas aux restrictions d’eau, mais découle également du fait que cette crise aurait pu être anticipée et évitée.
La crise de l’eau à Mayotte est un rappel de l’importance cruciale de l’accès à l’eau potable pour la vie quotidienne des habitants. Elle souligne également la nécessité de prendre des mesures immédiates pour faire face aux crises liées à l’eau, tout en travaillant sur des solutions à long terme pour sécuriser durablement l’approvisionnement en eau de l’île.
En fin de compte, la situation à Mayotte exige une coordination continue entre les autorités locales et le gouvernement français pour garantir que les mesures d’urgence soient mises en œuvre rapidement et que des solutions à long terme soient élaborées pour éviter que de telles crises ne se reproduisent à l’avenir. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, et il est essentiel de garantir sa disponibilité pour tous les habitants de Mayotte.